Si la soi-disant Vague bleue entretenait à ses débuts l’idée d’un nouveau souffle pour le mouvement nationaliste à tendance identitaire, il semble que ses organisateurs n’aient pas appris des leçons des dernières années et soient en train de répéter les mêmes erreurs…
Suite à la première édition de la Vague bleue (VB1) à Montréal, le 4 mai 2019, de nombreuses voix se sont fait entendre à l’extrême droite (dont Alexis Cossette-Trudel, de Citoyens au Pouvoir, et Donald Proulx, du Parti patriote) pour critiquer la présence de milices aux allures paramilitaires dans un rassemblement qui se voulait au départ familial et ouvert, et dont la seule présence a motivé les forces antifascistes de Montréal à se mobiliser en bloc contre l’événement. Ce désaccord en particulier a fait apparaître des fissures dans l’unité apparente du nouveau regroupement identitaire.
À un mois de la « Vague bleue (2e partie) » annoncée à Trois-Rivières le 27 juillet, et qui s’annonce encore plus boiteuse que la première édition, Montréal Antifasciste vous propose de mettre des noms sur les visages de ces différents groupes de « sécurité » (lesquels se trouvent pourtant encadrés par des centaines de policiers à chacun de leurs déplacements) et de « paramilitaires » qui s’imaginent en future armée du Québec, mais qui ont la discipline d’une portée de chatons et dont le matériel provient des sites de vente en ligne pour amateur de paintball.
Fait à noter, les pseudomilicien-ne-s de ces différents groupes, additionné-e-s, comptent pour près du quart des participant-e-s à la première Vague bleue…
Groupe Sécurité Patriote (GSP)
Initialement, GSP était le groupe de sécurité de la petite clique du Front patriotique du Québec, mais sous la gouverne de Robert Proulx, le groupe a peu à peu revendiqué son autonomie. Formé d’une quinzaine de personnes et de plusieurs sympathisant-e-s, le GSP s’est spécialisé dans la « sécurité » des manifestations et événements d’extrême droite, allant même jusqu’à s’associer avec les Soldiers of Odin, un groupe anti-immigrant comptant des membres néonazis. Suite à un différend avec le chapitre Canadien de la milice paramilitaire des III %, une partie du chapitre III % du Québec est venue grossir les rangs de GSP. De tous les groupes de ce genre mobilisés pour la VB1, celui-ci est le plus nombreux et le plus turbulent. Ses membres aiment particulièrement se prendre en photo, notamment avec un drapeau « Action antifasciste » que leur avait remis la police lors d’une manifestation à Ottawa en 2018! L’un des membres réguliers des services d’ordre du GSP, fidèle au poste à la VB1, est Stéphane Dufresne, le Rambo de Saint-Charles-Borromée qui proposait de mener un faux attentat terroriste « pour réveiller les crisse d’endormis ».
Son membership est stable, mais GSP est en conflit avec beaucoup d’autres groupes et individus. Suite à la chicane mentionnée précédemment au sujet des tenues paramilitaires dans la VB1, il est bien possible que GSP ne participe pas à la deuxième édition.
Si vous avez des renseignements à nous communiquer au sujet des membres de GSP, veuillez écrire à alerta-mtl @ riseup.net
Ragnarok Nordique Society (RNS)
RNS est un petit groupe plutôt curieux, formé d’une poignée de types louches issus de divers groupuscules, dont Martin Fontaine (alias Rednek Fontaine / Rednek Breault), ancien membre de l’éphémère « La Horde », une scission de La Meute n’ayant jamais vraiment pris son envol. Le projet initial de RNS était de fonder une communauté survivaliste (et blanche, forcément) dans les Laurentides. On a aperçu des membres de RNS à la VB1 en tenue paramilitaire complète, façon GI Joe de banlieue. Martin Fontaine était également présent au pique-nique de GSP le 8 juin dernier, reconnaissable à son gilet tactique subtilement décoré du surnom « Rednek ».
Dans leur cas, il semble qu’on soit plus proche du cosplay que d’une véritable implication politique, mais il va sans dire que nous restons prudent-e-s avec les survivalistes pseudomilitaires qui adhèrent ouvertement à des idées d’extrême droite…
Pour les raisons déjà évoquées, il est possible que RNS ne participe pas à le deuxième édition de la Vague bleue. Si vous avez des renseignements à nous communiquer au sujet des membres de Ragnarok Nordique Société, veuillez écrire à alerta-mtl @ riseup.net
Les Gardiens du Québec (LGDQ et son soi-disant Support organisationnel sur le terrain)
Ce petit groupe de militant-e-s islamophobes formé autour du noyau familial de Martine Tourigny et Stéfane Gauthier (de Bécancour), avec Guillaume Bélanger, Nathalie Vézina et d’autres, s’est avéré le principal groupe organisateur de la VB1, puisque l’initiateur du mouvement, Jonathan Héroux, alias John Hex (de Trois Rivières), est pratiquement le seul membre de son groupuscule, « Le Québec Libre en Action ». Ces soi-disant gardiens du Québec ont profité de la Vague bleue pour se mettre de l’avant et recruter des nouveaux membres, dont l’inénarrable Luc Desjardins, l’un des principaux vociférateurs complotistes du bizarroïde mouvement des « Gilets jaunes Québec », très proche du tristement célèbre islamophobe Pierre Dion et du « fier » suprémaciste blanc Michel Meunier… lequel s’est d’ailleurs lui aussi joint à LGDQ dans les derniers jours!
Si vous avez des renseignements à nous communiquer au sujet des membres de Les Gardiens du Québec, veuillez écrire à alerta-mtl @ riseup.net
Défense Fortifiée Storm Alliance (DFSA)
Storm Alliance, dont John Hex est issu et est encore très proche, a fourni à la Vague bleue des organisateurs (dont Nadia Fradette, alias Nadia Dumont) et des gros bras (avec son service de sécurité DFSA), tout en restant un peu en retrait. On a pu remarquer que les membres de SA formaient une très grosse partie de la VB1. DFSA, dirigé par Steven Dumont, le numéro 2 de Storm Alliance, est un service de sécurité assez classique qui affiche publiquement la volonté d’en découdre avec ses opposants.
Si vous avez des renseignements à nous communiquer au sujet des membres de Storm Alliance et ses goons, veuillez écrire à alerta-mtl @ riseup.net
La Meute
Même si La Meute s’est faite plutôt discrète dans la VB1, nous avons facilement pu y reconnaître de nombreux visages dans un service d’ordre « fantôme » (sans les couleurs, tous et toutes en linge de mononcle) autour de Stéphane Roch, l’un des principaux dirigeants jusqu’à la toute récente implosion. François Cousineau, le chef du Clan 06 (Montréal), y était aussi. On reconnaît bien ici la stratégie de La Meute, toujours très jalouse de son image : une présence de quelques membres pour dire « qu’ils étaient là dès le début » au cas où la Vague bleue fonctionne, mais sans porter leurs couleurs, au cas où elle échoue lamentablement. Une stratégie qui n’empêche pas le groupe de s’entre-déchirer depuis plusieurs semaines, pour notre plus grand plaisir.
Si vous avez des renseignements à nous communiquer au sujet des membres de La Meute, veuillez écrire à alerta-mtl @ riseup.net
Personnages divers…
Mention spéciale…
La Vague bleue, une vaine tentative de recomposition de l’extrême droite islamophobe
Il y a un an de cela, nous aurions pu nous inquiéter de l’émergence d’un phénomène comme la Vague bleue, mais celle-ci semble aujourd’hui se briser d’elle-même. Après avoir été férocement reçue à Montréal, privée de camion de son et confinée dans un espace exigu (une stratégie qui semble payante pour les forces antifascistes!) ses organisateurs ont dû repousser la date de la Vague Bleue 2 à Trois-Rivières suite à la pression populaire.
Même si la Vague bleue arrive peut-être un peu tard, force est de constater que les idées des groupes national-populistes qu’elle représente se sont insinuées jusqu’au cœur du pouvoir avec l’élection de la CAQ et l’introduction de mesures législatives anti-immigration et clairement islamophobes. À ce titre, il est intéressant de remarquer qu’au moment même où le projet de loi 21 sur le port de signes religieux est adopté à l’Assemblée nationale, les organisations d’extrême droite les plus visibles qui portent la vision alambiquée de la laïcité qui sous-tend cette loi (La Meute, Storm Alliance, etc.) sont en déroute ou en déclin, et que d’autres ont carrément disparu de la carte dans les derniers temps.
S’il est permis de se réjouir de cette débandade, il est à craindre que ces groupes national-populistes se recomposent sous d’autres formes pour demander toujours plus de mesures discriminatoires à l’encontre des minorités religieuses et des immigrant-e-s. D’autant plus qu’ils trouvent au gouvernement une oreille attentive, sinon carrément sympathique. C’est pourquoi les luttes antiracistes et antifascistes sont plus nécessaires que jamais.
Le travail ne fait que commencer. Rejoignez la lutte!