Préambule : Atalante met de l’avant une imagerie guerrière basée sur la figure de l’homme guerrier blanc, dernier rempart contre la déliquescence du multiculturalisme et du monde moderne. Le groupe, composé essentiellement d’hommes, promeut une idéologie fasciste de facto patriarcale et antiféministe. Depuis que nous enquêtons sur le groupe nous avons pourtant consacré plusieurs articles à des femmes, notamment Roxane Baron, Heïdy Prévost et aujourd’hui, Laurie Baudin, bien qu’elles soient sous-représentées dans le groupe. Nous avons également constaté que les conséquences de nos articles semblent plus marquées pour les personnes opprimées en fonction du genre (Roxane Baron a vraisemblablement été tassée d’Atalante, tandis que Heïdy Prévost perdait des contrats professionnels). S’il est entendu que n’importe quelle personne s’associant avec un groupe toxique comme Atalante mérite d’être exposée, nous croyons qu’il est important de lancer une réflexion sur les contradictions soulevées par la présence active de femmes au sein de groupes fascistes et antiféministes. Ce pourrait être le sujet d’un prochain article.

 

Depuis 2018 Montréal Antifasciste documente les activités du groupe néofasciste Atalante, essentiellement implanté dans la ville de Québec. On commence à bien connaître la façade publique de l’organisation, notamment en ce qui concerne ses coups d’éclat (comme l’affaire Vice), ses campagnes d’affichage, ou encore ses distributions de sandwichs, une stratégie empruntée à des organisations néofascistes européennes comme Casapound (en Italie) et Bastion Social (en France, une organisation aujourd’hui dissoute, mais qui se reconstruit sous forme de petits groupes locaux autonomes).

Ces actions ont un autre point commun : elles sont soigneusement mises en scène, photographiées et publicisées sur les comptes Facebook et Instagram d’Atalante, ainsi que sur son site web. Nous (re)connaissons la plupart des individus qui se retrouvent sur les photos, mais ignorions qui se trouvait de l’autre côté de l’appareil photo et qui hésite manifestement à prendre le devant de la scène. Une observation des dernières sorties du groupe dans les rues de la capitale à l’été 2020 nous permet d’affirmer qui est cette personne (ou au moins l’une de ces personnes) : il s’agit de Laurie Baudin, membre très discrète d’Atalante Québec.

Dans cette vidéo et dans ces photos captées en août 2020, on reconnaît Laurie Baudin, téléphone cellulaire à la main, accompagnant et prenant en photo Jonathan Payeur, Louis Fernandez, Sven Côté et un autre individu lors d’une mise en scène de distribution de sandwichs.

 

Un-e sympathisant-e antifasciste qui a personnellement connu Laurie Baudin au Cégep Garneau l’a croisée avec Atalante lors d’une autre sortie au mois de septembre 2020 et a pu nous confirmer hors de tout doute qu’il s’agissait bien d’elle sur les photos.

 

Qui est Laurie Baudin?

Au moment de la sortie de l’article Démasquer Atalante en décembre 2018, nous écrivions ceci à son sujet :

« Partenaire de Dominic Brazeau, elle est peut-être davantage une hangaround d’Atalante qu’une membre active. Comme eux originaire de Mont-Laurier, elle est toutefois très présente dans le cercle social formé autour des frères Mailhot-Bruneau. On la voit sur cette photo poser fièrement avec les couleurs du groupe aux côtés de Marie-Ève Mecteau, alias Evymay Lacroix, et d’Heïdy Prévost. »

Laurie Baudin, à gauche, avec deux autres sympathisantes d’Atalante, Evymay Lacroix et Heïdy Prévost, portant les couleurs d’Atalante à l’occasion de la Saint-Jean-Baptiste.

 

Laurie Baudin, à droite, en compagnie de son chum Dominic Brazeau, de Jonathan Payeur et de Roxanne. Le motif récurrent du couteau entre les dents est une référence aux arditi, les troupes de choc de l’armée italienne chargées d’assassiner les ennemis à l’arme blanche dans les tranchées. Les vétérans arditi allait plus tard former le noyau dur des chemises noires fascistes, les fasci sous le commandement de Mussolini, tandis qu’une faction rebelle devait former les premières milices antifascistes, les Arditi del popolo.

 

Nous sommes maintenant en mesure d’en dire un peu plus à son sujet.

Nous pensions que Laurie Baudin était une simple hangaround, mais nous avions tort. La surveillance des comptes de médias sociaux de l’entourage d’Atalante, et en particulier ceux de Roxanne Baron (véritable paparazzi de la scène fasciste québécoise), indique que Laurie est présente lors de la plupart des évènements sociaux d’Atalante et du Québec Stomper Crew (le gang de rue à l’origine d’Atalante, regroupant uniquement des boneheads), qu’elle participe à la préparation des actions du groupe et qu’elle fréquente de près les leaders de l’organisation : Raphaël « Raf Stomper » Lévesque et sa conjointe new-yorkaise Danielle « Duke » Doukas, Jonathan Payeur, Yannick Vézina, etc.

On reconnaît Laurie Baudin lors d’une sortie d’Atalante, riant de bon cœur aux côtés du chef Raphaël «Raf Stomper» Lévesque, de Roxanne Baron, Olivier Gadoury, Benjamin Bastien et Vincent Cyr, entres autres. Elle porte un t-shirt du groupe néonazi français, Baise ma Hache.

 

Laurie Baudin, au centre, entourée des militantes d’Atalante Vivianne St-Amant (à gauche) et Roxanne Baron. Elle porte un hoodie European Brotherhood, une marque italienne à qui l’on doit des visuels sans ambiguïté (comme le « WPWW » pour White Pride World Wide) et qui est aussi un site diffusant de la musique néonazie, principalement germanique. (Voir l’article Lyon : une dentiste néonazie, « c’est sans danger » ? des camarades de La Horde.)

 

Roxane Baron et Laurie Baudin (de dos) en train de réaliser une bannière pour Atalante («Immigration, armée de réserve du capital»). On remarque qu’elle porte un chandail marqué de la phrase « Saisir la foudre », du nom du livre/programme d’Atalante.

 

Avec Roxanne Baron, Sven Côté et Danielle Doukas.

 

Comme on le voit sur ces photos, Laurie est assez discrète et s’affiche peu contrairement aux autres membres d’Atalante, qui exhibent leurs tatouages et portent souvent des vêtements politiquement explicites. Au premier coup d’œil sur les réseaux sociaux de Laurie Baudin, on pourrait penser qu’elle est toujours la jeune membre du Club Rotary Québec – Val-Bélair qui déclarait au journal local en novembre 2017 vouloir « changer le monde, une personne à la fois ».

 

Un fascisme décomplexé

Nous avons ainsi eu la surprise de retrouver Laurie Baudin derrière le compte Instagram @miss_revolt (aujourd’hui fermé), qui confirme son allégeance à une idéologie fasciste, suprématiste blanche et anti-LGBTQ+.

« Québec, Jeunesse, Révolution » une adaptation du slogan nationaliste-révolutionnaire « Europe, Jeunesse, Révolution », popularisé par une chanson du groupe de rock identitaire français, Fraction (auquel appartenait Philippe Vardon, un fondateur des Jeunesses Identitaires, ex-Génération Identitaire).

Confréries Dannungio : une référence probable à Gabriele D’annunzio, une figure importante du fascisme italien et rival de Mussolini.

 

Un tout mimi gribouillage de croix celtique, le symbole du mouvement «White Power».

 

Une référence probable au slogan néofasciste « Révolte contre le monde moderne », inspiré par Julius Evola.

 

Sans pouvoir l’affirmer, on est en droit de se demander si Laurie Baudin, la photographe du groupe, n’offre pas également ses services de graphiste aux côtés de d’Étienne Mailhot-Bruneau… On regarde ça.

Si vous avez d’autres renseignements à nous communiquer au sujet d’Atalante, de ses sympathisant-e-s et de son entourage, n’hésitez pas à nous écrire à alerta-mtl @ riseup.net.