Montréal, le 12 décembre 2019 – Aujourd’hui au Palais de justice de Montréal se déroule la quatrième et dernière journée du procès du leader visible d’Atalante Québec, Raphaël Lévesque (alias Raf Stomper), pour méfait, introduction par effraction et harcèlement criminel. Ces accusations découlent d’un stunt réalisé par Lévesque et six autres militants d’Atalante le 23 mai 2018 dans les bureaux du média Vice Québec.

Nous nous sommes relativement peu intéressé-e-s à ce procès jusqu’à maintenant, car nous y voyons un cirque judiciaire complètement disproportionné à la portée réelle de l’action ayant menée à la mise en accusation. Nous sommes toutefois conscient-e-s que notre perspective sur la question diffère sans doute de celles « des médias » (partie dans cette affaire), du « système de justice », et de la position libérale communément admise dans la société québécoise. C’est pourquoi nous avons cru bon la formuler ici explicitement. [Pour tout éclaircissement supplémentaire, les représentant-e-s des médias peuvent visiter https://montreal-antifasciste.info ou communiquer avec nous à alerta-mtl @ riseup.net]

Nous croyons en effet que le caractère à peu près politique que ce procès a acquis, en vertu du fait qu’un média ait été pris pour cible, fait précisément le jeu des fascistes. Il eut mieux valu, dès le départ, prendre cette action pour ce qu’elle était (une médiocre prestation de théâtre politique à oublier aussitôt) que d’en appeler au système de justice pénale, lequel garde les projecteurs braqués sur Lévesque et lui donne l’attention qu’il désire plus que tout.

De plus, la solidité de la cause elle-même est extrêmement discutable, à tel point que l’issue en est plus qu’incertaine. Quoi qu’il en soit du verdict, il s’agit à notre avis d’un scénario perdant/perdant. Si Lévesque gagne son procès, il en ressort blanchi et ragaillardi, ce qui donne à penser que lui et sa bande de crétins répéteront le même genre d’action à l’avenir. S’il est au contraire condamné pour harcèlement criminel ou méfait, une jurisprudence sera établie qui réduira d’autant plus le champ des possibilités d’action directe légitime, autant pour la droite que pour la gauche. Autrement dit, l’État disposera d’un nouvel outil pour réprimer la contestation, d’où qu’elle vienne.

Par ailleurs, si les rapports qu’ont faits les médias des premiers jours du procès sont exacts, il appert que la juge tombe exactement dans le panneau dressé pour elle par les fascistes, malgré les tonnes de preuves accumulées du vrai caractère d’Atalante : dépolitisation, voire « dédiabolisation » en règle de la manœuvre.

Le palais de justice n’est pas un terrain favorable à la lutte antifasciste. Nous ne disons pas qu’il faille dogmatiquement refuser l’engagement sur ce terrain, et n’éliminons pas la possibilité de s’y présenter s’il y a des gains ponctuels, voire marginaux, à y faire, mais nous ne croyons pas qu’il faille compter sur les tribunaux pour gagner la guerre, ni même quelque bataille importante. Les tribunaux ne sont garants que d’une chose : l’ordre libéral. C’est-à-dire les conditions de reproduction de l’État et du système capitaliste, lesquels s’appuient sur les inégalités systémiques que nos mouvements s’emploient par ailleurs à éliminer.

Nous croyons que les luttes antiracistes et antifascistes doivent avant tout être menées au jour le jour dans nos espaces de vies et de travail, dans nos communautés et dans nos rues, par un travail constant d’information et de promotion des valeurs positives qui nous animent. Quelle que soit l’issue du procès de Raf Stomper, la lutte continue. Montréal Antifasciste, ses allié-e-s et sympathisant-e-s continueront à traquer, exposer et généralement pourrir la vie des fascistes d’Atalante et de tous ceux et celles qui portent un projet politique fondé sur l’inégalité et l’exclusion. Jusqu’à la victoire.

¡No pasaran!