Résumé

L’un des principaux groupes québécois d’extrême droite précédant La Meute est la Fédération des Québécois de Souche (FQS), qui se présente comme une «organisation politique nationaliste visant à « réinformer » et briser la rectitude politique».

Historique

La FQS a lancé son site web en juillet 2007 dans la foulée des débats entourant les accommodements raisonnables au Québec. La « fédération » s’est rapidement présentée comme la division québécoise du Mouvement National-Socialiste Français (MNSF), son premier site web ayant en fait été hébergé sur le site du MNSF. Du côté américain, la FQS s’inspirait de groupes néo-nazis comme la National Alliance et a recruté ses premiers membres à partir de la page québécoise de Stormfront, un forum étatsunien géré par Don Black, un ancien leader du KKK reconnu pour son adhésion aux principes du nationalisme blanc.

La FQS se présente comme « un réseau d’hommes et de femmes, Québécois de souche, partisans du principe de l’union sacrée entre une terre et son peuple ». Leur discours reprend l’antiélitisme et le national-populisme qui sont également reconnues comme des caractéristiques importantes de l’extrême droite :

« Face au mondialisme, au multiculturalisme et aux autres lubies qui tentent de nous homogénéiser, de nous couper de nos racines et de nous transformer en simples consommateurs sans âme, nous avons choisi la résistance active. »

« Face aux politiciens corrompus qui ont vendu notre pays, nous refusons de prendre part au funeste jeu électoral, où les partis changent, mais les idées restent les mêmes. La réponse aux problèmes de notre peuple ne se trouve pas au Parlement, mais au sein de notre peuple. La nation n’est pas un concept vague, elle coule dans nos veines. »

Le premier objectif du fondateur de la FQS, Maxime Fiset (converti depuis en soi-disant spécialiste des questions relatives à l’extrême droite, sous l’égide du Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence) était de rassembler la scène skinhead néonazie québécoise autour d’un projet commun, articulé à la fois autour du blog de la FQS et d’actions directes menées en son nom, comme des manifestations anti-immigration ou, par exemple, la pose d’autocollants racistes sur les fenêtres d’une épicerie africaine au Saguenay ou plus récemment à Québec et Sherbrooke. L’un des principaux canaux de diffusion des idées de la FQS est leur magazine, Le Harfang, qui publie des textes originaux, des textes traduits et écrits par des figures de l’extrême droite européenne ou de l’Alt-right aux États-Unis, ainsi que des reproductions de textes d’anciennes publications de l’extrême droite québécoise comme les Cahiers de Jeune Nation (qui furent publiés dans les années 1980-1990). Le FQS fait aussi la promotion d’anciens collaborateurs du Cercle Jeune Nation, comme Jean-Claude Dupuis (présentement professeur dans une école de la Société St-Pie X à Sainte-Foy), et de Ricardo Duchesne, un intellectuel fasciste basé à l’Université du Nouveau Brunswick qui s’implique notamment dans le Council of European Canadians.

Structure et fonctionnement

Peu d’informations sont disponibles sur la structure de la FQS, qui semble fonctionner sur un mode plutôt décentralisé. Le groupe comptait à ses débuts environ 58 membres et n’a pas connu d’augmentation majeure de ses effectifs depuis. Il a d’ailleurs rapidement été discrédité et critiqué par les médias, notamment à cause de références explicites au nazisme et au KKK comme sources d’inspiration sur son site, ainsi que des citations extrémistes des membres sur le forum public du groupe :

« J’avoue que j’aimerais bien l’idée d’une croisade réunissant des Blancs de plusieurs pays pour libérer tous les pays blancs un par un. »

« L’immigration n’est aucunement souhaitable, étant donné que ça amène pauvreté, chômage et endettement pour la société. En plus d’amener le danger du mélange ethnique. »

« Plus de musulmans, plus d’accommodements, plus de perte pour le patrimoine québécois. »

« Tout le monde ici est contre l’immigration non blanche. »

 « Voilà le moment de former et d’entraîner des troupes paramilitaires dans le milieu skin. »

Plus récemment, la FQS s’est dite favorable à l’élection d’un Trump québécois qui « protégerait les Québécois de souche de l’immigration massive » et agirait contre le « risque de perdre notre majorité ». Le discrédit médiatique dont la FQS est régulièrement la cible nuit vraisemblablement à l’expansion du noyau organisationnel au-delà des milieux skinheads. Bien que le groupe continue à organiser des actions aujourd’hui et que leur page Facebook compte quelque 3 800 abonné.e.s, leur capacité à s’établir durablement semble en fait limitée par leur incapacité à dissimuler ou à présenter de manière plus media-friendly leurs visées anti-immigration et racistes.

« Faits d’armes »

Outre la pose d’autocollants et le déploiement de bannières, la FQS offre également une plateforme pour la diffusion des idées d’extrême droite au Québec, avec la publication de sa revue Le Harfang et son site internet. Ils soutiennent sinon les actions menées par d’autres groupes d’extrême droite, telles que le déploiement d’une banderole sur laquelle était inscrite la phrase « Réfugiés non merci! » au-dessus de l’autoroute Henri-IV à Québec, puis à Jonquière quelques jours plus tard.

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