Le 8 décembre 2023, la Gendarmerie royale du Canada annonçait avoir arrêté deux Ontariens, Matthew Althorpe et Kristoffer Nippak, et porté contre eux un certain nombre d’accusations découlant de leurs activités au sein de divers projets à caractère néonazi implantés en Ontario. Au premier chef, les deux hommes sont accusés de « participation aux activités d’un groupe terroriste », soit le réseau Atomwaffen Division, organisation classée comme terroriste au Canada. Dans son communiqué la GRC évoque également deux projets moins bien connus : le Terrorgram Collective et Active Club Canada. Le premier y est décrit comme « un groupe de chaînes sur Telegram en faveur de l’idéologie néofasciste qui publient des guides sur les moyens de se livrer à des actes de violence à caractère racial ». Active Club y est quant à lui présenté ainsi :

« Le réseau de l’Active Club est formé de cellules décentralisées de groupes néonazis et de suprématie blanche, qui sont actifs dans bien des États aux États-Unis et qui ont des chapitres ailleurs dans le monde, comme au Canada. Le réseau a été créé en janvier 2021 et préconise le recours aux arts martiaux mixtes pour combattre ce qu’il dit être un système qui cible la race blanche. Il encourage aussi le développement d’un esprit guerrier pour se préparer à la guerre raciale qui viendra. »

Active Club Canada, dont font partie les deux accusés, se présente donc comme un pôle régional du réseau Active Club international.

Quelques jours seulement avant ces arrestations, le 1er décembre, Vice News avait fait paraître un exposé détaillé du journaliste indépendant Mack Lamoureux sur Kristoffer Nippak et son rôle clé au sein du réseau Active Club au Canada, en particulier dans la région d’Ottawa. Dans son article, Lamoureux fait état d’une section régionale au Québec, mais jusqu’à présent, ce groupuscule local n’avait toujours pas fait l’objet d’un examen attentif. Le présent article a pour objectif de remédier à cette lacune en exposant le noyau dur du Frontenac Active Club (FAC), le principal projet « activiste » néonazi au Québec à l’heure actuelle.

Le 9 décembre 2023, les militants du Frontenac Active Club défendaient leurs camarades d’Active Club Canada au lendemain de leur arrestation, qualifiant les accusations portées contre eux « d’accusations politiques fabriquées ».

Que sont les Active Clubs?

Les Active Clubs forment un réseau décentralisé de groupes locaux ancrés dans l’idéologie suprémaciste blanche et néonazie. Ils incarnent une renaissance du mouvement « nationaliste blanc » (parfois désigné comme White Nationalism 3.0), faisant suite aux courants white power des années 1990 et 2000 et à la mouvance Alt-Right des années 2016-2020, épousant une structure sans leadership formel. L’origine du mouvement est généralement imputée au militant américain Robert Rundo, qui avait déjà fondé le groupe activiste Rise Above Movement (RAM) en Californie, en 2017, au plus fort de la période Alt-Right. Le but exprès de RAM était d’agresser physiquement les ennemi·es du mouvement nationaliste blanc.

Robert Rundo, l’initiateur du réseau Active Club.

Suivant la même logique, l’activité principale des Active Clubs consiste à s’entraîner à différentes techniques d’arts martiaux en vue de se préparer à la guerre raciale à venir, jugée inévitable en raison de ce que les militants conçoivent comme un « génocide blanc », soit le remplacement délibéré (par une nébuleuse élite généralement assimilée au cosmopolitisme et à la « juiverie internationale ») des populations à majorité blanche par des populations non-blanches dans les pays du bloc occidental, au moyen de « l’immigration de masse ». Les militants d’Active Club adhèrent sans réserve à ce fantasme de complot, comme à celui du « Grand Remplacement », et sont profondément ancrés dans la sous-culture néonazie contemporaine, vouant par exemple un culte à la figure d’Adolf Hitler et au parti nazi, en plus d’épouser une interprétation négationniste de l’Holocauste et de la Deuxième Guerre mondiale. Il va sans dire qu’ils baignent dans un imaginaire violent imprégné d’antisémitisme, de racisme, de misogynie, d’homophobie/transphobie et de haine viscérale des mouvements sociaux inclusifs et égalitaristes – libéraux autant que radicaux –, lesquels sont généralement regroupés sous la catégorie fourre-tout de « communiste » (la détestation du communisme est une référence constante et une valeur fondamentale).

Les Active Clubs seraient implantés dans 33 États américains et au moins douze pays, probablement plus à l’heure d’écrire ces lignes. Selon Vice News, il y aurait au moins 11 sections locales Active Club au Canada, dont le groupe Frontenac Active Club, principalement implanté dans la grande région de Montréal.

En dépit de ses déboires judiciaires, Robert Rundo demeure une figure emblématique du mouvement, et la Californie du Sud semble toujours en être l’épicentre, puisqu’un rassemblement des sections Active Club y est attendu au mois d’août 2024 (un premier événement du genre s’est déjà tenu à San Diego en août 2022). Rundo anime un certain nombre d’initiatives, dont le projet médiatique Media2Rise et la distribution de vêtements Will 2 Rise (W2R), dont les membres des Active Clubs portent très souvent les couleurs en soutien à leur maître à penser.

Ce compte lié à « Active Club » sur la plateforme Telegram renvoie aux projets Will2Rise et Media2Rise, tous deux animés par Robert Rundo.

 

D’où vient le Frontenac Active Club?

 Le Frontenac Active Club a vu le jour au printemps 2023 (la chaîne Telegram a été créée le 16 février) et est l’héritier direct du projet White Lives Matter local, auquel nous avions consacré un article au printemps 2022. L’un des deux leaders du groupe mentionnés dans cet article est Raphaël Dinucci, de Laval, qui a visiblement poursuivi son parcours pour devenir le principal pilier du Frontenac Active Club et le militant clé sans qui le projet n’aurait sans doute pas tenu debout. Dans un premier temps, Dinucci a multiplié les liens avec des sections ontariennes du mouvement, avant de parvenir à réunir autour de lui un noyau de 5 ou 6 militants et de former ce qui est aujourd’hui le Frontenac Active Club.

La chaîne Telegram du Frontenac Active Club a été créé en février 2023. Elle compte aujourd’hui près de 800 abonnés.

On sait que le FAC entretient toujours des liens virtuels avec les autres Active Clubs canadiens, notamment avec le groupe ayant fait l’objet des perquisitions de la GRC, ainsi qu’avec le groupe Nationalist-13 implanté dans le sud-ouest de l’Ontario (13 = AC, pour anticommuniste).

Le frontenac Active Club est proche du groupuscule suprémaciste blanc Nationalist-13, implanté dans le sud de l’Ontario. Au centre, Raphaël Dinucci.

Ce signe de la main que les militants du Frontenac Active Club affectionnent et reproduisent volontiers, le salut de Kühnen, est un signe de reconnaissance néonazi.

Les activités du groupe sont centrées dans le grand Montréal. Ses membres y sont disséminés sur la rive sud (Saint-Hubert, Saint-Jean-sur-Richelieu), la rive nord (Laval) et jusque dans Lanaudière (Rawdon). Bien qu’une poignée de membres/sympathisants semblent aussi être présents dans la région de Québec, on ne peut pas parler d’une section dûment constituée, puisque leurs actions se sont limitées dans la dernière année à la pose d’autocollants et à quelques sorties sociales dans la Capitale.

L’essentiel de l’activité du Frontenac Active Club dans la Capitale nationale consiste poser des collants et à se prendre en photo. Ici, Raphaël Dinucci prend la pose en août 2023.

Sortie tranquillou à la Taverne Urbaine 1500, à Québec, en décembre 2023.

Sans doute dans le souci de favoriser l’esprit de fraternité raciste et misogyne qui est à la base du mouvement, l’adhésion au FAC est strictement réservée aux hommes blancs.

Le compte Twitter/X du groupe a été créé en avril 2024. Raphaël Dinucci y a également un compte personnel.

(Il importe à cet égard de souligner que cette plateforme, sous la houlette du milliardaire Elon Musk, est [re]devenue un véritable safe space pour les individus et groupes suprémacistes et néonazis, après que l’administration précédente y eût opéré une relative épuration. C’est aussi un espace où la désinformation et les discours haineux ont aujourd’hui libre cours, pratiquement sans aucune contre-mesure. À tel point d’ailleurs qu’il nous semble inutile, voire contre-productif, d’y maintenir une présence.)

 

Que font-ils?

Dans la droite lignée du mouvement, les membres du FAC s’entraînent assez régulièrement aux arts martiaux, de façon inégale selon les membres, généralement dans un parc public près de chez vous, surtout en périphérie de Montréal (Longueuil, Laval). L’autre aspect central de leur activité consiste à se mettre en scène sur leur chaîne Telegram, en publiant des photos de groupe documentant leurs activités. En avril dernier, les membres du noyau dur se sont notamment photographiés en prenant la pose après un entraînement au parc Mackenzie-King, dans l’arrondissement Côte-des-Neiges de Montréal, tout juste en face d’une synagogue et d’une école confessionnelle juive, et à un jet de pierre du Musée de l’Holocauste de Montréal.

Militants du Frontenac Active Club s’entraînant au parc Mackenzie-King, dans l’arrondissement Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce, à Montréal, le 22 avril 2024. Sur la photo de groupe, de gauche à droite : Mathieu Grenier, Martin Brouillette (de dos), Shawn Beauvais Macdonald et Raphaël Dinucci.

Cet événement coïncide d’ailleurs avec l’apparition à visage découvert de Shawn Beauvais MacDonald, dont nous soupçonnions déjà la connivence avec le club. Rien n’indique que Beauvais MacDonald ait été un militant sérieux du groupe avant cette année, mais il est clair que ni lui ni ses acolytes ne rechignent à ce que sa tristement notoire image soit associée au Frontenac Active Club. D’ailleurs, plus récemment encore, il semble que Beauvais MacDonald ait pris une place encore plus centrale au sein du groupe, le représentant notamment dans un tournoi de boxe amical contre les nazis de Nationalist-13 et donnant son contact personnel comme moyen d’entrer en lien avec le FAC.

Shawn Beauvais MacDonald et Raphaël Dinucci, en avril 2024, portant des t-shirt du projet Will2Rise de Robert Rundo.

L’ignorance consternante des membres du groupuscule n’a d’égale que leur extrême valorisation d’un culte du corps correspondant aux normes de la masculinité toxique qui s’imposent traditionnellement dans les milieux d’extrême droite. Outre les entraînements, le FAC se donne plus que jamais des allures de club social pour nazis rejects lorsque ses membres organisent des randonnées en nature les week-ends (par exemple au Mont Gorille, Laurentides, ou à la Montagne Noire, Lanaudière), ou se tapent une partie de badminton au Carrefour Multiport de Laval, souvent suivie d’une petite bière dans un pub local.

Sortie en nature du Frontenac Active Club, le 14 mai 2024. Au centre, à visage découvert, Shawn Beauvais MacDonald.

Séance de sparring entre Martin Brouillette et Mathieu Grenier, du Frontenac Active Club, en novembre 2023.

Chamaillage et posture sur le Mont-Royal, en juillet 2024. Au centre, Shawn Beauvais MacDonald.

Raphaël Dinucci brandit le drapeau de son groupuscule à l’occasion d’une sortie au Mont Gosford, en Estrie, en juin 2023.

Outre les activités physiques et la représentation ostentatoire sur ses médias sociaux, le club cherche bien sûr à se donner de la visibilité dans la cité, notamment sur le mode déjà privilégié par White Lives Matter consistant à poser des autocollants un peu partout dans la région de Montréal et d’autres localités, dont Saint-Jean-sur-Richelieu, où réside notamment le militant David Barrette.

Un autocollant du Frontenac Active Club, apposé en mai 2023 à Saint-Jean-sur-Richelieu, lieu de résidence de David Barrette.

Les militants du FAC affectionnent particulièrement ce genre de mise en scène, où ils brandissent un autocollant du groupe quelque part… Ici à Bromont, en mai 2023.

Un autre collant du FAC, dans l’arrondissement Rosemont-La Petite-Patrie, à Montréal, novembre 2023.

Quant aux mobilisations physiques, Raphaël Dinucci et David Barrette ont eu la curieuse idée de se pointer à une manifestation contre l’heure du conte en drag et la communauté queer et trans, à Sainte-Catherine, le 2 avril 2023. Ça s’est mal passé pour eux, puisque Dinucci s’est fait battre par les manifestant·es et interpeller par la police, tandis que Barrette a reçu des accusations pour voie de fait (abandonnées au printemps dernier). Dans le même ordre d’idée, le militant du FAC Martin Brouillette a envoyé des menaces explicites aux organisateur·rices de la manifestation « Nous ne serons pas sages », en mars dernier, sous son pseudonyme « Martin Leblanc ». Il n’a toutefois pas donné suite à ses menaces.

David Barrette, alias « NatSocSiD », ou ici « SuperFrenSiD », se vante de ses « exploits » sur la plateforme Discord, dans la foulée de l’intervention des militants du Frontenac Active Club en marge d’une manifestation transphobe, à Sainte-Catherine, le 2 avril 2023.

David Barrette, alias « SuperFrenSiD », relate ses déboires à Sainte-Catherine, le 2 avril 2023.

David Barrette, alias « NatSocSiD », relate ses déboires sur la plateforme Undernet.

Martin Brouillette, alias « Martin Leblanc », formule des menaces explicites à l’endroit des organisateur·rices de la manifestation « Nous ne serons pas sages », en mars 2024.

Une publication de juin sur la chaîne Telegram du groupe montre le militant Mathieu Grenier en visite en France, entouré de militants nationalistes de la région marseillaise.

 

Comment le Frontenac Active Club s’inscrit-il dans l’écosystème d’extrême droite au Québec?

Que ce soit sous la bannière Active Club ou, précédemment, celle de White Lives Matter, il est clair que ce petit noyau de militants néonazis cherche à se tailler une niche dans le milieu de l’extrême droite québécoise.

Le Frontenac Active Club s’inscrit avant tout dans la tradition du nationalisme blanc et du néonazisme made in North America, en droite ligne avec la frange la plus radicale de l’Alt-Right et les mouvements qui l’ont historiquement précédée. Il est aussi adjacent aux obsessions complotistes dominantes en Amérique du Nord (là où le « White Genocide » rencontre le Grand Remplacement), comme la panique morale entourant l’émancipation des minorités sexuelles et de genre. Les militants WLM/FAC ont notamment été aperçus durant la pandémie dans des manifestations contre les mesures sanitaires, puis, à partir du printemps 2023, en marge des activités transphobes organisées par les suspects habituels de la complosphère locale. Le FAC maintient aussi des liens avec le réseau Active Club canadien, dont les néonazis du groupuscule Nationalist-13, et avec le réseau Diagolon, principalement au moyen de communications chiffrées sur la plateforme Telegram. Lors de la récente « tournée canadienne » des militants de Diagolon, ceux-ci se sont d’ailleurs arrêtés à Montréal, où ils ont fraternisé avec les gars du Frontenac Active Club.

Frontenac Active Club et le groupe Nationalist-13 ont récemment participé à un tournoi de boxe amical entre néonazis. À noter que Shawn Beauvais MacDonald est décrit dans cette publication comme le « champion » du FAC et que son compte Telegram est indiqué comme contact du groupe.

Les militants du Frontenac Active Club et de Nationalist-13 se sont réunis en Ontario dans la semaine du 5 août.

Les militants du Frontenac Active Club ont eu l’occasion de fraterniser avec ceux du réseau Diagolon à Montréal, le 1er août 2024. Là encore, Shawn Beauvais MacDonald semble être devenu un membre clé du groupuscule, s’exprimant ici à la première personne.

Mais ses membres flirtent également avec le fascisme en ceinture fléchée. Ils ont notamment participé au moins une fois à l’horripilante « Saint-Jean de la Race » de Nomos-TV, le programme de propagande ethnonationaliste dirigé par Alexandre Cormier-Denis. Depuis quelques années, ces festivités prennent la forme d’un enregistrement de Nomos en direct, le 23 juin, suivie d’une petite fiesta intime entre fachos. Raphaël Dinucci était définitivement présent à l’édition 2022 de cet événement à Québec (au Bar Le Duck), notamment aux côtés de membres du groupe néofasciste Atalante et du Parti nationaliste chrétien (néonazi) de Sylvain Marcoux, avec qui le FAC semble en termes amicaux depuis l’époque de WLM. Nous avons de bonnes raisons de croire que Dinucci était à nouveau présent lors de la dernière édition de la Saint-Jean de Nomos, à Montréal le 23 juin dernier, qui se tenait pour une deuxième année consécutive dans les locaux de Lux Média, le projet de « réinformation » d’André Pitre. (Beauvais MacDonald y a quant à lui été aperçu l’année précédente.)

Le plus important à retenir ici est précisément que ces « activistes » néonazis qui se fantasment un rôle prépondérant dans une guerre raciale qu’ils imaginent imminente – du côté des croisés de la race blanche, bien entendu – font partie intégrante de l’écosystème de l’extrême droite au Québec. Bien qu’ils y soient encore relégués à la marge, ils y jouent définitivement un rôle, ne serait-ce que comme repoussoir pour les autres, qui peuvent à loisir se dépeindre comme « moins pires que ». Sans que tous leurs éléments spécifiques s’arriment nécessairement, il faut bien comprendre que tous les groupes et les courants mentionnés dans le présent article et dans les autres communications récentes de Montréal Antifasciste (des nazis 3.0 de WLM/FAC aux nationalistes ethniques de Nouvelle Alliance, en passant par les complotistes transphobes, les cryptofascistes de Nomos et les nationaux-socialistes déjantés du Parti nationaliste chrétien) occupent un espace particulier dans un seul et même écosystème, où ils tendent à se renforcer mutuellement.

Il importe aussi de rappeler le rôle clé que jouent certaines figures des médias dominants d’ici (est-il même besoin de les nommer?) pour normaliser l’extrême droite… en répétant aussi souvent que possible qu’elle n’existe tout simplement pas.

 

Qui forme le noyau dur du Frontenac Active Club?

Photo de groupe du Frontenac Active Club prise dans le garage de Martin Brouillette, à Rawdon, en janvier 2024. De gauche à droite: Martin Brouillette, Mathieu Grenier (à genou, t-shirt « Free Rundo »), David Barrette (debout derrière), Steven Khazanov et Raphaël Dinucci (à l’avant, t-shirt HTLR).

 

 

Raphaël Dinucci

Telegram : @Raph131
@adamm1313
Adresse : 5346 Pauzé, Laval QC H7K 2M5

Raphaël Dinucci est fort probablement le fondateur et le principal animateur du Frontenac Active Club. Il apparait d’abord sur notre radar en 2022 comme coadministrateur du canal Telegram White Lives Matter Québec, sous le pseudonyme de « Whitey », aux côtés de Yannick Lachapelle, alias « Nord-Est ». Ils forment en fait à eux deux le noyau dur de l’éphémère groupuscule.

Profil Telegram connu de Raphaël Dinucci.

Actuel profil Telegram de Raphaël Dinucci.

Dinucci se distingue dès le début par un activisme intense, notamment dans les rues de Laval, qu’il recouvre de stickers et de graffitis.

On comprend que cette petite crevette prématurée a eu 23 ans le 22 juillet dernier.

Après la sortie de l’article White Lives Matter : un nouveau projet néonazi fait des petits au Québec en mars 2022 et l’évaporation dans la nature de Yannick Lachapelle, Dinucci se retrouve seul aux commandes. Nous savons qu’il multiplie les liens avec des membres ontariens de WLM et Active Club, et c’est éventuellement à ce moment que lui vient l’idée et l’envie de passer à la vitesse supérieure et de fonder le Frontenac Active Club.

Dinucci se prend en selfie pour la chaîne Telegram du Frontenac Active Club, en citant le nazi belge Léon Degrelle.

Détail du tatouage de Raphaël Dinucci : une figure de loup surimposée dans une rune de Tir.

On le retrouve sur quasi toutes les photos des activités du groupe de Montréal et il est aussi celui qui s’occupe des relations publiques pour le FAC, que ce soit en rencontrant les membres du Parti Nationaliste Chrétien (PNC, basé à Drummondville), ou en participant aux différentes éditions de la « Saint-Jean de la Race » de Nomos-TV.

Il est présent le 2 avril 2023 au rassemblement de Sainte-Catherine avec David Barrette et Sylvain Marcoux (du PNC), et ils déploient quelques secondes une bannière « Sales pédos hors du Québec », qui leur est rapidement confisquée.

La bannière confisquée aux militants du Frontenac Active Club à Sainte-Catherine, le 2 avril 2023.

Il est toujours domicilié chez son père dans le secteur Auteuil de Laval.

 

 

David Barrette

Telegram : @NatSocSiD
Adresse : 863 rue Saint-Jacques, Saint-Jean-sur-Richelieu

David Barrette est un néonazi du clavier hyperactif depuis des années, principalement sous le pseudo @NatSocSid (il en a plusieurs autres), sur de nombreuses plateformes virtuelles, dont Telegram, Discord et le serveur IRC #Montreal du réseau de clavardage Undernet. Il est également actif sur YouTube, BitChute, TikTok et plusieurs autres plateformes. Il était déjà membre du groupe White Lives Matter en 2020 et a naturellement fait la transition vers le Frontenac Active Club à sa création, avec Dinucci et d’autres sympathisants.

Mesdames, à qui la chance?

Son activité et son implication au sein du FAC sont limitées en raison d’une blessure chronique à la cheville. Cela ne l’a pourtant pas empêché d’accompagner Raphaël Dinucci lors d’une aventure « in real life » à Sainte-Catherine le 2 avril 2023, aventure qui s’est soldée pour lui par une arrestation et des accusations de voies de fait (accusations retirées en mars dernier par les autorités, pour des raisons que nous ignorons). Nous croyons que ces déboires judiciaires ont refroidi son enthousiasme pour l’activisme politique, mais il reste très proche du noyau dur du FAC.

David Barrette, en fâcheuse posture, le 2 avril 2023, à Sainte-Catherine.

David Barrette habite à Saint-Jean-sur-Richelieu et travaille à Montréal dans le domaine des technologies de l’information, pour la compagnie Globotech Communications, spécialisée dans l’hébergement Web. Les renseignements que nous avons recueillis nous portent à croire qu’il se sert de sa position privilégiée au sein de cette compagnie pour y héberger de manière clandestine des sites et services à caractère antisémite, néonazi ou suprémaciste blanc, à même les serveurs de l’entreprise.

Profil Instagram de David Barrette, alias NatSocSiD.

David Barrette est gestionnaire chez Globotech Communications, à Montréal.

L’employeur de Barrette sera sans doute intéressé de connaître les activités extracurriculaires de son employé, voire de procéder à un examen minutieux des serveurs placés sous sa supervision.

Globotech Communications :

[email protected]/[email protected] / [email protected] / [email protected]
Téléphone : (514) 907-0050 ou 1 888-482-6661
(À noter que Barrette reçoit lui-même les messages de demande de soutien et est susceptible de les filtrer; il est donc indiqué d’écrire à plusieurs adresses pour faire en sorte que le message se rende bien aux autorités compétentes…)

 

 

Martin Brouillette

https://www.facebook.com/martin.brouillette.7/
Telegram : @M_clean
Adresse : 5900 chemin Bélair, Rawdon, QC, J0K1S0

Nous avons eu les premiers échos de ce sinistre personnage en mars dernier, lorsque le comité Nous ne serons pas sages – un groupe grassroots formé pour contrer le ressac anti-LGBTQ et le soi-disant « Comité des sages » du gouvernement de la CAQ – nous a contacté pour nous signaler des menaces violentes et haineuses reçues d’un certain « Martin Leblanc ». Ce dernier disait vouloir « se rencontrer » pour « enlever des pédophiles et des trans de ce monde », et qu’il leur donnait « rendez-vous sur Fullum » (le lieu de la manif du Comité).  Dans un autre message, tout aussi violent, il se disait « fasciste, violent, près (sic) à faire le ménage », qu’il avait « déjà cracher (sic) sur des juifs et des gay » et qu’il voudrait « continuer [son] cheminement ».

Martin Brouillette, alias «  Martin Leblanc », formule des menaces explicites à l’endroit des organisateurices de la manifestations « Nous ne serons pas sages », en mars 2024.

Nous avons assez facilement retrouvé un « Martin Leblanc » sur Telegram (chaîne associée, « My Ancestral Calling »), avec un profil dont le caractère suprémaciste blanc ne laisse aucun doute (hommage à Hitler, etc.). Sa photo de profil le montre dans un gym dont les murs sont tapissés de symboles néonazis et d’un drapeau du Frontenac Active Club; c’est d’ailleurs le même gym qu’on aperçoit sur certaines photos publiées par le groupe sur sa propre chaîne.

Martin Brouillette dans le gym privé aménagé dans son garage, à son domicile de Rawdon. À noter, le tatouage d’un faisceau (symbole du fascisme) sur sa nuque et l’arrière de sa tête.

Martin Brouillette dans le gym privé aménagé dans son garage, à son domicile de Rawdon.

Martin Brouillette (à gauche) pose fièrement avec ses camarades du FAC dans son garage.

Martin Brouillette se vante d’avoir bâti son garage/gym durant la pandémie.

Ce profil nous a permis de trouver son vrai nom, Martin Brouillette  – dont le compte Facebook est illustré par la même photo de profil que le compte Telegram de « Martin Leblanc » – où celui-ci se décrit carrément dans sa bio comme « fasciste ».  (À ce propos, les robots de Facebook semblent de moins en moins capables de détecter les publications néonazies ou suprémacistes blanches, et même les profils qui écrivent « fasciste » en clair, en plus d’afficher du contenu haineux, ne semblent pas être détectés dans ce Meilleur des mondes placé sous le signe de l’intelligence artificielle.) 

Le compte Facebook de Martin Brouillette.

Le compte Facebook de Martin Brouillette.

Une publication du compte Facebook de Martin Brouillette.

Un commentaire de Martin Brouillette sur Facebook.

Les photos affichées par Brouillette sur sa chaîne Telegram nous enseignent également qu’il s’est entraîné régulièrement à un club d’arts martiaux privé, situé à Saint-Charles-Borromée (Joliette), dont les responsables ignoraient bien entendu les activités politiques (voir la mise-à-jour ci-dessous). C’est par les mêmes moyens que nous avons pu déterminer que son gym privé, là où il invite ses potes fascistes à se rouler par terre, se trouve dans son propre garage, sur le chemin Bélair dans la municipalité de Rawdon. 

Martin Brouillette, membre du groupuscule néonazi Frontenac Active Club, prend la pose dans les locaux d’un club d’arts martiaux de la région de Joliette.

Martin Brouillette, membre du groupuscule néonazi Frontenac Active Club, affiche discrètement ses couleurs à l’intérieur du club de karaté où il s’entraînait dans la région de Joliette, à l’insu du Sensei et des autres membres du club.

Mise-à-jour : Suite à la publication de cet article et des démarches entreprises auprès des responsables du club Karaté Kanreikai Joliette, ceux-ci nous ont assuré avoir pris les mesures nécessaires pour exclure Martin Brouillette définitivement du dojo. Cette décision est tout à leur honneur.

 

Shawn Beauvais MacDonald

Telegram : @FriendlyFash

Eh la la, comme on dit dans le milieu… Cet abruti saucé est littéralement de tous les mauvais plans, à tel point que les autres nazis devront bien, à un moment donné, se rendre compte qu’il est toxique et que tout ce qu’il touche se transforme en marde. Il n’a en tous cas aucune notion de sécurité opérationnelle et vit sa petite vie de nazi comme un livre ouvert, ce qui expose tôt ou tard ses petits camarades. Que dire encore sur cet énergumène que nous n’ayons pas déjà dit 100 fois?

Nous soupçonnions déjà depuis avril 2023 que Beauvais MacDonald jouait un rôle, soit au cœur, soit en marge du FAC, mais nous n’en avions aucune preuve. En avril dernier, il a toutefois commencé à s’afficher à visage découvert avec le groupe sur son compte Telegram, suite à quoi celui-ci a décidé d’en faire un poster boy sur sa propre chaîne Telegram. Il a récemment pris une place plus centrale au sein du groupe. Il convient de remarquer que son arrivée dans le décor a coïncidé avec une séance d’entraînement au jiu-jitsu tout juste devant une synagogue dans le quartier Côte-des-Neiges de Montréal.

Shawn Beauvais Macdonald est désormais, littéralement, une figure centrale du Frontenac Active Club.

Shawn Beauvais Macdonald pose avec ses camarades du Frontenac Active Club à Montréal, en juillet 2024.

Accessoirement, Beauvais MacDonald semble récemment plus que jamais en roue libre. On nous signale qu’il a été plus d’une fois aperçu en public à proférer des menaces contre des personnes l’ayant reconnu (qu’il assimile évidemment aux « antifas »). De plus, il semble s’être acoquiné avec la jeune Sandrine Girardot, de Châteauguay, qui s’est tristement fait connaître en mars dernier pour avoir commis une série de graffitis haineux dans cette ville, notamment sur son propre immeuble à logements. Cette dernière a elle-même publié sur ses comptes de médias sociaux une série de publications et de vidéos complètement déjantées où l’on aperçoit avec Shawn Beauvais MacDonald dans divers quartiers et dans le métro de Montréal, agressant verbalement des passant·es avec des invectives et des insultes racistes et homophobes, criant leur admiration pour Adolf Hitler et faisant des saluts nazis, hilares.

Lorsque nous avons signalé publiquement ce rendez-vous galant de néonazis en goguette, Beauvais MacDonald a répondu en formulant des menaces explicites :

… si on demandait à un robot conversationnel de produire un message de menaces dégoulinant de masculinité toxique, comme en ferait un néonazi stéroïdé de 40 ans salivant sur une jeune femme de 23 ans visiblement dans un état de grande fragilité mentale.

 

Mathieu Grenier

Mathieu Grenier utilise l’alias « @matthewattic » sur Telegram. Nous savons peu de choses de lui, hormis qu’il est roux et qu’il fut jadis impliqué dans le (très éphémère et essentiellement virtuel) groupe Proud Boys de Montréal. Il a récemment fait un voyage à Marseille, où il a socialisé avec des fachos locaux.

 

 

Steven Khazanov

Khazanov utilise l’alias « @stvjms » sur Telegram.  Il vit sur la rive-sud de Montréal et a participé à plusieurs activités du Frontenac Active Club au cours de la dernière année.

Sa photo de profil sur Telegram le montre s’entraînant dans les installations extérieures du Parc de la Cité, à Saint-Hubert. Il est domicilié au 3133, rue Ovila-Hamel, à Saint-Hubert.

 

 

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Afin de ne pas nuire à nos enquêtes, nous avons choisi de ne pas inclure tous les renseignements dont nous disposons dans cet article. Nous continuons bien sûr à recueillir des renseignements sur les membres actifs du Frontenac Active Club. Si vous avez des renseignements sur ces individus ou d’autres rattachés au groupe ou évoluant dans ce milieu, n’hésitez pas à nous écrire à [email protected].