Avertissement : cet article reproduit des éléments à caractère raciste, transphobe et misogyne.
À noter que le contenu de cet article est sujet à modification.
« ACD », comme il est maintenant plus ou moins convenu de l’appeler, est sans l’ombre d’un doute l’un des plus virulents et prolifiques propagandistes d’extrême droite au Québec. Plus précisément, il est le fer de lance d’un nationalisme ethnique, suprémaciste blanc, « catho-laïque », islamophobe, farouchement opposé à toute forme d’immigration (non blanche) et explicitement ancré dans un racisme décomplexé, tantôt culturel, tantôt biologique. Il conspue tout ce qui est de près ou de loin progressiste, assimilant à la gauche radicale (ou à l’« ultra-gauche » ou au « marxisme culturel » ou au « bolchevisme » ou à l’« islamogauchisme », selon ses humeurs) l’ensemble des acteurs des sphères politique et médiatique ou de la société civile se trouvant un tant soit peu à la gauche de la Coalition Avenir Québec.
Ah oui, et il nie catégoriquement faire partie de l’extrême droite. Ou même que celle-ci existe.
Avec une poignée d’acolytes, il sévit depuis bientôt dix ans déjà. D’abord au sein du club politique Horizon Québec actuel, fondé en 2016, qui visait à promouvoir ici les idées du Front national, puis comme candidat avec le Parti indépendantiste, dont l’histoire est notoirement truffée de liens avec la nébuleuse néonazie québécoise. Enfin, à partir de 2017, comme figure principale du projet Nomos-TV, une webtélé de « réinformation » engagée dans un combat métapolitique pour (extrême-)droitiser la société québécoise.
Hormis une fiche d’information publiée en 2018 sur le site de Montréal antifasciste, nous avions jusqu’ici négligé de documenter et de commenter la montée en influence de Cormier-Denis, choisissant d’éviter de lui donner de l’attention. Toutefois, le contexte actuel commande une réévaluation de ce choix.
Voici donc un portrait d’Alexandre Cormier-Denis et de Nomos-TV. Cet article vise à lever toute ambiguïté sur son appartenance à l’extrême droite la plus dure, dans l’espoir de freiner l’alarmant mouvement de normalisation du personnage, de son projet et de ses acolytes que l’on observe depuis quelque temps.
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Qui est Alexandre Cormier-Denis?
Nous ne nous attarderons pas ici sur les détails biographiques du personnage, puisqu’on peut facilement les retrouver ailleurs. Nous vous invitons d’ailleurs à lire le dossier chronologique qu’ont récemment compilé les camarades du blog de l’Observatoire québécois du fascisme.
Notons tout de même que malgré ce que l’on pourrait croire, Cormier-Denis s’est longuement identifié à la gauche. Il en était du moins encore assez proche pendant la grève étudiante de 2012 pour manifester au sein des cortèges radicaux.
Il commence à s’intéresser au monde arabe en 2010 dans le cadre de ses études en histoire, qui le mènent notamment en Égypte dans le contexte du « printemps arabe ». C’est dans ces circonstances qu’il se lie d’amitié avec Philippe Plamondon, un musicien raté de la scène glam rock des années 1990.
C’est à cette période que Cormier-Denis opère son retournement idéologique. Plamondon et lui fondent Horizon Québec actuel (HQA) en 2016, avec Étienne Turgeon-Pelletier. Les compères de HQA rencontrent Marine Le Pen, la présidente du Front national, dont ils souhaitent faire rayonner les idées au Québec.

Les militants d’Horizon Québec actuel avec Marine Le Pen, en 2016. Alexandre Cormier-Denis (deuxième à partir de la gauche), Étienne Turgeon-Pelletier (à droite de Le Pen) et Philippe Plamondon.
Leur proximité avec le FN et la réputation toxique que cette affinité impliquait encore à l’époque leur valent d’être répudiés au Parti québécois. En 2017, lors d’une élection partielle dans la circonscription de Gouin, ACD présente sa candidature pour le Parti indépendantiste, une formation marginale tristement célèbre pour ses liens avérés avec des néonazis. Il reprend à son compte une publicité à teneur xénophobe du Front national, ce qui lui attire une certaine attention; il ne recueille pour autant que 81 voix.
De 2017 à aujourd’hui, il consacre l’essentiel de son activité à la webtélé Nomos-TV, cofondée avec Philippe Plamondon (voir la section ci-dessous).
En 2019, il est bizarrement invité à participer à une émission de débat à Télé-Québec, où il prône une réduction drastique de l’immigration. Son passage suscite la polémique lorsque l’humoriste Mehdi Bousaidan le traite (avec raison) de raciste sur les ondes de Radio-Canada, ce qui force l’animateur Jean-Philippe Wauthier à s’excuser publiquement.
Cormier-Denis provoque une nouvelle controverse en 2023 lorsqu’il parvient à se faufiler dans des consultations sur la planification de l’immigration, dans le cadre d’une commission parlementaire à l’Assemblée nationale. Son mémoire, intitulé « Manifeste pour une politique d’immigration responsable », est malgré tout déposé sur le site de l’AN.
Alexandre Cormier-Denis occupait jusqu’à tout récemment, avec sa compagne, Marie-Claude Plessis-Bélair, un logement dans un duplex appartenant à ses beaux-parents, sur la rue Garnier dans le très « woke » Plateau-Mont-Royal. Il est raisonnable de croire qu’il enregistre ses émissions pour Nomos à son domicile et qu’il n’occupe aucun autre emploi rémunéré, ce qui donne à penser qu’il vit en partie aux crochets de sa compagne, laquelle sert donc de caution et de support matériel à son activité militante.
Nous savons peu de choses de ses parents, hormis que son père loge visiblement à la même enseigne idéologique que lui, si l’on en croit ses intérêts sur Facebook.
Nomos-TV
Dans ce contexte particulier, le terme « nomos » est vraisemblablement une référence au philosophe et juriste du parti nazi Carl Schmitt (1888-1985), dont il semble que la pensée a exercé une influence considérable sur Cormier-Denis. Dans Le Nomos de la Terre (1950), Schmitt définit le nomos comme « la forme immédiate de l’appropriation politique du sol », ce qui renvoie dans le contexte québécois à l’appropriation du territoire (la séparation) et l’institution d’un ordre juridique et politique autonome.
Selon ses créateurs eux-mêmes, la webtélé Nomos-TV s’inscrit dans une démarche de « réinformation » métapolitique, c’est-à-dire une œuvre de transformation des valeurs dominantes au sein de la société – par ce qu’on nomme par ailleurs la « guerre culturelle » – en vue de créer les conditions propices à l’exercice du pouvoir par la droite ethnonationaliste ultraconservatrice, un sous-ensemble de l’extrême droite que les principaux intéressés désignent sous l’euphémisme « droite nationale ».
Ce dernier terme, répété comme un mantra, est directement emprunté au vocabulaire du Cercle Jeune nation (CJN)[i], un groupe de réflexion d’extrême droite actif dans les années 1980 et 1990, dont les animateurs font vraisemblablement figure de maîtres à penser pour ACD et son projet métapolitique. Dans le No 2 des Cahiers de Jeune nation (juillet 1992), le président du CJN, François Dumas, justifiait ainsi cette diversion lexicale :
« Nous préférons retenir les termes de « nationaliste de droite » et de « droite nationale » plutôt que celui d’« extrême droite » pour décrire le courant de pensée auquel nous nous rattachons. Ce dernier terme est généralement utilisé par nos adversaires pour stigmatiser et condamner par amalgame tout un courant de pensée, fort différent dans ses diverses composantes. […] »
Pourquoi donc le préciser, si ce n’est que les deux termes sont en fait interchangables?
Dans la première vidéo mise en ligne en 2017, ACD présente le projet Nomos-TV en ces termes :
« Vous aussi vous en avez marre des médias de masse qui vous prennent pour des imbéciles, qui vous empêchent de réfléchir à tous les sujets d’actualité, comme l’immigration de masse, le multiculturalisme, le patriotisme économique, ou encore l’anglicisation de Montréal? Ben nous aussi on en a marre. C’est pour ça qu’on a fondé Nomos-TV, la première webtélé nationaliste, souverainiste et patriote du Québec. À Nomos-TV, on considère que le clivage gauche-droite est totalement périmé. En fait, le vrai clivage politique actuel, c’est celui qui oppose les mondialistes aux patriotes. […] »
Entre 2017 et 2021, la petite équipe publie des centaines de vidéos à teneur national-populiste et ethnonationaliste, où pointe déjà une rhétorique sulfureuse sur le « grand remplacement », « l’islam politique » et la « noyade migratoire du Québec ». Dès le début, l’antenne est partagée entre Cormier-Denis, qui fait du commentaire sur l’actualité politique en s’adressant seul à la caméra, et Philippe Plamondon et Sébastien de Crèvecœur qui animent la série « Culture & Société ». (Sébastien de Crèvecoeur, par ailleurs lui-même un émigré français, a déjà avoué être partisan de la « solution » d’Anders Breivik, le néonazi qui a tué 77 personnes en Norvège en 2011.) Ces derniers produisent du commentaire général sans intérêt sur tous les sujets qui leur servent de prétexte pour casser du sucre sur le dos des immigrant·es, des musulman·es et de la gauche de manière générale.

Un exemple récent de vignette d’émission dans la série « Culture & Société » de Nomos -TV, animée par Philippe Plamondon et Sébastien de Crèvecœur. Le racisme crasse est récurrent.
Au fil du temps, ACD affine son style, qui se cristallise : un bonhomme en costard qui parle fort sur un ton péremptoire, fait étalage de sa culture, raille les minorités et la gauche, et ponctue ses logorrhées de furieux grognements, d’éclats de rire forcés et d’envolées spectaculaires pour faire ricaner la galerie. Huit ans plus tard, la recette reste la même.
>>> Pour visionner une sélection d’extraits d’une émission récente
Pour un temps en 2017, Nomos-TV s’associe à Richard Le Hir, l’ancien député du Parti Québécois dans Iberville, qui produit quelques capsules et collabore avec Cormier-Denis sur la webtélé RadioInfoCite.com, une sorte de précurseur de Nomos.
Cormier-Denis reçoit à l’occasion des invités sur sa chaîne, dont un jeune proche du Front canadien-français, et Raphaël Lévesque, le leader du groupuscule néofasciste Atalante Québec, au lendemain de son acquittement dans l’affaire du chahut dans les bureaux de Vice à Montréal.
En octobre 2021, dans la foulée d’une plainte formulée par le Réseau canadien anti-haine, Nomos-TV est chassée de YouTube. Les artisans de la chaîne accusent un coup considérable, mais leur catalogue est archivé sur la plateforme libertarienne Odysee, qui se présente comme un refuge pour les conspirationnistes et l’extrême droite « déplateformée ». La chaîne réapparaît peu après en formule d’accès payant sur le site de Nomos-TV.
Cormier-Denis connaît un certain engouement en France à la suite d’un extrait viral où il s’en prend aux expatriés français « gauchistes » installés au Québec, dont il se moque de « l’accent dégueulasse ». La popularité du personnage en France se confirme et le conduit, douce ironie, à adopter lui-même un accent dégueulasse. ACD devient un mème.
Cormier-Denis est tellement reconnu au sein de la fachosphère française qu’il fait l’objet d’une longue mention dans le livre Pop Fascisme : comment l’extrême droite a gagné la bataille culturelle sur Internet (Éditions Divergences, 2025), des journalistes spécialisés Pierre Plottu et Maxime Macé.
« Le public d’extrême droite français étant assez chauvin, il est rare que des personnalités autres que françaises parviennent à émerger au sein de la sphère radicale francophone […]. Pour autant, une autre personnalité a réussi à s’implanter au sein de la fachosphère française : Alexandre Cormier-Denis. […] “ACD” est […] québécois et s’exprime donc en français, ce qui a grandement facilité la diffusion de ses vidéos auprès du public hexagonal. […]
Doté d’un certain charisme, l’homme a su attirer à lui un public français bien que la majorité de ses contenus concerne la politique québécoise et canadienne. C’est d’ailleurs l’extrait d’une vidéo où il s’exprime sur les Français au Québec qui a attiré l’intérêt du public hexagonal. Il y fustige les “sales gauchistes qui vivent le grand remplacement en France et viennent vivre le rêve de Justin Trudeau” […] et qui auraient, selon lui, l’outrecuidance de s’exprimer parfois en anglais à leurs enfants. […] Il a surtout ravi et fait rire tout une frange de la fachosphère qui s’est emparée de l’expression “sale gauchiste”, volontairement prononcée avec un accent québécois forcé pour en faire un gimmick. Un mème de plus.
Dès lors, le public français s’est intéressé au contenu d’Alexandre Cormier-Denis, suprémaciste blanc revendiqué. Notamment pour sa gouaille et l’emploi de mots particulièrement racistes, comme “n*****” et “métèques” à longueur de vidéos. […] et force est de constater que ses saillies et ses colères contre le progressisme et le multiculturalisme attiraient bon nombre de Français. Au cours de l’année 2020 et 2021, la fachosphère hexagonale a même repris à son compte plusieurs expressions directement tirées des émissions de Cormier-Denis. Par exemple, “zoum zoum zoum”, périphrase renvoyant à la remigration des étrangers non blancs (et de leurs descendants). Ou de désigner Éric Zemmour comme le “Sépharade magique”… » [pp. 60-61]
Dans les dernières années, ACD multiplie les collaborations avec des figures de l’extrême droite française, dont une série d’échanges avec le suprémaciste blanc Daniel Conversano et un autre propagandiste d’extrême droite, Nicolas Faure (23 émissions à ce jour). Il tient depuis quelques mois une chronique régulière, les « Vendredis Cormier-Denis », pour le média français d’extrême droite Frontières (10 chroniques à ce jour; à propos de Frontières, voir le topo préparé par les camarades de la chaîne Rhinocéros de Blast).
Sur les médias sociaux, un compte Telegram créé en mai 2020 compte aujourd’hui plus de 4 000 abonnés, dont une part considérable de fanboys français habitués des réseaux identitaires et fachos de toute sorte. Il existe aussi un canal Telegram privé réservé aux abonnés. À ce jour, Nomos compte 8 672 abonnés sur X/Twitter, tandis que le compte personnel de Cormier-Denis en compte plus de 46 000.
Depuis mai 2022, à l’occasion de la fête nationale, Nomos organise une diffusion web en direct intitulée « Saint-Jean de la Race » (en référence à la « race » canadienne-française, d’après Lionel-Groulx). Ces fêtes privées, tenues à Montréal (en 2023 et 2024) dans les studios de Lux Media, et à Québec (en 2022 et 2025) au Bar le Duck, n’attirent chaque fois que quelques dizaines d’adeptes, parmi lesquels on aperçoit toutefois des membres d’Atalante Québec, du Parti nationaliste chrétien et de White Lives Matter/Frontenac Active Club, dont la mascotte néonazie Shawn Beauvais-MacDonald.
Les gars de Nomos-TV, cherchant à diversifier leurs sources de revenus, vendent de la marchandise sur leur boutique en ligne, dont une enquête numérique nous a appris qu’elle est hébergée par l’entreprise Loiselle.solutions d’Aleck Loiselle. Ils distribuaient déjà depuis longtemps des t-shirts aux couleurs de la webtélé, mais se sont plus récemment adjoint les services d’une artiste tatoueuse de la région de Chaudière-Appalaches, Adrienne Bernard[ii] (alias « Adrie MissMartre » sur Facebook), qui exploite une entreprise de sérigraphie, Impressive impression sur demande.
Ainsi, au côté des t-shirts de Duplessis et chaussettes à l’effigie de Lionel Groulx (moyennement respectueux pour le chanoine, soit dit en passant…), on retrouve depuis peu des designs du fondateur du FN, Jean-Marie Le Pen, et de « l’Alligator Alcatraz », le complexe de détention illégale pour migrant·es sans papiers érigé en Floride par le régime Trump en juillet 2025. Il est à ce titre assez dissonant d’entendre Philippe Plamondon dénoncer à hauts cris la « violence politique » de la gauche, pour promouvoir dans la phrase suivante un t-shirt tournant en dérision l’éventuel massacre de migrant·es dans les marécages floridiens.
Que prône ACD?
Idéologiquement, Cormier-Denis adhère à un nationalisme identitaire/ethnique ultraconservateur. Il est hypercritique du nationalisme civique qui a caractérisé le mouvement de libération nationale depuis la Révolution tranquille et la fusion des ailes conservatrice et progressiste du mouvement indépendantiste au sein du Parti Québécois, à la fin des années 1960.
L’axe principal de son programme idéologique est la séparation du Québec, qui serait seule garante de la survie de la « race » canadienne-française. Il ne rejette pas seulement l’immigration dite « illégale », mais aussi l’immigration par voie régulière, qualifiée « de masse » et décrite comme un complot du fédéralisme canadien pour « submerger » le Québec et faire disparaître la majorité blanche, francophone et catholique d’extraction européenne. Il souscrit ainsi à la théorie du « grand remplacement » et autres variations contemporaines sur le thème du « génocide blanc ».
Son nationalisme en est un de fermeture, évidemment hostile à la social-démocratie classique telle que défendue, par exemple, par une formation comme Québec solidaire, qu’il assimile sans broncher à la gauche la plus radicale. Il se réjouit par ailleurs du virage identitaire opéré par l’option « autonomiste » qu’incarne par la Coalition Avenir Québec (CAQ), et par le Parti Québécois (PQ) sous la direction de Paul Saint-Pierre Plamondon.
Il verse aussi régulièrement dans le masculinisme, la transphobie et le racisme culturel (islamophobe) et biologique (par exemple, anti-Noir).
Cormier-Denis, malgré la somme colossale de preuves à l’effet du contraire, nie représenter l’extrême droite. Il nie même, à l’instar de Mathieu Bock-Côté, l’existence de l’extrême droite, préférant décrire son camp comme celui de la « droite nationale ». Ce déni insistant est d’ailleurs plutôt curieux : c’est à la fois un aveu implicite de la toxicité de l’extrême droite et une sorte de répudiation de son propre camp. On devine qu’il s’agit d’un choix purement stratégique, un tour de passe-passe sémantique au service de la dédiabolisation. Personne n’est dupe du stratagème, cependant, comme en font foi les nombreux pseudonymes et propos douteux des « nomosiens ».

Un échantillon de commentaires et de questions tirés du clavardoir lors des émissions en direct de Nomos-TV. À noter que Plamondon choisit souvent de relever les noms à caractère raciste.

Un échantillon d’affichage explicitement raciste sur le canal « Clavardage Nomos-TV», parmi des centaines du même genre.
En 2024, Cormier-Denis a fait paraître, aux Éditions Avant-Garde[iii], Écrits nationalistes : Recueils de textes [2016-2023]. Cet ouvrage, comme son titre l’indique, présente ses billets ou des retranscriptions d’entrevues accordées à droite et à gauche au fil des ans.
N’écoutant que notre courage, nous avons lu son livre pour que vous n’ayez pas à le faire.
D’entrée de jeu, ACD a obtenu une préface de nul autre que Renaud Camus, le père de l’expression « grand remplacement » (c’est même le titre de son livre paru en 2011). Ce dandy d’extrême droite, qui vit dans un vieux château en France, exerce une très forte influence chez les identitaires, influence qui s’est même répercutée sur le terroriste islamophobe qui a massacré plus de 50 personnes dans deux mosquées à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, en 2019. Celui-ci avait en effet intitulé son manifeste, tout simplement, « The Great Replacement ».
Dans sa préface, Renaud Camus souligne qu’il « aime beaucoup » la « vaillance », l’« obstination » et le « talent » de son émule québécois. Il exprime aussi son « affection pour le Québec » — « nous sommes [de] la même race », selon lui — et rappelle que son expression « le grand remplacement » lui a été inspirée du « grand dérangement », organisé par les Anglais en Acadie au XVIIIe siècle. Dans cette préface, Renaud Camus aligne les déclarations aussi horribles que ridicules : la France « est cent fois plus colonisée aujourd’hui qu’elle n’a jamais colonisé elle-même »; elle subit un « génocide de substitution »; le « sionisme » est une « résistance » au « remplacisme », etc. Comme bien des identitaires, il défend la thèse qu’il y a un « bon racisme », celui qui veut que chaque peuple ou nation reste à sa place, sur son bout de terre d’origine, et qu’il n’y ait aucune migration. Il défend conséquemment la « remigration », soit la déportation massive des populations migrantes dans leur pays d’origine. Enfin, il se déclare fièrement « décolonial », reprochant même à Cormier-Denis de renier ce passé du nationalisme anticolonial.
En effet, le livre d’ACD s’ouvre par un texte paru sur le site d’Horizon Québec Actuel en 2016, « Le renouveau national : pour en finir avec le tiers-mondisme », dans lequel il rejette ouvertement l’héritage du « néonationalisme » québécois des années 1960, d’ailleurs de gauche et même parfois anticapitaliste, s’identifiant aux mouvements anticoloniaux en Algérie, à Cuba et au Vietnam, ou au Black Power (voir « Speak White », de Michèle Lalonde, ou le fameux livre de Pierre Vallières, qu’ACD critique pour son titre, car c’est selon lui un affront de qualifier les Québécois de n****) : « Non, nous ne sommes pas des Algériens, des Afro-Américains ou des Vietnamiens », déclare ainsi ACD [p. 28].

Une citation d’ACD tirée du numéro d’hiver 2025 du Harfang, le journal de la moribonde Fédération des Québécois de souche (FQS). Rappelons que cette organisation parapluie de l’extrême droite québécoise a été fondée en 2007 par des néonazis.
Son livre est subdivisé en quatre parties : « nationalisme et identité nationale »; « immigration et démographie »; « gauche totalitaire et révolution culturelle »; et « géopolitique et international ». ACD s’y gargarise d’un vocabulaire convenu qu’il régurgite en psalmodies, comme dans ses émissions : les « patriotes ne veulent pas une utopie sortie des cerveaux malades des théoriciens queers et postmodernes biberonnés aux subventions universitaires » [p. 25]; le « wokisme » est un « mouvement néo-puritain qui vise à culpabiliser ses adeptes blancs de leurs soi-disant privilèges, cette nouvelle religion sécularisée s’accorde totalement à l’idéologie multiculturaliste au cœur de la doctrine identitaire canadienne » [p. 99]. Il dénonce la « cohorte de pleurnicheuses d’extrême gauche — biberonnées au multiculturalisme de l’État canadien », un Québec « intoxiqué par le marxisme culturel » [p. 28] et s’insurge contre l’« industrie de la repentance. La repentance blanche », en déclarant qu’il faut assumer qu’il y a eu des esclaves en Nouvelle-France, mais tout en minimisant la portée du phénomène [p. 29].
Il s’en prend avec encore plus d’ardeur à ce qu’il appelle l’« anti-Québec », une expression calquée sur l’« anti-France », laquelle regroupait jadis, aux yeux de l’extrême droite française, les francs-maçons, les Juifs et les communistes… Pour ACD, l’étiquette anti-Québec s’applique surtout à l’alliance objective entre le PLQ et QS. Il attaque aussi le PQ et le BQ pour leur « patriotisme civique » et leurs tentatives — pourtant bien timides — de séduire les populations migrantes. Il annonce que les Canadiens français au Québec deviendront minoritaires en 2035, d’où son usage d’expressions comme « submersion migratoire », « noyade migratoire » [p. 82, 97] ou « grand remplacement » [p. 40, p. 68, p. 80, p. 85]. Il interpelle ses camarades souverainistes qui n’en ont que pour la langue française, car parler français, pour lui, n’est pas suffisant pour être Canadien-français. L’immigration, même francophone, est un grave problème, et il faut défendre la « catho-laïcité » de manière assumée (« La catho-laïcité québécoise : ni retrait du crucifix ni voile islamique », Vigile, septembre 2018), plutôt que d’adopter la « laïcité républicaine française », un principe « dévirilisé » [p. 47) « totalement étranger à l’histoire politique du Québec » [p. 43]. Sa position au sujet des Juifs n’est pas simple, puisqu’un personnage aussi cultivé que lui doit bien connaître la connotation clairement antisémite de l’expression « les élites juives cosmopolites » [p. 153]. Il prétend toutefois que les Juifs ashkénazes sont plus intelligents que la moyenne mondiale et prône, dès le 11 octobre 2023, de « délocaliser » toute la population palestinienne comme solution au « conflit israélo-palestinien » [pp. 155-156].
Pour accéder à l’indépendance du Québec, il s’oppose farouchement à un troisième référendum, considérant que le camp du OUI risque fort de perde, et s’inquiétant que de toute façon, l’État canadien fédéral ne reconnaisse pas une éventuelle victoire. Il prône plutôt un « étapisme furtif », par l’adoption d’une constitution, le renforcement de la catho-laïcité, la défense du français, plus d’investissement dans la formation spécialisée et la robotisation (???), afin de « grignoter » de plus en plus de pouvoirs d’Ottawa et rendre ainsi le Québec quasiment souverain, de fait. Il prend même comme modèle le Canada, qui s’est émancipé peu à peu du joug de l’Empire britannique, en devenant de plus en plus souverain, jusqu’à ne garder de l’empire que le symbole de la couronne. Dans son texte « Les souverainistes et les armes à feu » (Vigile, 2020), il reprend la logique des défenseurs d’armes aux États-Unis, qui croient qu’elles permettraient à quiconque d’abattre des terroristes en action, et appelle « à constituer une milice patriotique se transformant en garde nationale dont la vocation serait de remplacer les Forces armées canadiennes sur le sol québécois » [p. 48]. Son admiration des milices armées ne l’empêche pas de dénoncer de manière convenue la prétendue violence de « milices anarcho-bolcheviques » [p. 71] et « le mouvement violent et meurtrier Black Lives Matter » [p. 73].
Au-delà des armes, il pratique plutôt la « guerre culturelle », ce qu’il admet explicitement, quand il explique que le Québec serait « très à gauche » sur les questions sociales, comme le féminisme et l’homosexualité, et que « la droite nationale doit donc mener une guerre culturelle totale ». C’est dans cet esprit qu’il dit avoir lancé Nomos-TV [p. 97]. Il reconnaît des victoires dans cette « guerre culturelle », quand il déclare par exemple que « l’accusation infamante de “wokisme” servant à décrédibiliser l’extrême gauche est une victoire sémantique [de discours] de la droite » [p. 128].
Bref, à la lecture de son livre, on constate sans difficulté sur quels fondements Cormier-Denis voudrait ériger un État-nation pour la « race » canadienne-française, et il appert que nous serions très, très nombreux·euses en être exclu·es de facto…
Quelques exemples tirés d’une seule émission récente de Cormier-Denis
Cormier-Denis est loin d’être un idiot, et il a visiblement une culture générale considérable, mais son horizon intellectuel reste sacrément limité. Son programme se résume aux quelques idées maîtresses esquissées ci-dessus, qu’il répète en boucle à tous propos et sur tous les tons. Il a mis en ligne des centaines d’émissions au fil des ans, mais non seulement le corpus dans son ensemble est-il excessivement répétitif, l’actualité étant systématiquement examinée à l’aune de ses obsessions identitaires, chaque émission est aussi d’une lourdeur abrutissante. Le mode d’opération consiste à réitérer deux ou trois idées clés pendant une heure ou deux, en prenant les questions des fidèles aux surnoms racistes que relève Plamondon dans le clavardoir.
À raison de deux ou trois émissions par semaine animées par Cormier-Denis, qui s’ajoutent à celles que coaniment Plamondon et de Crèvecœur, Nomos-TV parvient à produire entre cinq et dix heures de contenu par semaine, toujours en rabâchant les mêmes thèmes ad nauseam.
Vous conviendrez que c’est une quantité de merde parlée si monstrueuse qu’il serait impossible au commun des mortel·les de s’y exposer sans perdre tout à fait la raison. Et si vous pensez que les émissions d’ACD sont abêtissantes, ce n’est rien à côté de la stupidité abyssale des productions de Plamondon et de Crèvecœur. Ces deux-là sont les authentiques Ding et Dong de l’extrême droite québécoise, en plus niaiseux et beaucoup moins drôles. Leurs émissions, qui défoncent régulièrement la marque des 150 minutes, forment un galimatias infini « d’analyses » insignifiantes, de fantasmes de complot et de délires réactionnaires exposés sur le ton de la certitude absolue. N’y touchons même pas.
Pour les besoins de cet exposé, nous nous contenterons donc d’extraire ici des passages d’une seule émission de Cormier-Denis, celle du 11 septembre 2025, soit le lendemain de l’assassinat de Charlie Kirk. Gardez bien en tête qu’il s’agit d’une (1) émission parmi des centaines du même genre publiées entre 2016 et aujourd’hui. Pour donner une mesure du caractère obsessif et répétitif de leur production, nous listerons en dessous une sélection de titres d’émissions produites par Nomos-TV.
« Ça brasse pas pire, pantoute. Est-ce qu’on vit les prolégomènes d’une radicalisation de la sphère politique américaine de la droite qui va vouloir se venger du meurtre, de l’assassinat politique d’un de ses poulains, Charlie Kirk? Est-ce qu’on est face à une radicalisation de la gauche, de l’extrême gauche, des trantifas, les trantifas, ce mélange de transactivisme et d’antifa, antifascisme, antifasciste, plus quoi, des flingues et l’idéologie transgenre, la maladie mentale et de l’assassinat d’hommes politiques. […] La droite nationale, les amis, ne va pas se laisser flinguer par ni les bolcheviks ni les transgenres, ni je sais quelle autre saloperie idéologique que la gauche peut inventer dans les prochaines années. Nous sommes là et nous sommes là pour rester. Donc voilà, combat culturel métapolitique qui doit précéder toute victoire par les urnes. Capiche? La victoire par les urnes doit se précéder d’une victoire métapolitique. C’est ce qu’on fait à Nomos-TV, bien sûr, le combat culturel. Ce que faisait aussi Charlie Kirk. »
Note sur la supposée violence de la gauche et des antifascistes : Entre 2017 et 2025 au Canada, aucun attentat politique n’est attribuable à la gauche, à des personnes trans ou à des militant·es antifascistes. Dans la même période, un islamophobe a tué six fidèles dans une mosquée à Québec le 29 janvier 2017, une famille musulmane a été décimée à Kingston dans un attentat à la voiture-bélier, deux attaques perpétrées par des individus associés à la mouvance incel ont fait 11 morts (dont neuf femmes), et une enseignante a été attaquée au couteau à l’Université de Waterloo pour le seul motif qu’elle donnait un cours sur la «philosophie du genre». Si l’on doit déplorer le terrorisme stochastique, comme le fait Cormier-Denis à l’instar de la droite américaine, la rhétorique islamophobe, masculiniste et anti-LGBTQ+ est largement plus à blâmer. Et c’est sans rien dire des données probantes qui montrent hors de tout doute raisonnable la prépondérance de la violence politique motivée par des idées de droite et d’extrême droite aux États-Unis, données dont Donald Trump « se fiche complètement ». Quant à Tyler Robinson, l’assassin de Charlie Kirk, il n’existe actuellement aucune preuve qu’il ait entretenu quelques liens que ce soit avec la gauche organisée : ces supposés liens sont artificiellement créés par la droite et l’extrême droite pour instrumentaliser le meurtre de Kirk. Finalement, à notre connaissance, les propagandistes de Nomos-TV n’ont jamais été ciblés par une quelconque violence antifasciste depuis qu’ils sont actifs.
« Donc là, moi, ça me fait rigoler quand on me dit, “ah, c’est du cryptofascisme, fascisme!” Mais fascisme, donc le fascisme, c’est de discuter avec la gauche. Le fascisme, c’est de s’asseoir dans un campus universitaire et de débattre avec les étudiants de gauche. C’est ça le fascisme aujourd’hui. Ah ben, je vous le dis tout de suite, Benito Mussolini, il serait pas très fier du fascisme si c’est ça. La discussion avec les chemises noires et les bolcheviks, c’était pas ça le projet. Je vous le dis tout de suite. En 22, quand ils prennent le pouvoir, la marche sur Rome, c’était pas de discuter avec les bolcheviks, c’était plutôt de les flinguer! […] Parce qu’on va voir ça. Ça ricane, ça rigole, ils sont contents. Il faut voir le degré de ce qui se passe sur les réseaux sociaux, le degré, en fait, de réjouissance de la gauche et qui nous fait dire qu’en fait, on est en train de basculer, on est en train de basculer dans un autre monde, c’est-à-dire le monde où la gauche ne veut plus discuter avec nous. Et tu vois, pourquoi? Parce qu’elle perd le combat des idées. Vous comprenez que ces cognos-là ne sont même pas capables de différencier un homme et une femme. […] Bon, ben, qu’est-ce qu’ils font? Ils se radicalisent. Ils déshumanisent leurs adversaires. Et ils les flinguent. […] »
« On a plusieurs t-shirts aussi. Alligator Alcatraz. Ça, c’est la guerre culturelle trumpiste. Pour envoyer quoi? Pour envoyer les migrants chez eux. Ça, c’est le centre de détention. Je t’entends, les envoyer chez eux. Ils sont illégaux. Illégaux. […] OK. Et ici on a la droite nationale française, Le Pen, Jean-Marie, qui nous a quoi? Qui nous a prévenus que ça allait être la déglingue avec l’immigration. Il nous a dit ça il y a 40 ans, on n’a pas voulu l’écouter. Bien, maintenant, c’est le djihad au quotidien en France. Ben Jean-Marie avait raison. […] Et ensuite, on revient ici au Québec, le chef de la race canadienne-française, Duplessis! Regardez-moi ça, ce t-shirt. Vous n’avez pas votre t-shirt Duplessis, mais qu’est-ce que vous attendez en fait? »
« Et toutes ces organisations pseudo-nationalistes comme la Société Saint-Jean-Baptiste qui s’associent à des antifas, tous ces faux nationalistes, ce camp du oui ridicule, ridicule d’extrême gauche qui lèche les bottes de QS. Dès qu’il y a des types un peu de droite qui s’en rapprochent, qui fuient comme si les gars avaient la lèpre. Allez tous vous faire foutre en fait! Allez tous bien vous faire foutre. On en a ras le pompon de votre espèce de patriotisme de pacotille. Vous êtes phagocytés par la gauche. Vous êtes soumis intellectuellement à la gauche, aux marxistes culturels. On vous pisse à la raie, en fait. Tous autant que vous êtes. On n’est plus capable de ça. […] C’est pas pour rien que votre putain de souveraineté, elle stagne à 35 %. OK? Ultra dominée par la gauchiasserie perpétuelle. C’est imbuvable. […] »
« Donc, c’est ça aussi que je veux dire. Est-ce que ça se peut, est-ce qu’il y a de la violence de droite? Bien sûr. Timothy McVeigh, etc., c’est très connu. Mais regardez la différence de réaction entre la gauche et la droite. Comment les militants de droite, tout le monde ferme sa gueule. Et là, je veux aborder un sujet qui n’est pas facile à aborder, mais qu’on doit aborder parce que c’est le but de Nomos-TV. Peut-être qu’il y en a qui se réjouissent dans leur salon, mais ils ont la décence de ne pas en parler. C’est ça, la putain de différence. […] Je ne sais pas, moi, s’il y avait un type vraiment de gauche radicale qui était flingué, peu importe, Mélanchon, je suis sûr moi qu’il y a des, probablement des milliers de droitards français qui seraient bien contents. Mais je vais vous dire un truc, la plupart d’entre eux fermeraient leur gueule, ils diraient rien, ils auraient la décence de rien dire […]. »
« Non, parce que je suis désolé, l’autre multirécidiviste à la con, George Floyd, qui a pointé une arme à feu sur le ventre d’une femme enceinte, pas un grand modèle, tu vois – qui est mort d’une overdose de fentanyl, par ailleurs, c’est ça la réalité, c’est ce que disait le coroner – c’était pas un grand modèle. Charlie Kirk, je suis désolé, c’est quelqu’un qui avait ses convictions. C’était pas une crapule sur les opioïdes. Donc, j’espère qu’il y aura remplacement des statues de George Floyd par des statues de Charlie Kirk. Ah oui! Ah non, mais là, il faut y aller dans la martyrologie, les gars. Martyrologie! La fonction du martyr, Philippe! C’est ça qu’il faut faire. Ah ben oui. Pousser un idéal jusqu’à la mort. Et prendre la mort d’un militant pour… [C’est la victoire sur la mort.] Oui, c’est ça, pour magnifier le combat et… Exactement. Et mettre en place la victoire idéologique sur la mort. »
« Et moi j’y crois, parce que les américains, c’est pas des petites chochottes. Il y a des peuples de chochottes. Des petits peuples de consensuels mous, là. Je ne vise personne, là. Mais des peuples gouvernés par des matantes généralisées, là. Les Canadiens français qui n’ont pas d’État. Qui n’ont jamais eu la fonction virile de l’État. Peuple soumis. Peuple, en fait, un peuple enfant. Donc, féminisé. […] Donc nous, on gère quoi, les amis? On gère les domaines de bonne femme. L’éducation puis la santé. Oui. Fait que, éduquer les bambins, puis le care. Hein? C’est ça, le truc. Les fonctions de bonne femme. Et les fonctions mâles, régaliennes de l’État, c’est l’État canadien. Alors, c’est une des raisons pour lesquelles je suis un séparatiste québécois, c’est que je veux qu’enfin, enfin, la race canadienne-française se virilise dans ses fonctions étatiques, dans son rapport à l’État. »
« Je vais vous dire un truc aussi sur le féminisme au Québec. Ah, aujourd’hui, je suis lâché. Il ne fallait pas buter les patriotes américains. Voilà, vous m’avez eu, les gauchistes. Sales gauchistes, quoi! Vous savez, le problème au Québec, ce n’est pas les bonnes femmes, le problème au Québec. C’est le manque de caractère des bons hommes. On a des Canadiens français castrés de ne pas avoir eu d’État. C’est ça le problème! Parce que les femmes, c’est comme le gaz. Ça prend tout l’espace. Si tu ne contiens pas le gaz, tu es envahi. Donc, ils ont besoin de caractère. Ils ont besoin d’hommes avec du caractère. C’est ça la vérité. Il faut des gens pour leur dire non et leur donner une direction. […] Et au Québec, dans ce Québec, de la vaginocratie gauchiste. Il faut le dire. La domination du féminisme institutionnel, où si tu hausses la voix en tant que bonhomme, “Ah, mon Dieu! Ah! C’est le retour des heures les plus sombres.” Ça suffit, là. Ça suffit, la domination idéologique de la gauche. »
« Non, mais parce que moi, je veux bien parler de la juiverie. Y’a pas de problème, on va en parler, hein. Vous voulez parler de ça? Moi, je vous règle ça en deux secondes. […] Est-ce que les Juifs sont surreprésentés dans tous les milieux élitaires? Oui. Est-ce qu’ils sont surreprésentés à la Cour suprême du Canada? Oui. Est-ce qu’ils sont surreprésentés dans le milieu des affaires? Oui. Est-ce qu’ils sont surreprésentés dans le milieu artistique? Oui. Est-ce qu’ils sont surreprésentés dans les prix Nobel? Oui. Ben oui, c’est vrai. C’est un fait. Mais vous voyez, ça s’explique. C’est pas magique. “Ah, les Juifs, il y a comme un pouvoir occulte.” Non, non, ça s’explique. C’est une minorité. Et puis troisièmement… C’est une minorité à haut potentiel d’intelligence, et en plus avec une culture du livre. Donc c’est-ce qui fait qu’ils se sont retrouvés surreprésentés partout? Troisièmement, qu’est-ce qu’on a? Oui, on a un communautarisme. Parce que les gars sont des paranoïaques, pensant vivre dans des sociétés antisémites qui veulent les envoyer, leur faire des pogroms. C’est ça, la conscience juive. Tout le monde autour de nous, c’est des gentils qui veulent nous assassiner, parce qu’on est le peuple déicide ou pour n’importe quelle autre raison. Donc, forcément, ils sont communautaristes. Donc vous cumulez tout ça ensemble. Vous pouvez même rajouter des facteurs historiques. Qu’est-ce qu’on a fait au Moyen-Âge? On a dit “Ah ben l’usure, c’est pas un truc de chrétien! […] Ah vous, l’usure, OK, l’argent c’est sale, vous pouvez vous en occuper.” Donc on a aussi relégué les Juifs au monde de l’argent, dans le monde chrétien. Ah ben ça a des conséquences. Ils sont devenus des banquiers, les gars. »
« Bon, moi, vous savez, je suis un étapiste. Mais peut-être aussi sur ce sujet-là. C’est-à-dire, il faut commencer déjà à aborder le sujet des avortements tardifs. Tu vois? Moi, c’est ce que je dis au mouvement pro-vie québécois. Les pro-vie, ils veulent pas m’entendre. Ils sont à la doctrine de l’Église, tu vois. Voilà. Droit dans leur botte. Et puis, jusqu’à la victoire, qui vient jamais. Moi, je leur dis plutôt, non mais les gars, on peut quand même aborder le sujet où le débat est complètement bloqué au niveau médiatique. Il faut faire des petits gains. Il faut déjà, tu vois… C’est un sujet. Les avortements sexosélectifs, par exemple, que pratiquent les hindous. C’est un sujet. Il y a des sujets auxquels les Québécois, surtout en passant peut-être par la question identitaire, peuvent parvenir à ça. »
« L’immigration au Québec n’est pas taboue. C’est ce que je dis à la droite. Je n’arrête pas de dire ça à la droite, la droite économique, parce que la droite sociale, ça ne représente rien malheureusement. Mais la droite économique, je leur dis sans arrêt, si vous voulez être vraiment de droite, mais il faut justement, qu’est-ce qu’il faut faire? Il faut aller prendre l’insécurité, l’angoisse identitaire des Québécois pour se la réapproprier, parce qu’on partage ces angoisses-là. Une vraie droite, elle est à droite au niveau social, mais elle est aussi à droite au niveau économique et elle est à droite au niveau identitaire. Et la droite identitaire, avec la droite économique, il y a deux pans, c’est les deux droites qui sont les plus porteuses au Québec. Évidemment, l’idéal, ce serait de les faire en sorte qu’elles se rejoignent. […] [On a un commentaire ici de “Chat Barbecue Haïtien” sur la question de l’ethnonationalisme, doit-on être d’accord?] […] Idéalement, tout le monde doit être ethnonationaliste. Mais dans la réalité, ce n’est pas ça. Le réel, c’est qu’on va être obligé de faire des alliances avec des gens qui veulent juste réduire l’immigration légale. […] Donc, je ne pense pas que l’ethnonationalisme doit être le socle, si on veut parler au niveau électoral. Je pense plutôt que c’est la réduction de l’immigration, peu importe les raisons. […] Mais voilà, je pense que la question, c’est plus la question migratoire en fait qui compte que la question de l’ethnonationalisme. L’ethnonationalisme, c’est la ligne métapolitique, mais la ligne électorale, c’est, comment je dirais, on n’est pas assez, je pense, on n’est pas assez fort pour l’instant pour l’imposer. Donc déjà la coalition, si elle se fait autour de la réduction de l’immigration, c’est un grand gain. »
[Colon fier — « Ton analyse sur la domination que les Québécois ont subie vis-à-vis des Anglais et leur non-virilité est réelle. Et je crois qu’en tant que Canadien français haineux des angloïdes, devons comprendre quelque chose et avoir un peu d’honnêteté intellectuelle. La fille ukrainienne tuée dans le bus (dans le métro) est due au ressentiment historique des Noirs vis-à-vis des Blancs. Et vous savez quoi? Nous pouvons bien comprendre nos ennemis. On les a esclavagisés, volés durant des siècles. Je ne m’excuserai jamais de ça. (On n’a jamais pratiqué l’esclavage.) À leur place, j’aurais été encore plus haineux et je le suis avec les Anglais. Solution, les Américains doivent déporter massivement les Afro-Américains et Make America White Again. On a gagné contre les Noirs maintenant, on les déporte en Afrique. »] « Bon, après, moi, je vais vous dire un truc, hein. Les Noirs aux États-Unis, ils ont une qualité de vie bien supérieure à celle des Noirs en Afrique. Non, mais c’est ça. Donc, en vérité, ils devraient plutôt être contents d’avoir été mis en esclavage par les Américains. Parce que leur qualité de vie est bien supérieure que s’ils étaient restés en Guinée ou au Sénégal ou dans le fin fond de l’Afrique équatoriale. Donc là, il y a débat quand même là-dessus. Non, mais c’est vrai. Non, mais écoute, c’est la réalité quand même. Leur qualité de vie est meilleure aujourd’hui. C’est comme Haïti. Haïti aurait dû rester sous la domination française, faire comme les Martiniquais, les Guadeloupéens. Ils auraient une qualité de vie supérieure à leur République noire, complètement à la ramasse, État complètement failli qu’on devrait mettre en tutelle. La réalité, elle est là. C’est un pays qui n’aurait jamais dû massacrer les Blancs sur l’île. Haïti aurait dû rester dans le giron français. Bon, alors les Afro-Américains, moi je pense que c’était une erreur de les faire venir. Je dis ça clairement. »
Sélection de titres
Seulement dans les dernières semaines :
- Assassinat de Charlie Kirk : la droite doit-elle se radicaliser?
- Assassinat de Charlie Kirk : la gauche sème la terreur!
- L’assassin de Charlie Kirk radicalisé par la gauche
- Les antifas désignés terroristes aux États-Unis
- La gauche antifa doit-elle être criminalisé au Québec?
- La tolérance libérale complice de l’Islam
- Assumer la suprématie catholique au Québec
- Islam et immigration : résistance britannique
Culture & Société (Plamondon et de Crèvecœur)
- Sauvagerie à Sherbrooke : quand le tiers-monde débarque
- Attaque djihadiste à Montréal
- Prières de rue et conquête islamique
- Le Canada finance le Hamas
- Les manifs de la cinquième colonne
- Libanisation de l’Occident
- Offensive islamiste mondiale
- Le Hamas à Ottawa
- Enfants trans : la fin du délire
- L’abaya à l’assaut de l’Occident
- L’islam à l’assaut des régions
- Les transtifas à l’assaut de Montréal
- Le Canada à la dérive
- Propagande transgenre sur TV5
- La France face aux émeutes raciales
Dans les archives :
- Série sur le grand remplacement
- L’immigration enfin critiquée au Canada
- Attentat palestinien au Saguenay
- Attaque djihadiste à Chicoutimi
- La diversité haineuse
- Le gaucho-djihadisme
- Après Roxham : encore plus de réfugiés
- Crise du logement : trop d’immigrés
- Le canada totalitaire woke
- Doit-on absolument aimer l’islam?
- L’origine génétique des Québécois
- La gauche fécale à l’assaut de l’occident
- Ensauvagement diplomatique
- Submersion migratoire et ensauvagement
- Montréal ensauvagée
- Le Canada, un État islamique?
- Guerre raciale à Montréal
- Le lobby du genre à l’assaut des enfants
- Décolonialisme et ensauvagement
- Délires sanitaires et ensauvagement
- Canada : le pays du Grand remplacement
- Question raciale et monde post-hitlérien
- La révolution culturelle anti-Blancs
- Entretien avec Raphaël Lévesque
- Grand remplacement : la fin du complot
- Le racisme anti-blanc
- L’ensauvagement du monde
- L’appel de Christchurch
- Procès Bissonnette et « islamophobie »
- ALERTE : Violences ethniques sur le Mont-Royal!
Un préoccupant mouvement de normalisation
Malgré tout ce qui a été dit et démontré au sujet de Cormier-Denis, le niveau de tolérance de la sphère conservatrice institutionnelle à son égard ne fait qu’augmenter. Seulement dans les derniers mois, il s’est entretenu avec des influenceurs conservateurs comme l’essayiste Philippe Sauro Cinq Mars, le contributeur à la revue L’Action nationale, David Leroux, le porte-parole de Québec Fier, Léo Dupire, Frank Fournier de la chaîne « Ian et Frank » et chroniqueur à Radio X, Jérôme Blanchet Gravel de Libre Média et le chef d’antenne de Radio Ville-Marie, Jean-Philippe Trottier, entre autres. Ce dernier lui a rendu la pareille en l’invitant sur les ondes de RVM. ACD a aussi été invité récemment sur le podcast de l’influenceur conservateur Rémi Villemure, qui lui avait déjà accordé une entrevue en septembre 2024.

L’influenceur anti-woke Rémi Villemure recevait Cormier-Denis à son podcast en août 2025. Autant dire que ça confrontait pas fort fort…
De plus, depuis un an environ Philippe Plamondon tient une chronique régulière à l’émission Spacecast, sur Radio X, à Québec, créneau qu’il partage désormais avec son comparse de Crèvecœur. ACD a lui-même ses entrées à Radio X et est régulièrement invité sur d’autres plateformes.

Philippe Plamondon tient une chronique régulière au micro de CHOI Radio X. Il porte ici un t-shirt du groupuscule néofasciste Atalante Québec.

Cormier-Denis était invité au micro de CHOI Radio X le 24 septembre 2025. La réponse à sa question se trouve dans la question.
Cette tendance prouve que la frontière est poreuse, peut-être de plus en plus, entre le nationalisme ethnique qu’incarnent Cormier-Denis et ses acolytes et le nationalisme conservateur moins radical et le conservatisme libertarien. C’est peut-être là un signe du glissement inexorable d’une partie du conservatisme vers l’extrême droite.
Une croisée des chemins pour le mouvement souverainiste
Cormier-Denis se dépite de constater, chez la jeune génération d’indépendantistes, un attachement aux valeurs inclusives et un rejet du nationalisme blanc que lui et ses semblables promeuvent. Il y a là de quoi se réjouir, selon nous. Mais la défense est précaire, et la menace insistante.
À l’aube d’un nouveau cycle électoral, si les projections sont justes, la Coalition Avenir Québec se dirige vers une défaite catastrophique et le Parti québécois vers une probable victoire, sur la base d’un repli identitaire et la promesse d’un troisième référendum. À l’heure où l’extrême droite gagne partout du terrain, où le régime Trump confirme sa nature fasciste au sud de la frontière et où des formations national-populistes sont à la porte du pouvoir dans plusieurs pays d’Europe, le mouvement indépendantiste québécois doit se livrer à un sérieux examen de conscience.
Acceptera-t-il que la direction cynique du PQ l’attire de plus en plus sur le terrain identitaire, ou au contraire, prendra-t-il les moyens nécessaires pour marginaliser le nationalisme ethnique et redonner à l’option souverainiste une vision socialement inclusive, économiquement progressiste et écologiquement révolutionnaire?
Se débarrassera-t-il une fois pour toutes des pires tendances réactionnaires qui l’alourdissent et le ralentissent, ou permettra-t-il que ces tendances prennent le dessus et définissent le projet de société d’un Québec indépendant? Permettra-t-il que des idéologues comme Alexandre Cormier-Denis et des groupuscules comme Nouvelle Alliance, qui avancent dans son sillage, prennent l’ascendant?
Il ne tient qu’aux indépendantistes de faire le bon choix et de prouver que ces ordures toxiques appartiennent définitivement aux poubelles de l’Histoire.
[i] Plusieurs des principaux animateurs du CJN, dont ses fondateurs Roch Tousignant et François Dumas, ainsi que Pierre Trépanier, ont plus tard collaboré ou collaborent toujours au journal Le Harfang de la moribonde Fédération des Québécois de souche (FQS). Le directeur des Cahiers de Jeune nation, Jean-Claude Dupuis, est quant à lui une figure centrale du milieu nationaliste ultracatholique proche de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X. À ce sujet, nous vous invitons à lire la brochure Notre maître le passé – Extrême droite au Québec 1930-1998. Fait à noter, au moment de publier cet article, le groupuscule ethnonationaliste Nouvelle Alliance annonce une conférence à Trois-Rivières le 4 octobre 2025, avec François Dumas.
[ii] Adrienne Bernard est la plus récente compagne de Jonathan Payeur, un militant central d’Atalante Québec, lui-même recyclé ces dernières années dans la distribution de vêtements à caractère facho/identitaire avec le projet Pagan Heritage. Payeur, rappelons-le, est le sordide personnage qui avait déposé une tête de porc devant la mosquée de Québec en juin 2016. Philippe Plamondon s’affiche d’ailleurs sans honte avec les couleurs d’Atalante et d’autres vêtements produits dans le bouillon de culture fachoïde de Québec.
[iii] La maison d’édition Avant-Garde, qui a publié le livre de Cormier-Denis, est enregistrée au nom de Charlotte St-Michel et Simon Demers, du secteur Cap-Rouge à Québec. Ce dernier est un personnage discret de l’extrême droite dans la région de Québec, proche notamment du milieu ultracatholique lié à la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX). Avant-Garde a d’ailleurs publié les sermons de l’abbé Olivier Berteaux de la FSSPX (celui-là même qui avait célébré une messe pour les militants d’Atalante Québec le 1er mai 2016), sous le titre La tourmente et la bagarre, et un livre de Jean-Claude Dupuis, historien patenté de la FSSPX et enseignant à l’école Sainte-Famille de Lévis, qui est aussi proche du mouvement Tradition-Québec et a jadis été étroitement associé au Cercle Jeune Nation mentionné ci-dessus.
Simon Demers a aussi participé à la fondation du gymnase Barbare, bien connu à Québec, dont les premiers temps ont curieusement coïncidé avec la révélation par La Presse et Radio-Canada de l’existence d’un groupe Facebook d’extrême droite, du nom de Table Rase, lié à des militaires de Valcartier… dont le propriétaire du Barbare gym.
Si l’on se donne la peine de comparer les styles graphiques de Table Rase, des Éditions Avant-Garde et du groupe Facebook Rixe (dont le risible slogan est Virilité. Identité. Vérité.), on constate une évidente parenté, qui prête à croire que Simon Demers est, au minimum, un fil conducteur de ces différents projets.
Avant-Garde, qui se décrit comme une « maison d’édition québécoise cent pour cent privée, indépendantiste et catholique », « ni à gauche, ni à droite, en avant » a décidément une vibe résolument de droite… Une tentative avortée de webtélé nommée « Reconquête TV », en 2016, portait exactement le même slogan, et la seule vidéo versée au compte YouTube est narrée par nul autre que l’abbée Olivier Berteaux de la FSSPX!
Fait coco cocasse, Biz de Loco Locass, de son vrai nom Sébastien Fréchette, a participé en mars 2025 au lancement de la réédition des Récits laurentiens du Frère Marie-Victorin aux Éditions Avant-Garde.
Dernière note à ce propos : Simon Demers a été aperçu à la marche ratée de Nouvelle Alliance le 20 septembre 2025, et les Éditions Avant-Garde ont publié quelques jours plus tard un communiqué en appui au groupuscule identitaire.

Un message de solidarité des Éditions Avant-Garde avec Nouvelle Alliance, au lendemain du fiasco de leur manif à Québec, le 20 septembre 2025.