Le 29 janvier 2017, un tireur clairement inspiré par l’extrême droite a ouvert le feu à l’intérieur du Centre culturel Islamique de Sainte-Foy. Ça n’était pas la première fois que cette même mosquée était ciblée sous des prétextes racistes; en 2016, une tête de cochon avec une carte affichant le texte « Bon appétit » avait été laissée à l’entrée de la mosquée pendant le Ramadan.

L’attentat du 29 janvier a causé la mort d’Ibrahima Barry, Mamadou Tanou Barry, Khaled Belkacemi, Aboubaker Thabti, Abdelkrim Hassane et Azzedine Soufiane. Dix-neuf autres personnes ont subi des blessures, dont certaines très graves. Alexandre Bissonnette, un étudiant de l’Université Laval connu pour avoir fait du harcèlement sur des sites web féministes et de soutien aux personnes réfugiées, ainsi que pour son appui à Donald Trump et Marine Le Pen et sa fascination pour des tueurs racistes comme Dylan Roof, a été frappé de six chefs d’accusation de meurtre au premier degré. Il n’a toutefois pas été accusé de crime à caractère haineux, ni d’avoir commis un acte terroriste.

L’attaque islamophobe du 29 janvier a ouvert la porte à une série d’événements marquant une escalade et une avancée inédite de l’extrême droite au Québec. Plutôt que de se replier et de se repentir de la violence que leurs idées encouragent, des individus de différents milieux nationalistes, laïcards et racistes ont réagi au massacre de la mosquée en s’imposant dans la sphère publique d’une manière de plus en plus agressive. Ressentant – avec raison – qu’ils et elles se trouvaient à un carrefour, les racistes ont choisi de doubler la mise.

Au cours des deux dernières années, malgré la montée de groupes racistes et anti-immigration, diverses initiatives militantes à Montréal avaient empêché l’extrême droite de s’afficher ou de manifester publiquement, notamment en la confrontant avec un certain succès (par ex. manifestation bloquée de PEGIDA à Saint-Michel, blocage des événements de la Ligue de défense juive à Montréal, annulation de la prétendue « Marche du Silence » au centre-ville, confrontation active de la visite de Marine Le Pen à Montréal, etc.). En 2017, cette position de force du mouvement antiraciste et antifasciste a été ouvertement défiée.

Le texte suivant est un bilan chronologique détaillé des événements survenus en 2017 depuis l’attentat de la mosquée. Les dynamiques et processus décrits ci-dessous sont loin de se résorber; la lutte n’est pas finie.

 

29-30 janvier

En arrivant sur les lieux de l’attaque, la police aperçoit un homme de toute évidence de confession musulmane tentant de prodiguer des premiers soins à l’une des victimes. Malgré qu’il ait été lui-même une des cibles de l’attaque, cet homme est placé en état d’arrestation. La police malmène aussi plusieurs autres survivants. Cette bavure policière  est à l’origine d’une fausse information, bientôt relayée par l’islamophobe réseau TVA, voulant que l’auteur de l’attaque soit un immigrant musulman Canado-Marocain. Cette fausse information se propage jusqu’à l’international : Fox News (le réseau de télévision américain de droite) prend plusieurs jours pour supprimer ses tweets et s’excuser d’avoir identifié  à tort le suspect comme étant Canado-Marocain.
(https://www.theglobeandmail.com/news/national/quebec-city-mosque-shooting-what-we-know-so-far/article33826078/)
(https://theintercept.com/2017/01/30/suspect-in-quebec-mosque-attack-quickly-depicted-as-a-moroccan-muslim-hes-a-white-nationalist/)

Au même moment, des comptes de réseaux sociaux d’extrême droite propagent d’autres fausses rumeurs à propos des auteurs de l’attaque. Alors qu’une de ces histoires semble laisser entendre que des membres de l’alt-right assument la responsabilité de l’attaque, une autre (beaucoup plus répandue) rejette cette responsabilité sur deux réfugiés syriens récemment arrivés.
(https://heavy.com/news/2017/01/david-aurine-mathieu-fornier-quebec-city-mosque-suspects-gunmen-shooters-names-hoax-fake-reuters-twitter-account-troll-white-supremacists/)

Toutes ces rumeurs s’avèrent fausses, mais encore aujourd’hui, un an plus tard, elles sont régulièrement citées par des militant.e.s d’extrême droite au Québec comme preuves que la tuerie à la mosquée de Québec était un attentat sous « fausse bannière ».

 

30 janvier

Sean Spicer, l’attaché de presse de la Maison Blanche, mentionne le massacre de la mosquée en ces termes : “It’s a terrible reminder of why we must remain vigilant, and why the President is taking steps to be proactive, rather than reactive, when it comes to our nation’s safety and security.” (Ce terrible événement nous rappelle pourquoi nous devons rester vigilants, et pourquoi le président prend des mesures pour être proactif, plutôt que réactif, lorsqu’il est question de sécurité nationale). Ces propos font vraisemblablement référence à l’interdiction d’entrer au pays pour les immigrant.e.s provenant de sept pays à majorité musulmane, mesure que venait alors de décréter l’administration Trump.
(https://www.thestar.com/news/world/2017/01/30/the-white-house-just-cited-the-quebec-mosque-attack-to-justify-trumps-policies.html)

La police de Montréal réagit à une montée soudaine de crimes haineux dans les 48 heures suivant l’attaque : elle procède à une arrestation et reçoit 29 rapports distincts d’incidents à caractère haineux.

Katy Latulippe, la présidente provinciale des Soldiers of Odin, demande aux membres du groupe privé Facebook de faire preuve de réserve dans l’expression de leurs sentiments à l’égard du massacre : « Gang je peux comprendre que d’une façon vos soyez “contents” de voir ce genre de choses… L’aspect meurtre et violance est tjrs triste et je n’approuve pas ce genre d’agissement. Il seras TRÈS important dorénavant de faire attention la façon que vous vous exprimer sur les pages ».
(https://news.vice.com/story/members-of-far-right-quebec-group-cheered-on-the-quebec-city-mosque-terror-attack)

Au même moment, sur les réseaux sociaux partout au Canada anglais, des pages d’extrême droite antimusulmanes oscillent entre la célébration du massacre et la théorie de la « fausse bannière ».
(http://anti-racistcanada.blogspot.ca/2017/01/shooting-at-mosque-in-quebec-city.html)

À Montréal, des milliers de personnes bravent le froid intense pour se rassembler à la Place de la Gare Jean-Talon en solidarité avec les victimes du massacre de la mosquée. Des interventions puissantes de membres de la communauté musulmane font des liens avec l’histoire coloniale du Québec, les médias qui ont du sang sur les mains et les politicien.ne.s qui, sans scrupule, participent à promouvoir et propager au Québec l’islamophobie, le racisme latent, l’oppression des femmes et des personnes queers, et bien plus.
(http://www.lapresse.ca/actualites/dossiers/attentat-a-quebec/201701/30/01-5064609-une-maree-humaine-a-montreal-en-solidarite-pour-les-victimes-de-quebec.php)

Plus tôt ce jour-là, lors d’une action dont l’organisation avait été entamée avant l’attaque de la mosquée, des centaines de personnes outrées et attristées par l’intensification de la violence islamophobe des deux côtés de la frontière avaient bloqué le consulat américain à Montréal. Le groupe ad hoc réclamait l’ouverture immédiate de la frontière Canado-américaine, la fin de l’Entente sur les tiers pays sûrs et de la Politique des pays d’origine désignés, ainsi qu’un programme complet et continu pour la régularisation de personnes sans papiers déjà au Canada. (Pour plus de détails sur ces revendications, voir : www.solidarityacrossborders.org)
(https://mtlcounter-info.org/fermeture-du-consulat-americain-et-appellent-a-poursuivre-les-actions-directes-pour-mettre-fin-a-la-violence-raciste-dont-le-canada-est-complice/)

 

31 janvier

John Cardillo, un ex-policier du NYPD et animateur de radio, publie un tweet disant “When it’s revealed that the #QuebecShooting terrorists are Muslims, #Trump will have a tremendous spike in political capital. #MuslimBan” (Lorsqu’il sera révélé que les terroristes de la tuerie de Québec sont des musulmans, Trump verra une énorme augmentation de son capital politique. #MuslimBan). Le tweet récolte plus de 2 000 « likes », dont celui de Donald Trump Jr.

 

1er février

Bernard « Rambo » Gauthier, une figure de proue du syndicat de la FTQ-Construction entretenant des liens avec des groupes d’extrême droite, déclare que malgré le fait qu’il éprouve une « énorme tristesse pour les innocentes victimes du drame de Québec », il y a des « osties de limites », dénonçant l’éventualité (non-existante dans les faits) du versement par le gouvernement d’une aide financière aux survivant.e.s de l’attaque.
(http://www.journaldemontreal.com/2017/02/01/attentat-de-quebec–rambo-gauthier-trouve-quil-y-a-des-osts-de-limites)

Le « gauchiste » Robin Philpot, un partisan de longue date du mouvement indépendantiste au Québec et un défenseur du racisme, publie un article intitulé « Le nouvel ordre mondial frappe Québec » sur le site du Centre de recherche sur la mondialisation, un site gauchisant adepte des théories du complot. L’article est également publié sur le site américain Counterpunch. Philpot y avance que le massacre du 29 janvier est une conséquence de l’impérialisme mondial et non d’un problème d’islamophobie au Québec. Évidemment, tout en couvrant de nombreuses mobilisations islamophobes de masse ayant eu lieu au Québec, Philpot avance que la province ne peut pas être islamophobe parce que… de grandes manifestations contre la guerre ont eu lieu ici en 2003. On trouve ici l’exemple d’un vieil argument voulant qu’il n’existe aucun problème particulier de racisme au Québec, et que tout argument allant dans le sens contraire devient nécessairement une forme de racisme anti-Québécois (Quebec bashing).

Un homme de 45 ans, Antonio Padula, de Kirkland, accusé d’avoir publié des commentaires antimusulmans sur les médias sociaux, est arrêté et est accusé d’incitation à la haine et d’avoir proféré des menaces en ligne.
(http://www.cbc.ca/news/canada/montreal/montreal-police-kirkland-hate-speech-arrest-1.3961198)

La police enregistre une augmentation des « incidents haineux » et des crimes à caractère haineux au cours du mois de février.
(http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/518298/mosquee)

 

2 février

La mosquée Khadijah de l’arrondissement Pointe-Saint-Charles à Montréal est vandalisée; la police arrête un homme de 50 ans, qui plaide non-coupable à un chef d’accusation de méfait public. Des anarchistes créent une murale de solidarité en face de la mosquée.
(https://mtlcounter-info.org/tout-le-monde-deteste-les-racistes/)

 

11 février

Une quarantaine de personnes manifestent devant la station de radio-poubelle Radio X à Québec afin de dénoncer le rôle de la station dans la montée de l’islamophobie au Québec. Les manifestant.e.s accusent Radio X d’avoir du sang sur les mains.
(http://ucl-saguenay.blogspot.ca/2017/02/quebec-rassemblement-radio-poubelles.html)

 

16 février

La députée libérale Iqra Khalid, qui avait déposé un projet de loi (M-103) en décembre 2016 pour demander au gouvernement de condamner et d’éliminer « l’islamophobie et toutes les formes de racisme systémique et de discrimination religieuse », informe la Chambre des communes qu’elle a reçu de nombreuses menaces de mort suite au dépôt du projet de loi.
(http://www.cbc.ca/news/politics/threats-hate-islamophobia-khalid-1.3986563)

 

18 février

Il s’avère que Claude Patry, ancien député du Bloc et du NPD, est chef du Clan 02 (Saguenay-Lac St Jean) de La Meute.
(http://montrealgazette.com/news/former-ndpbloc-mp-a-leader-of-far-right-group-la-meute)

 

20 février

Les médias rapportent que le Centre culturel islamique de Québec a signé un contrat avec les maisons funéraires Harmonia dans le but d’établir un cimetière musulman au sein de la petite ville de Saint-Apollinaire, près de Québec. Il s’agirait du premier cimetière musulman québécois à l’extérieur de Montréal.
(https://www.lesoleil.com/actualite/un-cimetiere-musulman-a-saint-apollinaire-dc6d67b18b4cba8e384add216998852e)

Dans les mois suivants, ce projet se retrouve au centre d’une controverse : des militant.e.s islamophobes s’organisent pour bloquer le projet de cimetière, alors que pratiquement l’establishment politique tout entier s’affiche plutôt en faveur. La question est finalement tranchée le 16 juillet, lors d’un référendum extrêmement restrictif et limité, par un vote très serré contre la construction du cimetière.

 

21 février

À Montréal, la mosquée Tawuba sur la rue Ontario est vandalisée; la police arrête un homme de 21 ans. Ce n’est pas la première fois que cette mosquée est visée; quelques années auparavant, quelqu’un avait tenté d’allumer un feu dans l’allée longeant l’édifice, et une autre fois, une fenêtre de la mosquée donnant sur la rue avait été frappée avec suffisamment de force pour la fissurer.

 

1er mars

À Montréal, l’Université Concordia, la station CKUT de McGill et plusieurs autres médias reçoivent une lettre menaçant des attaques à la bombe contre des étudiant.e.s musulman.es. L’Université Concordia procède à l’évacuation de trois édifices. L’association étudiante musulmane de Concordia, qui mène alors des activités dans le cadre de la semaine de sensibilisation à l’Islam, insiste pour que la police traite l’incident comme un crime haineux. Le jour suivant, Hisham Saadi est arrêté et accusé d’incitation à craindre un attentat terroriste, de méfait et de transmission de menaces de mort en lien avec les alertes à la bombe.

 

4 mars

La Coalition canadienne des citoyens concernés (CCCC), un « groupe » Montréalais en réalité composé d’un seul énergumène, appelle à une journée nationale de manifestations islamophobes. En théorie, les manifestations sont contre le projet de loi M-103 (un projet de loi déposé en décembre 2016 qui demandait au gouvernement de condamner et d’éliminer « l’islamophobie et toutes formes de racisme systémique et de discrimination religieuse »). La Coalition décrit le projet de loi M-103 comme une attaque à la liberté d’expression et, officiellement, les manifestations du 4 mars sont « pour la liberté d’expression, contre la charia et contre la mondialisation ». Des directives internes avertissent les gens de ne pas porter de symboles associés au white power ou ouvertement racistes (ce qui, évidemment, n’empêche pas certains individus de traiter les antiracistes de « traîtres à la race » et de faire des saluts nazis dans la manifestation de Montréal).

Georges Hallak, l’islamophobe montréalais derrière la CCCC, semble adopter une approche « essayons n’importe quoi et voyons ce qui marche », en créant des événements Facebook partout au Canada appelant à des piquets de grève, pour ensuite demander en commentaire si des résident.e.s de la région pouvaient s’occuper de l’organisation. Non seulement ces événements rencontrent un certain succès dans le Canada anglais (des racistes des différentes villes se présentent effectivement, même s’ils et elles sont en nombre bien moins important que les antiracistes et antifascistes), mais au Québec, l’initiative est reprise par les groupes d’extrême droite de la province, ce qui donne lieu au premier « coming out » coordonné et unifié de l’extrême droite en 2017.

Au cours des 20 dernières années, les mouvements radicaux de Montréal (avec généralement à leur tête des anarchistes et/ou des maoïstes) avaient systématiquement bloqué chaque événement public organisé par l’extrême droite, et ces mouvements étaient déterminés à continuer à faire de même. Toutefois, alors que tout au plus quelques douzaines de racistes s’étaient présenté.e.s à leurs événements en 2016, le 4 mars 2017, ils et elles sont plus d’une centaine, avec leur propre service de sécurité compétent, imposant et coordonné avec la police. La Meute, les Soldiers of Odin, Storm Alliance et le Front patriotique du Québec sont tous présents. Des individus qui se démarqueront plus tard (par exemple, Maxime Morin de DMS, Shawn Beauvais-MacDonald, Sue Charbonneau, alias « Sue Elle » et Louise Duval, alias « guindon87 »), sont aussi sur place.

À Québec, la situation est encore plus alarmante. La droite a mobilisé plus de 100 personnes, dont la plupart sont dans la cinquantaine ou plus, et probablement pas du genre à être prêt.e.s à une confrontation physique. Mais un plus petit contingent associé au groupe fasciste Atalante est aussi présent (même s’il garde une certaine distance par rapport à la marche principale) et à un certain moment, ses membres semblent décidément chercher la bagarre.

Au Saguenay, une petite centaine de racistes manifeste, contre environ une cinquantaine d’antiracistes. Dans des proportions plus modestes, des forces similaires s’opposent à Trois-Rivières et à Sherbrooke.
(https://itsgoingdown.org/quebec-frontlines-fight-islamophobia/)
(https://www.facebook.com/notes/jaggi-singh/assessment-report-back-from-anti-racist-counter-demonstration-montreal/10154137348981946/)

 

7 mars

Un petit rassemblement contre l’islamophobie est organisé à l’Université McGill à Montréal, en réaction aux récentes menaces à la bombe visant des étudiant.e.s musulman.e.s.

 

13 mars

Un sondage CROP montre qu’une majorité de Canadien.ne.s ressent des « peurs » face à l’immigration.

(http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/special/2017/03/sondage-crop/canadiens-tolerance-religion-immigrants-identite-culture/)

 

23 mars

Le projet de loi M-103 est adopté par le Parlement canadien. La motion avait été proposée par Iqra Khalid, une nouvelle députée représentant la circonscription de Mississauga, en Ontario. En plus de condamner l’islamophobie, la résolution demande au Comité du Patrimoine canadien de la Chambre des communes de chercher à « éliminer le racisme systémique et la discrimination religieuse, incluant l’islamophobie », et demande au gouvernement fédéral de recueillir des données sur les crimes haineux afin d’éventuellement étudier le sujet. Le projet de loi M-103 ne change aucune loi existante et ne crée aucune nouvelle loi. Malgré cela, un sondage réalisé le même jour par Angus Reid montre que 42 % de Canadien.ne.s s’y opposent, que 29 % le soutiennent et que 29 % sont indécis.e.s.
(http://nationalpost.com/news/politics/mps-certain-to-pass-m-103-thursday-but-new-poll-says-canadians-would-vote-down-anti-islamophobia-motion)

 

25 mars

Une journée d’ateliers antiracistes organisée par le réseau « Resist Trump » à l’Université Concordia est visé par les Soldiers of Odin et la CCCC. Les antiracistes de Montréal, ayant eu vent qu’une perturbation allait avoir lieu, se sont préparé.e.s en conséquence. Environ deux douzaines de SOO se rassemblent au coin de Sainte-Catherine et Maisonneuve, tandis que Georges Hallak de la CCCC arrive sur place en camionnette. Ce dernier se fait aussitôt interpeller par la police, puis arrêter alors qu’il projette un bâton de hockey dans la direction des antiracistes (il sera plus tard relâché sans accusations). La police est particulièrement agressive avec les antiracistes, cassant la dent d’un étudiant journaliste et envoyant un autre camarade à l’hôpital avec un bras fracturé à deux endroits. Par la suite, l’un des racistes des SOO est entraîné dans un dialogue quelque peu énergique lorsqu’il sort du McDonalds où lui et sa gang s’étaient réfugiés.
(https://mtlcounter-info.org/lantifascisme-lemporte-a-montreal-manger-une-volee-avec-votre-joyeux-festin/)

Des centaines de personnes solidaires, la plupart du quartier même, assistent à un souper de solidarité à la mosquée Khadijah, dans Pointes-Saint-Charles, qui avait été visée par une attaque islamophobe le 2 février.

 

26 mars

La « Marche pour l’égalité » se déroule à Montréal, dans le cadre de la Semaine d’actions contre le racisme. Des individus de l’extrême droite, possiblement des Soldiers of Odin, sont aperçus, possiblement en mission de surveillance.

 

Avril

Tous les regards sont tournés vers les résultats qu’obtiendront Marine Le Pen et le Front National aux élections présidentielles françaises. Des rencontres entre citoyen.ne.s français.e.s appuyant Le Pen se tiennent à Montréal. Les sondages montrent que 12 % des citoyen.ne.s français.e.s résidant en Amérique du Nord ont l’intention de voter pour le Front National. Pour démontrer son appui au FN, Alexandre Cormier-Denis, un membre du Parti Québécois et le fondateur du groupe d’extrême droite Horizon Québec Actuel, rencontre Le Pen lors d’une visite à Montréal et vante avec énergie son charisme lors de plusieurs d’entrevues.
(http://plus.lapresse.ca/screens/227a71b4-2141-4ddd-ac03-1e64d9605e1e__7C___0.html)

 

21 avril

La page Facebook personnelle du leader de la FTQ-Construction Bernard « Rambo » Gauthier est décrite comme un « foyer » d’islamophobie radicale. En décembre 2016, Gauthier avait rejoint le petit parti politique Citoyens au Pouvoir du Québec.
(http://www.cbc.ca/news/canada/montreal/facebook-group-tied-to-bernard-rambo-gauthier-called-nursery-of-radical-islamophobia-1.4079226)

 

23 avril

La manifestation « Un peuple se lève contre le PLQ », organisée par le Front patriotique du Québec, réunit un peu plus d’une centaine de personnes. Le groupe marche encadré par un imposant service de sécurité armé de bâtons, mené par Robert Proulx et incluant le néonazi notoire Shawn Beauvais-MacDonald et quelques uns de ses acolytes. Plusieurs erreurs stratégiques, un manque de coordination et un important déploiement policier étouffent la réponse antifasciste, et la manifestation du FPQ se déroule sans réelle opposition.

 

Fin avril

En l’espace de deux semaines, Jeff Fillion est renvoyé du studio d’Énergie 98.9 FM, affilié à Bell Media, après avoir ridiculisé un père dont le fils s’était suicidé, et André Arthur annonce sa retraite de CHOI 98.1 Radio X après avoir suscité l’indignation avec des commentaires irrespectueux suivant la mort de Jean Lapierre, un populaire commentateur politique et ex-ministre fédéral. Fillion et Arthur sont connus pour leurs vues généralement de droite et particulièrement islamophobes. Ce n’est toutefois pas la raison pour laquelle ils ont perdu leurs emplois…
(http://www.cbc.ca/news/canada/montreal/the-end-of-radio-poubelle-1.3561392)

 

Mai

Alexandre Cormier-Denis se présente pour le Parti Indépendantiste aux élections partielles dans Gouin, à Montréal. Cormier-Denis était l’un des trois membres du PQ qui avaient rencontré Marine Le Pen du Front National lors de sa visite à Montréal en 2016.
(http://www.lapresse.ca/actualites/politique/201606/24/01-4995259-trois-militants-pequistes-recus-par-le-front-national.php)

Lors de l’élection partielle, Cormier-Denis attire beaucoup l’attention avec ses déclarations et ses affiches racistes et controversées. Tandis que la plupart des reportages sur Cormier-Denis évoque ces controverses, ils passent généralement sous silence ses liens bien plus significatifs avec Horizon Québec Actuel (qu’il a participé à fonder en 2016) et Nomos TV (qu’il a lui-même fondé en janvier 2017). Malgré le soutien qu’il reçoit de racistes affirmé.e.s, et malgré ses propres idées extrémistes, Cormier-Denis reste un membre officiel du PQ. En fin de compte, il récolte moins de 100 votes à l’élection.
(http://infoman.radio-canada.ca/article/2017/05/19/avoir-du-front/)

 

1er mai

Les Soldiers of Odin Québec se séparent des Soldiers of Odin Canada, après que Bill Daniels de SOO Canada ait dénoncé « le programme raciste » des fondateurs du groupe en Finlande, en annonçant que la branche canadienne se dissociait du groupe original. Le président de SOO Québec, Dave Tregget, s’était déjà écarté pour les mêmes raisons en décembre 2016, et les rênes avaient été reprises par son ancien bras droit Katy Latulippe.
(http://nationalpost.com/news/canada/soldiers-of-odin-splinter-in-canada-over-racist-agenda-of-far-right-groups-leadership-in-finland)
(http://www.cbc.ca/news/canada/montreal/quebec-far-right-soldiers-of-odin-1.3896175)

 

9 mai

Mathieu Bock-Côté et Djemila Benhabib participent à un panel portant sur la liberté de la presse organisé par le groupe de Benhabib, Citoyens pour l’égalité et la laïcité. Un des organisateurs de l’événement, Farid Salem, s’organise avec des membres de La Meute pour assurer la sécurité de l’événement.
(https://ricochet.media/fr/1883/le-colloque-benhabib-et-la-meute)

 

13 mai

Première distribution de nourriture de Bouffe contre le fascisme, un projet visant à offrir des repas santé en plusieurs services dans le centre-ville de Montréal, au coin de Mackay et Maisonneuve, chaque samedi après-midi à partir de 14 h. De l’information antifasciste et des gens prêts à parler (et débattre) de politique sont aussi présents sur place.

 

15 mai

Sur la chaîne YouTube d’André Pitre (alias Stu Pitt), La Meute annonce qu’elle sera disponible partout au Québec pour combattre les « menaces à la liberté d’expression ». Il est clair, et Pitre et La Meute ne s’en cachent pas, que ce qui est réellement entendu sont les interventions des antifascistes, féministes ou antiracistes visant à perturber ou protester contre des événements racistes, sexistes, homophobes ou transphobes. Il est aussi clair que c’est Pitre qui a demandé à La Meute d’assumer ce rôle, la déclaration ayant d’ailleurs été filmée dans son propre salon.

 

17 mai

Vingt-deux personnes signent une pétition demandant la tenue d’un référendum sur le projet de construire un cimetière musulman à Saint-Apollinaire, déclenchant automatiquement un référendum selon la loi en vigueur au Québec. Toutefois, seulement 62 personnes auront le droit de vote à ce référendum, selon la distance de leur domicile par rapport à l’éventuel cimetière. Le référendum aura lieu le 16 juillet.
(https://www.lesoleil.com/actualite/le-cimetiere-musulman-a-saint-apollinairesoumis-a-un-referendum-d622d398f39fe8365d2690b0846eb08d)

 

21 mai

Dave Tregget et une douzaine d’autres membres de Storm Alliance (le groupe fondé par Tregget après son départ des Soldiers of Odin en décembre 2016) se rassemblent sur Roxham Road dans la municipalité d’Hemmingford, afin de « surveiller » un point de passage frontalier irrégulier utilisé par de nombreux et nombreuses réfugié.e.s depuis l’élection de Donald Trump en novembre 2016.
(http://www.cbc.ca/news/canada/montreal/roxham-road-quebec-far-right-ultranationalist-1.4121969)

 

22 mai

Des menaces transphobes et du harcèlement forcent la dessinatrice Sophie Labelle, auteure de la série Assigned Male, à annuler sa présence au sex shop féministe Venus Envy à Halifax et à se cacher.
(http://montrealgazette.com/news/local-news/cartoonist-sophie-labelle-in-hiding-after-transphobic-threats-escalate)

 

27 mai

Le clan 15 de la Meute organise un « Parti BBQ de l’année » à Sainte-Sophie, au Québec (dans les Laurentides). Guy Boulianne (Mouvement républicain du Québec) et André Pitre sont de la partie, tout comme une taupe du mouvement antifasciste. Des photos et un rapport de la fête sont ainsi diffusés deux semaines plus tard.
(http://ucl-saguenay.blogspot.ca/2017/06/en-exclusivitepetite-visite-au-bbq-de.html)

 

28 mai

Lors d’une manifestation pour le moins terne organisée par le Front Patriotique du Québec à Montréal, environ 50 personnes marchent contre le PLQ. Le mouvement antifasciste éprouve du mal à se mobiliser et envoie quelques observateurs.trices, qui sont rapidement encerclé.e.s par des flics à vélo.

 

30 mai

La nouvelle circule que le Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence (CPRMV) considère ouvrir un bureau dans la ville de Québec, évoquant la montée de l’extrême droite dans la région. Le maire de Québec, Régis Labeaume, s’oppose au projet, en avançant qu’il n’y a pas de problème de radicalisation de l’extrême droite dans la ville.
(http://www.cbc.ca/news/canada/montreal/deradicalization-centre-wants-to-expand-to-quebec-city-to-fight-far-right-extremism-1.4136645)

Le CPRMV, un organisme paragouvernemental créé en 2015 à Montréal dans le but de surveiller non pas uniquement l’extrême droite mais aussi, entre autres, l’extrême gauche, a déjà deux employé.e.s à temps plein travaillant à Québec. Avant la fin de l’année, l’organisation sera dénoncée par des antifascistes radicaux.ales comme servant d’agent de propagande de l’État.
(https://montreal-antifasciste.info/fr/2017/11/23/maxime-fiset-et-son-centre-de-prevention-de-la-radicalisation-ne-nous-representent-pas/)

 

Été

Le nombre de réfugié.e.s traversant la frontière irrégulièrement augmente spectaculairement. Ils et elles sont des milliers, majoritairement d’origine haïtienne, à fuir le climat toxique aux États-Unis, de peur d’être déporté.e.s par l’administration Trump. Plusieurs choisissent ainsi de traverser la frontière à Roxham Road pour atterrir dans le petit village frontalier d’Hemmingford, au Québec. Au point culminant des arrivées, les gouvernements canadien et québécois prennent des mesures spéciales pour héberger les réfugié.e.s au Stade olympique de Montréal et dans un camp de réfugié.e.s près du poste frontalier de Lacolle (le premier camp de réfugié.e.s jamais dressé au Canada). Ce développement déclenche les prévisibles réactions racistes de l’extrême droite; pour la deuxième fois en 2017, on observe une augmentation des crimes à caractère haineux. Selon Le Devoir : « À Montréal, l’arrivée en grand nombre de demandeurs d’asile déclenche une vague de crimes haineux encore plus grande que celle suivant l’attentat à la grande mosquée de Québec, d’après les statistiques du SPVM. Au mois d’août 2017, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a retenu et classé dans le classeur « crimes haineux » 42 signalements — surtout observés sur les réseaux sociaux —, contre 31 en février. Au total, près de 250 crimes haineux ont été rapportés l’an dernier, pour une moyenne d’environ 20 par mois. »
(http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/518298/mosquee)