Dans une tentative un peu désespérée d’avoir un poids sur la campagne électorale, La Meute multiplie les apparitions depuis quelques semaines, privilégiant les actions décentralisées. Bien que plusieurs médias entrent dans leur jeu en leur offrant une visibilité démesurée, le groupe d’extrême droite ne semble pas rencontrer d’écho populaire et son chef Sylvain « Maikan » Brouillette a l’air bien seul avec son slogan « 40 000 membres, 40 000 voix ».

C’est dans ce contexte que Steeve « L’artiss » Charland, potentiel rival de Maikan, dirigeait le samedi 15 septembre une manifestation mobile, qui était en fait un convoi de véhicules identifiés aux couleurs de La Meute. Le lieu de rendez-vous pour la dizaine de membres de La Meute se situait à Oka, tout proche de la communauté Mohawk de Kanesatake. Rapidement, des membres de la communauté se sont très courageusement mobilisé.e.s pour faire fuir La Meute sous les huées et les insultes, refusant au passage l’instrumentalisation des Premières Nations que tente de faire le groupe d’extrême droite depuis plusieurs mois.

« Hey! Allez-vous-en! Hey, vous ne passerez pas par la réserve non plus. Allez-vous-en d’ici! Vous ne passerez pas par ici non plus. »

– Un résident de Kanesatake s’adressant à La Meute le 15 septembre 2018

La vidéo des événements à été partagée des centaines de fois et vue plus de 50 000 fois sur Facebook. Quelques membres de La Meute ont alors profité de l’occasion pour cracher leur venin raciste et colonialiste dans des commentaires haineux. Ce fut le cas du compte « Barb N Bryan Wolfe » qui s’est démarqué par ses commentaires ignobles contre les autochtones (Image 1) : « Kanesatake devrait être mise en quarantaine », « c’est pour ça qu’on a dû vous éclater en 1990 [à Oka] bande de connards », ou en traitant la communauté mohawk de « merdes racistes ».

 

Mais qui est ce ou cette « Barb N Bryan Wolfe »?

Il s’agirait en fait du compte Facebook d’une dénommée Barbara Edwards (ou encore Barbara Wolfe) (Image 2) connue pour avoir organisé une manifestation islamophobe à Toronto en mars 2017. Bryan Trottier serait son conjoint. Ce dernier utilise régulièrement le compte Barb N Bryan Wolfe pour déverser son fiel islamophobe ou organiser plus d’événements racistes en Ontario. Bryan Trottier est « commandant » du CDN Wolfpack (Image 3), une branche canadienne de La Meute en Ontario qui serait à présent autonome vis-à-vis de la Meute du Québec. Il s’avère que Trottier n’utilise pas seulement le compte de sa conjointe mais aussi les faux comptes Joshephine Murphy et Zora Xeno.

(Capture d’écran du 10 février 2018, récupérée par Anti-Racist Canada)

Bryan Trottier n’en est donc pas à ses premières ignominies.

Bryan Trottier

 

Bryan Trottier et Barbara Edwards

Bryan Trottier

Barbara Edwards

 

Des fausses nouvelles pour nourrir l’antiféminisme et la misogynie

En juin dernier, nous publions un article sur une fausse dénonciation d’agression sexuelle orchestrée par un troll d’extrême-droite sous un faux compte nommé « Zora Xeno ». Cette fausse nouvelle partagée entre autres par les vidéobloggueurs DMS de mouvance alt-right fut rapidement démentie et dénoncée. Comme nous le disions, ce n’était pas une instrumentalisation abjecte des dénonciations anonymes de violences sexuelles qui allait nous empêcher de croire les survivant.e.s et les victimes.

En juillet, un nouveau faux compte, cette fois « Joshephine Murphy » récidivait en créant une fausse dénonciation contre un membre du groupe de musique syndicale et antifasciste, les Union Thugs. Une nouvelle fois, la fausse nouvelle était vivement dénoncée alors que le soutien aux survivant.e.s et le support aux luttes féministes contre les violences sexuelles et sexistes étaient réitérés (Image 4-5-6).

Le groupe de musique Union Thugs dénonçant la fausse nouvelle et l’instrumentalisation des luttes féministes pour miner les luttes antifascistes et supportant les luttes contre la culture du silence.

 

 

 

 

 

Le label DCHC qui organisait un show en Ontario avec les Union Thugs rétablissait également les faits tout en rappelant qu’iels soutiennent toujours les survivant.e.s dénonçant anonymement des violences sexuelles vécues.

 

 

Le collectif féministe montréalais Les Gamines, connu pour avoir diffusé de nombreuses dénonciations anonymes contre des agresseur.e.s en les nommant, dénonçait alors la nouvelle fausse nouvelle créée par Bryan Trottier (aka Joshephine Murphy).

Bryan, Joshephine, Zora… même combat

Dans la plus récente fausse nouvelle contre les Union Thugs, le faux compte Joshephine Murphy ne tentait même plus de se faire passer pour un.e militant.e de gauche, comme on peut le voir sur l’image 7 avec un logo anti-communiste faisant référence aux assassinats sous la dictature de Pinochet. De plus, lors de ses tentatives d’intimidation en ligne de plusieurs pages de gauche, Murphy s’est lui même révélé comme étant « Bryan » (Image 8).

Il n’hésitait pas non plus à se proclamer comme un chef de la Meute dans certains commentaires (Image 9). On peut voir ici que Murphy fait également partie du groupe secret CDN Wolfpack (Image 10) :

 

 

(Capture d’écran de juillet 2018, récupérée par Anti-Racist Canada)

 

On peut aussi remarquer comment Bryan Trottier utilisait probablement simultanément ses deux comptes pour intimider un groupe militant ontarien à l’été 2018 :

 

Bas les masques ! 

Bref, Bryan Trottier, aka Joshephine Murphy ou Zora Xeno ou Barb N Bryan Wolfe, n’est pas un individu isolé mais bel et bien un « haut gradé » de l’organisation d’extrême droite CDN Wolfpack. Jusqu’au 15 septembre dernier, le Wolfpack était une organisation sœur de La Meute du Québec ayant notamment collaboré à des manifestations islamophobes. Malgré la récente scission, le chef (Sylvain Brouillette) de la Meute québécoise rappelait dans leur groupe public que « La Meute et le CDN Wolfpack continueront de travailler en étroite collaboration » (15 septembre 2018). Au moment d’écrire ces lignes, leurs sites Web respectifs étaient d’ailleurs toujours liés (Image 13).

Ces deux organisations fondée sur une islamophobie et un racisme profond disent souvent vouloir protéger les prétendues « valeurs occidentales » (et les femmes blanches d’occident du même coup) contre l’Islam. Elles vont alors fréquemment instrumentaliser le concept de l’égalité entre les femmes et les hommes pour faire gober leur idéologie haineuse et antimusulmane. Les dénonciations d’agressions sexuelles au sein même des chefs la Meute, leur haine du voile, et par conséquent des femmes musulmanes, ainsi que leurs tentatives infructueuses de faire des fausses dénonciations d’agressions sexuelles dans le but de décrédibiliser les luttes féministes contre la culture du viol ne font que prouver une fois de plus la misogynie et l’antiféminisme de leur démarche.

En conclusion, nous devons réaffirmer que le plus grand danger pour les valeurs – féministes, antiracistes, antifascistes et en opposition farouche au colonialisme – que nous portons ce sont  les Bryan Trottier et des organisations racistes comme La Meute, et non pas les nouveaux et nouvelles arrivant.e.s, avec leurs langues, leurs cultures et leurs religions.