Dans quelques jours, ce sera la fin de la grande mascarade électorale. Nous reviendrons au paresseux ronronnement d’un système qui n’a jamais rien eu de démocratique. La même oligarchie politique, ou presque, sera au pouvoir et au service du capitalisme sans que cela ne change quoi que ce soit.

En tant qu’antifascistes et antiracistes, nous ne croyons pas du tout en ce système électoral élitiste. C’est pourquoi nous resterons vigilant-e-s face aux prémisses racistes qui ne manqueront pas de continuer à se faufiler dans les lois et dans les politiques publiques. De même, nous ne croyons pas qu’un nouveau gouvernement — quel qu’il soit — sera en mesure de freiner la propagation de l’islamophobie et de la xénophobie ambiantes ainsi que la montée du national-populisme et d’une extrême droite organisée.

Car ne soyons pas dupes, sous son vernis multiculturel et respectable, le Parti libéral du Québec (PLQ) n’a pas fait avancer d’un pouce les revendications antiracistes. Après environ 15 ans de pouvoir libéral, force est de constater qu’il n’y a pas eu d’investissement majeur dans des structures d’intégration adaptées à la réalité québécoise ni de grandes réformes visant à lutter contre les discriminations. Le PLQ a même scrappé  la seule petite avancée potentielle qui se profilait à l’horizon en sabordant sa propre commission sur le racisme systémique!

Quant à la CAQ, le soutien enthousiaste des groupes d’extrême droite québécois envers ses propositions en matière de politique d’immigration parle de lui-même. Qu’il s’agisse de la baisse du taux d’immigration, de pseudo test des “valeurs” ou autres fantasmes identitaires, la façon dont la CAQ penche vers une logique trumpienne laisse présager des tensions et de nouvelles tragédies familiales aux frontières québécoises. Ainsi qu’à l’intérieur. Le Parti québécois (PQ) de Jean-François Lisée n’est pas vraiment mieux et surfe sans honte sur une dangereuse vague identitaire depuis l’épisode de la charte des valeurs, alternant allègrement entre national-populisme et national-libéralisme.

Reste Québec solidaire (QS). Bien qu’à certains égards plus sympathique que les autres, QS ne cesse de se gargariser de son propre rôle, se percevant comme l’avant-garde électorale du Québec de demain. Nous ne partageons pas cette confiance dans les institutions étatiques et rejetons cette logique électorale qui implique de déléguer notre part de souveraineté politique en s’investissant dans un cirque aussi pitoyable que grossier. De plus, il semble parfois que QS se préoccupe de faire passer la question nationale avant la question sociale, comme lorsque Alexandre Leduc, candidat de QS dans Hochelaga-Maisonneuve, déclare qu’il préférerait un Québec indépendant néolibéral à un Canada uni sans pauvreté… Voilà une prise de position qui ne déplairait pas à ces grands progressistes que sont Bock-ôté ou PKP.

Au-delà des échéances électorales, nous assistons depuis plusieurs années maintenant à une normalisation inquiétante des idées xénophobes et d’extrême droite dans l’espace public. Alors que la lutte contre les inégalités et les discriminations ainsi que les problématiques écologiques devraient être au centre des débats, le cirque de la politique électorale tourne au rythme de la rhétorique néolibérale et du repli identitaire. Les débats sont si biaisés à droite que la propagande médiatique en vient à présenter la timide pseudoalternative de centre gauche qu’incarne QS comme un changement radical et une potentielle dictature communiste. Ça ne prend pas grand-chose pour avoir l’air d’un épouvantail…

C’est pourquoi nos luttes — antiraciste, antipatriarcale, anticoloniale et anticapitaliste, entre autres — revendiquent une autonomie vis-à-vis du système électoral et du parlementarisme et aspirent à déborder les institutions étatiques.

Nous vous invitons donc à participer au party contre les élections du Grand banquet, qui aura lieu le lundi 1er octobre à partir de 19h30 au Parc Lafontaine (https://www.facebook.com/events/2090730814305356/), ainsi qu’à la Grande manifestation contre le racisme qui aura lieu le 7 octobre prochain à partir de 15h (https://www.facebook.com/events/255359678444137/). Quel que soit le parti au pouvoir, nous marcherons autant contre le national-libéralisme de la CAQ et du PQ que contre le multiculturalisme néolibéral du PLQ, contre la xénophobie et l’islamophobie, pour l’ouverture des frontières et la solidarité!