Résumé

Dans les dernières années, notamment sous l’influence la droite alternative américaine (alt-right), l’extrême droite s’est assez efficacement approprié les principaux moyens de communication alternatifs contemporains, dont les médias sociaux, la baladodiffusion (podcasts) et les chaînes de vidéoblog (vlog). Au Québec, l’un des plus importants vlog national-populiste est celui d’André « Stu Pitt » Pitre qui, sous le prétexte de se porter à la défense de la liberté d’expression, se fait le véhicule des principaux groupes d’extrême droite québécois et de leurs idées nocives. D’autres projets, comme DMS, sont des canaux de diffusion d’idées réactionnaires et souvent explicitement haineuses et/ou antisémites, comme dans le cas de « Goy » George Tremblay.

André « Stu Pitt » Pitre

André Pitre est l’animateur de la chaîne YouTube « TiMinouNoir ». Après une vie professionnelle marquée par n’importe quoi (spécialiste du comportement félin?), le pitre se réinvente en vlogeur  au service de la droitosphère en 2012, en offrant notamment ses services à la plateforme Gauchedroitistan (un autre haut lieu de la propagande droitiste) et Douteux.TV. La montée abrupte de la droite en 2016 et 2017, avec l’élection de Donald Trump aux États-Unis, la création de La Meute et l’essor d’autres groupes national-populistes, et le massacre islamophobe à la Mosquée de Québec en janvier 2017, Stu Pitt gagne en popularité et sert notamment de principal porte-voix à La Meute dès le printemps de cette même année. À l’été, il part en tournée québécoise pour « la défense de la liberté d’expression », et ses conférences sont « sécurisées » par des goons de La Meute.

En octobre, il essaie d’organiser une série de « débats » (en réalité des panels d’individus tous plus ou moins alignés idéologiquement) au bar La Shop, à Montréal. Après un seul événement, et après avoir annoncé qu’il y organiserait un party d’halloween « anti-politically correct », la série est annulée au premier signe de pression des antifascistes sur l’administration du bar. Depuis, sans doute inspiré par Goebbels et Adolf, pour qui un mensonge répété mille fois devient une vérité, Pitre répète inlassablement le même disque cassé, à savoir que les antifascistes sont un « groupe terroriste domestique ». Il reçoit régulièrement des personnages de la droitosphère dans son nouveau studio « secret », et mène une campagne de socio-financement permanente pour maintenir ses activités.

 

DMS (Dans mes souvenirs)

DMS est un duo de vidéastes ultranationaliste, aux penchants fortement xénophobes, islamophobes, transphobes, misogynes et antisémites, formé de Maxime « DaMcLuv » Morin et Guillaume « Caporal Chef » Beauchamp.

Maxime Morin est un ancien étudiant de Concordia, dont on sait qu’il s’est impliqué activement dans la campagne pour soustraire les groupes étudiants sur le campus au financement automatique. Il a entamé sa carrière de vidéaste « engagé » peu après un incident où il s’est fait sortir d’une manifestation contre l’inauguration de Donald Trump, en janvier 2017. Il a très mal digéré le traitement robuste que lui ont réservé les antifascistes (il faut dire qu’il s’était présenté sur place avec une pancarte pro-Trump et un petit mégaphone pour faire chier les manifestant-e-s), Morin s’est donné pour mission de démasquer les « Antifas », en produisant (très mal) des vidéos  exposant des liens supposés entre différents groupes et individus de la communauté militante montréalaise. En septembre 2017, Montréal Antifasciste s’est penché sur les communications de Maxime Morin, notamment sur son compte Twitter, et s’est rendu compte qu’il avait partagé un grand nombre de tweets explicitement ou implicitement antisémites de David Duke, l’ancien Grand Wizard du Ku Klux Klan. Il véhiculait aussi, notamment, l’idée que la tuerie à la Mosquée de Québec du 29 janvier 2017 était une « fausse bannière ».

En observant un peu les vidéos versées à la chaîne YouTube de DMS, on se rend vite compte des sympathies réactionnaires, et en particulier transphobes, de ses animateurs.

Si Maxime Morin est le « cerveau » de l’opération, Guillaume Beauchamp s’imagine sans doute en être l’homme de terrain, le Maxime Landry des zoufs d’extrême droite. C’est lui qui, caméscope en main, va dans les manifs recueillir les propos des racistes et des réacs nationalistes. C’est aussi lui qui, après avoir soi-disant échappé à une bastonnade, en décembre 2017, a mis en ligne une désopilante vidéo où, passablement éméché et visiblement ébranlé par l’expérience, il déclare la guerre « à la mort » aux antifascistes. Le film d’action qu’il se joue dans sa tête est à la fois mal écrit, mal réalisé et mal interprété. (Une demi-étoile tout de même, pour l’effort et le lol.) Beauchamp refait surface quelques mois plus tard en allant perturber un cours de l’Université populaire (portant sur l’extrême droite) à la librairie Zone Libre.

Un des patterns des gars de DMS est de quêter du cash à leurs fans pour continuer à sévir (sans pour autant vraiment produire grand chose). En novembre, ils ont mis en ligne une vidéo où ils demandaient à leur fan base de les sortir du pétrin financier. Malgré la générosité des leurs admirateurs, Guillaume Beauchamp s’est quand même fait évincé de son logement en décembre parce qu’il n’avait pas payé ses deux derniers loyers. Un peu plus tard, lors d’un passage à l’émission de Stu Pitt, les gars récidivaient en quêtant plus d’argent pour leur permettre d’aller couvrir un événement « top secret ». Encore là, rien n’est ressorti de cette campagne de soucieux-financement, et les fans de ces guignols attendent toujours un retour sur leur investissement…

Suivant la fuite des discussions du Montreal Stormer Book Club, un forum réservé à des militants et sympathisants néonazi de Montréal,  il s’est avéré que Maxime Morin a rejoint ce forum néonazi en janvier 2018, tous juste avant qu’il soit supprimé.

 

George « Goy George » Tremblay

George Tremblay est un théoricien du complot antisémite sévissant sur YouTube. Dans un style qu’on pourrait poliment qualifier d’« empaillé », pour ne pas dire « constipé », celui qui se fait subtilement appelé « Goy George » délire complètement sur l’influence occulte des Juifs et des mondialistes. Mais il ne s’arrête pas là. Tremblay s’en prend à l’establishment politique au complet et, dans son esprit enfiévré, tout le monde et son petit frère fait partie du Grand Complot, y compris les groupes nationalistes-populistes comme La Meute et Storm Alliance! Tremblay n’est digne de mention que parce qu’il représente un courant de banalisation d’un antisémitisme assumé qui rappelle directement (et sans exagération) l’Allemagne des années 1930. L’histoire nous enseigne qu’il est dangereux d’ignorer ou de ne pas prendre au sérieux ce genre de déchet.

On constate d’ailleurs avec étonnement que cet illuminé est suivi fidèlement par des centaines de personnes, dont un grand nombre des fachos profilés ailleurs sur ce site, dans les réseaux sociaux.

 

Nomos TV

Nomos est la chaîne du groupe de pression nationaliste identitaire Québec Horizon actuel. Animé par Alexandre Cormier-Denis et Sengtiane Trempe, Nomos est essentiellement une tribune pour les idées du Front National au Québec. Le site est très peu actif depuis la déconfiture épique de Cormier-Denis à l’élection partielle de Gouin, au printemps 2017.

 

Les Exilés

L’Occidé Québec est la chaîne vidéo des Exilés, un trio de philosophes de pacotille formé par Félix Brassard, Michaël Lauzon et Samuel Vanasse. Tout en prétendant se placer au-dessus de la mêlée, ou du moins à l’extérieur du continuum gauche-droite, dans leur traitement de « l’actualité politique », les Exilés participent au courant actuel de banalisation des idées conservatrices, de droite et d’extrême droite. Un simple coup d’œil à leur chaîne suffit à constater qu’ils se situent résolument dans le champ de la droite nationaliste, ce que confirme un examen plus minutieux. Les Exilés sont d’ailleurs une continuation du défunt projet de vlog nationaliste Les Fils de la Liberté.

 

Dans la catégorie « je suis un nobody pas très futé, mais j’ai une opinion, faque je la donne »…

En même temps qu’elle nous donne la preuve qu’un avis, c’est comme un trou du cul (tout le monde en a un), Josée Rivard nous prouve qu’un trou du cul peu aussi avoir un avis sur tout! Rivard est la représentante la plus en vue d’un mode d’expression qui a beaucoup gagné en popularité en 2017 au Québec : l’égovidéo-réactionnaire-shootée-dans-un-châr. Le concept est simple : se filmer dans sa voiture en train de péter une coche sur un sujet d’actualité, généralement concernant les Musulman-e-s, les immigrant-e-s, les Libéraux et/ou l’emprise diabolique de la gauche sur le gouvernement et les médias.

Preuve irréfutable de l’imminence de la fin des temps, Josée Rivard compte 26 000 suiveux et suiveuses sur Facebook.