Un enseignant du cours Culture et citoyenneté québécoise (CCQ) qui multiplie les commentaires homophobes, antisémites et suprémaciste blancs sur les réseaux sociaux… sachant très bien qu’il est en présence de ses élèves? Vous ne rêvez pas : c’est une occupation quasiment à temps plein pour Billy Savoie, enseignant à l’école secondaire La Cité étudiante à Roberval.
Le 17 octobre dernier, il a même invité ses abonné·es sur TikTok et Instagram – dont plusieurs de ses élèves mineurs – à assister à un « débat » entre lui et un autre internaute qu’il croyait (à tort) être un néonazi, échange au cours duquel « Mr. Billy » a pris le temps de préciser qu’Adolf Hitler « avait raison sur bien des points »…
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Billy Savoie, militant de gauche à droite…
Billy Savoie, originaire de La Tuque, vient étudier à l’UQAM aux alentours de 2015. Il s’engage très tôt dans le Mouvement étudiant révolutionnaire (MER), le front étudiant du Parti communiste révolutionnaire (PCR, l’organisation maoïste qui a existé de 2009 à 2022, à ne pas confondre avec l’actuel PCR, d’allégeance trotskiste). Il suit le PCR dans la scission qui déchire l’organisation en 2016, la section québécoise accusant notamment la section canadienne de dérives petites-bourgeoises et « postmodernes » (cet élément est important pour la suite). Le PCR connaît ensuite toute une série de purges, dont nous vous ménagerons les détails, puisque ce n’est pas le propos du présent article. Un élément nous semble toutefois pertinent à souligner : la scission de 2016 et les purges successives jusqu’en 2022 reposaient en grande partie sur l’hostilité à l’égard des « identity politics » et la tangente transphobe de plus en plus assumée qu’a prise la section québécoise de l’organisation. Durant ces années-là, Billy Savoie a suivi la direction locale du PCR jusqu’au bout, et nous pensons même qu’il l’a suivie lorsqu’elle a dissous l’organisation en refondant l’éphémère (et groupusculaire) « Avant-garde communiste du Canada », après avoir expulsé la vieille garde des fondateurs du PCR, lesquels étaient aussi les animateurs de la librairie du parti, la Maison Norman Béthune. De plus, fait intéressant, Savoie était secrétaire à la mobilisation de l’AFESH dans le cadre de la mobilisation pour la rémunération des stages en 2017.
Entre 2022 et 2024, nous n’entendons plus parler de Billy Savoie. Puis il ressurgit dans la section ‘commentaires’ de la page Facebook de l’organisation Nouvelle Alliance, où il félicite le groupe d’extrême droite pour une de ses actions de visibilité.
Puis tout va très vite : durant cette période (ou peut-être avant) il se rapproche de l’Action socialiste de libération nationale (ASLN, auparavant le Parti communiste du Québec). Cette organisation marxiste-léniniste et anti-impérialiste (campiste) se fait d’abord voir dans les manifestations pour la Palestine et les mobilisations de soutien aux travailleurs. Fin 2024, sous le leadership de Sébastien Paquette et de Billy Savoie, l’organisation d’extrême gauche (a priori, quoiqu’un peu tankie et cringe sur les bords) opère un curieux virage à 180 degrés et se rapproche de Nouvelle Alliance.
En mai 2025 les deux groupes organisent un « débat des chefs », marqué par une absence de débat puisque tout le monde y semble d’accord sur à peu près tout. Le 19 mai ils manifestent côte à côte lors de la Journée des Patriotes, qui est marquée par des heurts avec des souverainistes inclusifs et des militant·es antifascistes. À ce moment, des rumeurs circulent même au sein des réseaux souverainistes voulant que les deux organisations envisagent de fusionner.

Photo de groupe prise lors de l’événement organisé conjointement par l’ASLN et Nouvelle Alliance en juin 2025.
Billy Savoie semble prendre petit à petit le contrôle de l’ASLN, du moins de ses comptes de médias sociaux; il se découvre une vocation d’influenceur sur Instagram et TikTok, en reprenant les codes du genre (mèmes, vidéos courtes, etc.). Il se lâche de plus en plus et multiplie les réflexions racistes, antisémites, et homophobes.
Le 20 septembre 2025, NA et l’ASLN organisent ensemble une manifestation pour l’indépendance à Québec, laquelle vire au fiasco lorsque la cinquantaine de membres et sympathisant·es des deux organisations se retrouvent encerclé·es par plus de 200 militant·es souverainistes antiracistes et antifascistes, des OUI Québec, du Mouvement étudiant indépendantiste (MÉI) et de Québec solidaire. À cette occasion, l’ASLN inaugure son nouvel uniforme : une chemise brune (non, vous ne rêvez pas, à peu près la même couleur que celles de la Sturmabteilung!) orné d’un écusson représentant une fleur de lys dont l’un des pétales est stylisé en forme de fusil Ak-47.

Visiblement, la petite milice de pacotille de l’ASLN s’est fait fabriquer quelques douzaines de cet écusson ridicule.
Lors de cette manifestation, Billy Savoie s’en prend avec virulence aux antifascistes de OUI Québec, allant par la suite jusqu’à appeler à leur faire « la chasse ».
Depuis le 20 septembre, Billy Savoie est totalement en roue libre. Il a commencé une formule de micros-trottoirs sur le campus de l’UQAC, en s’inspirant du modèle de l’influenceur Martin le catholique, lequel a d’ailleurs également collaboré à certaines de ses publications sur Instagram.
On se demande vraiment comment un tel individu peut être autorisé à enseigner à nos enfants…
Enseignant au secondaire…

Billy Savoie affiche son parcours académique et professionnel après avoir été embauché par le Centre de services scolaire du Pays-des-Bleuets.
Enseignant au secondaire, il l’est pourtant, et cela depuis des années. Le 13 janvier 2025, il annonce son embauche par le Centre des services scolaires du Pays-des-Bleuets. Il raconte lui-même en détail son parcours étudiant et professionnel sur sa page Facebook.
Nous savons aujourd’hui qu’il enseigne le cours Culture et citoyenneté québécoise (CCQ) à la Cité étudiante de Roberval. En parallèle, il prépare un doctorat a l’UQAC dont le titre est : « Renouveler l’enseignement de la culture et de la citoyenneté québécoise à la lumière de l’expérience sénégalaise : vers une réarticulation du “nous historique québécois” ».
Nous avions déjà signalé en avril 2025 que Savoie donnait en lecture à ses élèves de CCQ de secondaire 5 un texte d’Alexandre Douguine, idéologue d’extrême droite proche de Vladimir Poutine et cofondateur du Parti national-bolchévique, dont l’idéologie fusionnait l’utranationalisme et le stalinisme.
À la rigueur, il peut bien mettre qui il veut à l’étude, mais compte tenu de tout ce qui est démontré ici par ailleurs, son choix d’exposer ses élèves au prince des nazbols n’est peut-être pas tout à fait innocent. Et ça ne s’arrête pas là…
Le « débat » en direct du 17 octobre
Revenons au 17 octobre. Ce jour-là Billy annonce son intention de débattre avec un internaute qu’il estime être un nazi (parce que celui-ci affiche sur son compte un emoji d’éclair…) en direct sur Instagram.
Au moment de lancer le live, il se rend compte qu’il ne peut pas le faire, faute d’avoir atteint le seuil des 1 000 abonné·es. Sur TikTok, il se lance alors dans un appel à ses abonné·es, dont on peut facilement constater que beaucoup sont ses élèves, à aller s’abonner à son compte Instagram pour qu’il puisse faire son « débat ». Dans les commentaires, plusieurs l’appellent « Mr Billy » ou font des références aux écoles où il a enseigné. Il leur promet alors de faire des push-ups s’iels s’abonnent à son compte! En moins de 20 minutes, il atteint ainsi la barre des 1 000 abonné·es avec l’aide de ses élèves.Ce prétexte du live est l’occasion pour lui de dévoiler le fond de sa pensée, dont nous vous laissons découvrir quelques extraits. Il y affirme notamment qu’« un certain monsieur moustachu en Allemagne était contre une certaine minorité et avait raison sur bien des points ».
Le code d’éthique pour les enseignant·es
Billy Savoie, en étant enseignant, est soumis à un code de conduite, comme l’ensemble des enseignant·es du Québec. En regardant attentivement le document au complet, on peut constater facilement lesquels de ces règlements il enfreint sans ambiguïté :
Distanciation
3.3 Tout membre du personnel ou toute personne appelée à œuvrer auprès d’élèves mineurs ou handicapés ou à être en contact avec eux doit maintenir, du fait de sa situation d’autorité, une distance professionnelle avec tout élève, même à l’extérieur des heures de classe et, en ce sens, notamment éviter :
- toute communication avec un élève par le biais des réseaux sociaux à l’extérieur du cadre scolaire.
Comme nous l’avons vu ci-dessus, il est en contact avec un grand nombre de ses élèves, et ce, dans un contexte où il affiche ses convictions politiques discriminatoires, souvent explicitement homophobes. Dans ses propres mots, il se dit « obsédé » par le déclin du poids démographique des blancs au Québec, et pousse même l’odieux jusqu’à faire l’éloge des « bons points » d’Adolf Hitler.
3.7 Tout membre du personnel ou toute personne appelée à œuvrer auprès d’élèves mineurs ou handicapés ou à être en contact avec eux doit s’assurer que l’usage de ses réseaux sociaux est cohérent avec l’image et le rôle de modèle qui lui incombe, notamment en remettant en question la pertinence de présenter certaines informations (photos, vidéos, etc.) ou en limitant l’accès à celles-ci.
Il est clair que Billy Savoie fait exactement l’inverse : au lieu de limiter l’accès à ses comptes, il cherche à avoir le plus d’abonné·es possible parmi ses élèves, et se réjouit de cette attention. Quant au « rôle de modèle », un enseignant qui dénigre le programme d’enseignement, qui sacre, qui tient des propos homophobes partout et qui participe de manière répétée à des rassemblements identitaires, habillé en chemise brune avec une milice de pacotille, est à peu près le plus loin que l’on puisse être d’un « rôle de modèle »!
4.2 Tout membre du personnel ou toute personne appelée à œuvrer auprès d’élèves mineurs ou handicapés ou à être en contact avec eux se doit d’avoir des attitudes et des comportements exempts de toute forme de violence verbale ou physique. À cet effet sont notamment proscrits :
- l’utilisation d’un langage dégradant, raciste, sexiste ou inapproprié;
À voir toutes les captures d’écran de cet article – on est à 4 en 4 pour le langage « dégradant, raciste, sexiste et inapproprié ».
6 Intégrité, probité et transparence
6.1 Tout membre du personnel ou toute personne appelée à œuvrer auprès d’élèves mineurs ou handicapés ou à être en contact avec eux doit agir avec intégrité, bonne foi et transparence de manière à préserver la confiance des parents et du public envers l’Organisme scolaire et le système éducatif.
8.2 Tout membre du personnel ou toute personne appelée à œuvrer auprès d’élèves mineurs ou handicapés ou à être en contact avec eux doit faire preuve de réserve et de modération dans la manifestation publique de ses opinions en s’abstenant de tenir des propos qui concernent l’Organisme scolaire ou ses établissements, ses partenaires, ses employés, ses élèves ou leurs parents et pouvant causer préjudice à leur image ou à leur réputation.
Billy a BEAUCOUP d’opinions négatives sur le système scolaire québécois. Il produit notamment une série de vidéos qui s’appellent « Billy décortique le programme de Culture et citoyenneté québécois ». Les quatre vidéos publiés jusqu’à maintenant sont tous négatifs, avec des prises de position rétrogrades et souvent dénigrantes. Dans la première partie, il dénonce le fait que le manuel officiel du programme catégorise le sexe comme étant biologique et une catégorie sociale. Évidemment, il croit que le sexe est uniquement un fait biologique, et s’offusque que des élèves de 12 ans puissent être exposées à un questionnement du rôle du sexe et du genre dans la socialisation!
Dans la quatrième capsule de la même série, M. Billy s’offusque sur le choix de personnages qui ont marqué la culture québécoise. Son problème : trop de femmes et de personnes racisées. Son constat : ce sont des choix « inquiétants » reflétant une préoccupation indue pour la diversité, l’équité et l’inclusion.
Dans ses « stories » Instagram, il va encore plus loin : même sur la page couverture du manuel, il y a selon lui trop de minorités visibles! Et les autrices du manuel sont… toutes des femmes! Selon Billy : « Choisir les gens pas en fonction de leurs compétences, mais de leurs origines (race, sexe, etc.) revient à cultiver la médiocrité ». Ainsi, non seulement il remet en question le programme (ce qui à la rigueur est légitime), mais on peut facilement lire sa critique comme étant dirigée directement contre ses collègues féminines, qui auraient été choisies uniquement en raison de leur sexe.
On peut aussi voir le genre de réaction que cela suscite chez de nombreux abonné·es : c’est la faute des wokes (il répond oui), et on ne devrait avoir aucune confiance dans le système d’éducation (il répond qu’on doit avoir une confiance limitée).
8.4 Tout membre du personnel ou toute personne appelée à œuvrer auprès d’élèves mineurs ou handicapés ou à être en contact avec eux doit faire preuve d’une utilisation prudente, judicieuse et professionnelle d’Internet, des médias traditionnels et des réseaux sociaux, et ce, même hors des lieux et des heures de travail, dans le respect de la mission et des valeurs de l’Organisme scolaire et de l’établissement.
Nous avons présenté ci-dessus une demi-douzaine de règlements que Billy Savoie enfreint sans la moindre ambiguïté, mais il y en a beaucoup d’autres qu’on ne mettra pas pour ne pas allonger inutilement cet article. On peut imaginer que l’administration de son école aura beaucoup de difficulté à trouver une sanction qui restaurera « un climat de confiance » envers un enseignant qui fait clairement fi de son code de conduite en multipliant ses interventions dans la sphère publique avec autant de propos toxiques.
Et pensons un instant à ses élèves qui ne seraient pas souverainistes, ou hétérosexuel·les, ou blanc·hes…
Conclusion
Si comme nous, vous pensez qu’un individu profondément homophobe et raciste comme Billy Savoie ne devrait pas enseigner au secondaire ni s’approcher d’aucun enfant, nous vous invitons à contacter le CSSPB.
Siège social : 418 275-4136
Formulaire de contact : https://csspb.gouv.qc.ca/contact/
Formulaire de plainte : https://pne.gouv.qc.ca/portal#/portal-request-form/7cd4e09a-a5c8-4fdb-9588-4a8d73f87640
Protecteur régional de l’élève :
Téléphone ou texto : 1 833 420-5233
Courriel : [email protected]
Responsable du traitement des plaintes du CSSPB : Me Anne-Sophie Potvin
Téléphone : 418 276-2012 poste 4051








































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