Résumé

Atalante est un groupe néofasciste « troisième position » basé à Québec.

Historique

Le groupe Atalante a été formé en août 2016 par des membres ou des individus gravitant autour du groupe Légitime Violence, qui s’est ainsi doté d’un bras politique pour faire valoir ses idées. Très porté sur l’action de rue, Atalante se propose de « participer à la renaissance identitaire ». La description du groupe disponible sur leur page Facebook – qui compte 3 400 abonné.e.s – correspond aux thèses « déclinistes » qui caractérisent une part importante de l’extrême droite contemporaine :

« En cette époque sombre, où mondialisme et consumérisme règnent, nous sommes étouffés par la tyrannie du politiquement correct et de la négation identitaire. L’Occident décadent est miné de l’intérieur par l’effondrement de ses valeurs et repères historiques ».

Le slogan d’Atalante, « Exister c’est combattre ce qui me nie », est emprunté à Dominique Venner, figure mythique de l’extrême droite française. D’abord membre de l’OAS (Organisation Armée Secrète, groupe paramilitaire d’extrême droite luttant contre l’indépendance de l’Algérie), puis historien partisan de la théorie du choc des civilisations, Venner s’est suicidé en 2013 dans la Cathédrale Notre-Dame de Paris pour marquer son opposition au mariage entre personnes de même sexe.

Les membres d’Atalante s’inspirent notamment de Casa Pound, un mouvement d’extrême droite « troisième position » en Italie, dont ils empruntent à la fois des éléments de discours (une rhétorique liant l’anti-immigration à l’anticapitalisme, etc.) et des tactiques de mobilisation (l’action caritative seulement adressée aux nationaux, etc.). Des membres d’Atalante sont d’ailleurs en contact avec les militant.e.s fascistes italien.ne.s qu’ils ont rencontré à Rome au début de l’année 2017. Atalante trouve également une source d’inspiration dans le Bloc Identitaire, groupe d’extrême droite français auquel est empruntée une rhétorique centrée sur l’identité et la lutte contre le « grand remplacement » par l’Islam financé par les multinationales. Atalante récupère également des thèmes anticapitalistes, notamment l’opposition à la bourgeoise internationale (incarnées dans leur rhétorique par la figure mythifiée de Georges Soros), en prétendant que cette dernière mène une guerre contre les classes ouvrières blanches par l’entremise d’une « main-d’œuvre bon marché de l’étranger » qui viendrait saper les acquis des « Québécois.e.s de souche ».

Au sein des groupes d’extrême droite québécois, Atalante est plus près idéologiquement de la FQS que de La Meute, et distribue d’ailleurs le Harfang, le journal officiel de la FQS, lors de ses tournées pour donner de la nourriture gratuite « aux plus démunis » et « de souche ». Atalante partage avec la FQS des positions violemment islamophobes, en associant les personnes de confession musulmane à des terroristes qu’il faudrait expulser. Face à ce qu’ils et elles désignent comme « notre extermination tranquille », Atalante prône « une inversion du flux migratoire, une remigration à grande échelle accompagnée d’une politique de natalité efficace ».

Parmi les projets d’Atalante figure la création d’un « club de combat identitaire » nommé La Phalange, qui constituerait à la fois un espace de socialisation et d’entraînement pour les militant.e.s d’extrême droite. On peut mentionner en outre qu’Atalante compte parmi ses membres des auteurs de crimes haineux à coups de couteau contre des minorités visibles et qu’ils ont également invité un théoricien italien néofasciste pour une conférence dans Limoilou. Le groupe a aussi tenu une prière publique le 1er mai 2016 sur les plaines d’Abraham avec un prêtre de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, une société de catholiques traditionalistes d’extrême droite.

À la manifestation de Storm Alliance et La Meute du 25 novembre 2017, des membres d’Atalante ont collaboré avec les Soldats d’Odin pour prendre l’esplanade devant l’Assemblée nationale et y déployer leurs bannières racistes et drapeaux devant les contre-manifestant.e.s antifascistes. Peu après, deux néonazis de Montréal (Shawn Beauvais-Macdonald, un ancien associé de La Meute aujourd’hui fortement inspiré par l’alt-right américaine, et Philippe Gendron des Soldiers of Odin) ont déclaré leur intention de démarrer une branche montréalaise d’Atalante.

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