Résumé

Horizon Québec Actuel a été formé en 2016, à la suite de la démission de Pierre Karl Péladeau comme chef du Parti Québécois et peu après une rencontre entre trois membres du PQ et Marine Le Pen, la chef du Front National en France. L’organisation, qui est en fait un satellite du FN au Québec, a fait sa première apparition publique en mai 2017 quand son président, Alexandre Cormier-Denis, s’est présenté pour le Parti indépendantiste lors des élections partielles dans Gouin, menant une campagne extrêmement islamophobe.

Historique

Contrairement à la majeure partie de l’extrême droite au Québec, Horizon Québec Actuel (HQA) a choisi de maintenir un profil public bas, n’appelant à aucune manifestation et ne participant même pas aux manifestations organisées par d’autres groupes ultranationalistes ou de l’extrême droite (bien que son vice-président, Philippe Plamondon, ait été aperçu à la manifestation de La Meute du 20 août 2017 à Québec, où il semblait prendre des photos des contremanifestant.e.s). Le groupe a plutôt choisi d’établir une présence en ligne avec un site Internet, une page Facebook et une chaîne YouTube (Nomos). L’organisation a été créée suite à une rencontre tenue à Montréal avec la chef du Front National, Marine Le Pen, et plusieurs autres membres de son parti, en mars 2016. Trois membres du Parti Québécois, Étienne T. Pelletier, Alexandre Cormier-Denis et Philippe Plamondon, ont assisté à la réunion. Deux d’entre eux, Cormier-Denis et Plamondon, vont créer HQA peu après.

D’après ses buts et intentions, HQA est une branche du Front National au Québec. HQA utilise ouvertement la plate-forme du FN, ainsi que sa base de fonctionnement, et Cormier-Denis et Plamondon possèdent tous les deux leur carte de membre du FN. Leur relation avec le FN est tellement proche que, avec un autre membre du PQ, Étienne T. Pelletier, ils ont assisté au congrès du FN à Paris en juin 2016, lors duquel ils ont présenté un atelier sur l’opposition au multiculturalisme. Leur relation avec le FN est réciproque, non seulement HQA tire son inspiration du FN, mais l’organisation est la seule en Amérique du Nord que Le Pen reconnaît comme faisant partie du FN.

Le site Internet et la page Facebook de HQA sont remplies de photos de Cormier-Denis et de Plamondon posant avec Marine Le Pen et autres haut placés du FN. De plus, Cormier-Denis, qui agit généralement comme porte-parole du groupe, démontre avec enthousiasme son admiration inébranlable pour Le Pen et le FN. Il affirme par exemple que:

« le discours patriote de Marine Le Pen devrait être porté au Québec par le mouvement souverainiste qui s’éloigne de plus en plus des considérations populaires ».

Il a aussi contesté la caractérisation du FN comme une organisation d’extrême droite :

« Mme Le Pen, loin de l’antiparlementarisme constitutif de l’extrême-droite, le Front National défend la souveraineté populaire et souhaite faire reposer ses réformes sur un processus démocratique que nous connaissons bien : le référendum. »

Il a aussi ajouté que Le Pen était la « candidate présidentielle française qui sera la plus favorable à reconnaître un Québec souverain ». Cela n’est pas surprenant que le groupe de façade du FN,  le Collectif Mer et Francophonie (COMEF), dirigé par Loup Viallet, ait été un des premiers à féliciter HQA pour sa formation, émettant un communiqué sur le site internet du FN le 8 juin 2016. Viallet a bien démontré son appartenance à l’extrême-droite. Non seulement il a été un candidat pour le FN lors de récentes élections, mais il a aussi donné une entrevue publiée sur le site Internet de la Fédération des Québécois de Souche.

Sur son site web, HQA définit sa mission comme suit « la diffusion de la langue française, le réseautage entre pays francophones et la défense du principe de souveraineté des États-Nations », ce qui se traduit par « un rempart à l’éclatement du sentiment national, à l’effacement progressif du fait français et à la marginalisation politique du peuple québécois ». En pratique, selon l’explication de Cormier-Denis, cela signifie une opposition à « l’immigration de masse », à « l’anglicisation généralisée » et au « multiculturalisme canadien ». Alors que la préoccupation principale de HQA pourrait être la supposée érosion de la culture québécoise et l’immigration,  Cormier-Denis a émit clairement son opposition à la plupart des formes de progrès social. Lors d’une entrevue, en juin 2016, en tentant d’être ironique, il a dit:

« Sur les enjeux sociétaux (mariage gay, transgenrisme, postmodernité militante, etc.), le Québec est vingt ans en « avance » sur la France qui n’a pas connu le choc brutal qu’a été la Révolution tranquille. »

Tout cela semble placer solidement HQA dans le courant principal de l’extrême droite populiste du Québec. Cependant, alors que la plupart des groupes de l’extrême droite québécoise sont ouvertement racistes et méprisant envers les autres cultures, lors d’une entrevue à « Gravel le matin » à Radio-canada, le 1er mai 2017, Cormier-Denis a avancé la classique fausse troisième position fasciste. Affirmant ne pas être xénophobe, il a dit:

« je suis plutôt xénophile, c’est-à-dire j’aime l’étranger, mais justement il faut que l’étranger demeure l’étranger ».

 

Structure et fonctionnement

Il semblerait que HQA est entièrement composé de ses trois membres dirigeant : les membres fondateurs Alexandre Denis-Cormier et Philippe Plamondon, respectivement les président et vice-président de l’organisation. Depuis la formation de HQA, s’est ajouté Sengtiane Trempe soi-disant comme stratégiste. L’organisation n’a pas d’autres membres connus.

 

« Faits d’armes » saillants

En plus de sa présence sur internet, Horizon Québec Actuel est connu principalement pour son président Alexandre Cormier-Denis et son incursion en politique provinciale lors des élections partielles dans Gouin, à Montréal, en mai 2017, où il s’est présenté pour le Parti Indépendantiste (PI). Avec un total de quatre-vingt-une voix amassées, et une septième position, alors que le vainqueur, Gabriel Nadeau-Dubois de Québec Solidaire, avait recueilli près de dix mille votes, la campagne de Cormier-Denis peut être vue comme un échec total, mais cela n’est pas le plus important. Cormier-Denis a bâti sa campagne autour d’une affiche horriblement islamophobe, directement photoshoppée d’une affiche de la campagne du Front National. Elle montre, du côté gauche, une jeune femme à l’air cool avec sa tuque ornée d’un drapeau du Québec et, du côté droit, la même femme portant un niqab (voir plus bas). L’affiche dit « Choisissez votre Québec. Le multiculturalisme canadien, non merci ! ». Aussitôt que ces affiches ont été posées, la police a commencé à recevoir des plaintes et les a enlevées rapidement, mais les policiers ont finalement jugé que l’affiche ne violait pas la loi sur les discours haineux et les affiches sont réapparues le lendemain. Ce cafouillage a donné beaucoup d’attention à l’affiche xénophobe et à Cormier-Denis, lui permettant de présenter HQA au public par l’intermédiaire des médias de masse. Cormier-Denis n’avait jamais espéré gagner cette course gagnée à l’avance par Québec Solidaire, ainsi, les choses n’auraient pas pu mieux tourner pour lui et ses acolytes.

Il est aussi intéressant que le PQ ait autorisé deux de ses membres, Cormier-Denis et Plamondon, de continuer à s’identifier eux-mêmes publiquement comme des membres du parti tout en montrant fièrement leurs couleurs du FN et de HQA et, dans le cas de Cormier-Denis, de se présenter à des élections pour un parti d’extrême droite portant un message clairement islamophobe. Yannick Grégoire, le porte-parole du PQ a écarté la question, répondant que « Ce qu’ils font dans leurs temps libres, ça les regarde ».

Nous devons aussi parler un peu du Parti indépendantiste. Le parti a été fondé suite à la défaite électorale du PQ, en 2007, par Éric Tremblay et Richard Gervais, selon qui le PQ n’avait plus la volonté indépendantiste. Le PI a dit que, de son côté, s’il devenait majoritaire au parlement, il déclarerait l’indépendance unilatéralement, même s’il ne réussissait pas a obtenir 50% du vote. Les liens entre ce parti et la scène néonazie sont bien établis. Sébastien Moreau, un suprémaciste blanc reconnu de Québec, a été le président du comité exécutif du parti jusqu’à ce que l’exposition médiatique le force à reculer et à quitter le parti en 2012. Au même moment, Maxime Fiset, à cette époque le chef de l’ouvertement fasciste Fédération des Québecois de Souche, faisait du recrutement pour le parti au sein de la scène néonazie. Nous devons aussi mentionner qu’à la fin décembre 2017, quand Option nationale a décidé de se fusionner avec Québec solidaire, Denis Monière a mené un groupe de dissidents de ON vers le Parti Indépendantiste.

Membres et sympathisants connus

Alexandre Cormier-Denis

Philippe Plamondon

Sengtiane Trempe

 

Alexandre Cormier-Denis (2nd from left) and Philippe Plamondon (far right) with Marine LePen (center).

Philippe Plamondon and Alexandre Cormier-Denis

 

https://mtlcounter-info.org/horizon-quebec-actuel-membres/

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