Entre 2018 et 2021, le collectif Montréal Antifasciste a produit une série d’articles visant à combattre les idées toxiques et exposer publiquement les membres de l’organisation néofasciste Atalante, qui est principalement basée dans la ville de Québec et ses environs. Ce dossier est le fruit d’une collaboration soutenue entre plusieurs militant·e·s et sympathisant·e·s antifascistes de Montréal et Québec.

Militant·e·s, sympathisant·e·s, partisan·e·s d’Atalante Québec : Shawn Beauvais-MacDonald, Mathieu Bergeron & co., Heïdy Prévost, Folk you! & Légitime Violence, Louis Fernandez & Baptiste Gilistro, Laurie Baudin, La Barricade & Misanthropic Division, Quentin Pallavicini I, Pallavicini II : la Taupe, Yannick Vézina.

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Montréal Antifasciste a récemment publié un long dossier sur l’organisation néofasciste Atalante Québec. On peut notamment y découvrir les liens avec des organisations à l’internationale, le projet politique du groupe inspiré du fascisme ainsi qu’une identification des principaux membres du groupe à Québec et à Montréal.

La partie consacrée au band RAC Légitime Violence nous a montré que ce genre d’organisation a besoin d’investir certains terrains, notamment des scènes musicales contreculturelles, pour recruter. C’est le rôle qu’occupe Légitime Violence, dont tous les membres sont également membres d’Atalante, à commencer par Raphaël Lévesque, alias Raf Stomper, leader du band et kapo de l’organisation fasciste. On l’a vu aussi, une grande partie des membres et sympathisant.e.s d’Atalante sont fans de Légitime Violence et amateurs de musique soi-disant extrême comme le National Socialist Black Metal (NSBM).

Plusieurs autres milieux (la musique et en particulier la scène métal, le tatouage, la politique, les universités, les jeux grandeur nature…) sont également touchés, dans une moindre mesure, par l’organisation Atalante. Le travail d’identification est donc loin d’être terminé.

Nous publierons dans les prochains mois une série de courts articles intitulée « Atalante et ses partisan.e.s ». L’objectif est d’y présenter des personnalités publiques, membres ou proches d’Atalante, qui participent à leur façon à populariser et à normaliser l’organisation.

Dans cette première partie nous vous présentons Heïdy Prévost, alias Heïdy Valkyrie, membre active d’Atalante qui se rêve une carrière d’influenceuse.

 Mise à jour (14 février) : Dans une communication privée entre Heïdy et un proche ami à elle dont nous avons obtenu copie, celle-ci dit avoir tout perdu dans les 48 heures ayant suivi la parution de cet article : sa soirée spéciale au Scanner Bistrot a été annulée immédiatement, elle a perdu des contrats photo et fermé sa page Facebook professionnelle, et sa relation avec son agence semble être dans la balance. Son compte Facebook est fermé et son compte Instagram est rendu privé. Des photographes ont écrit en privé à différents sites antifascistes pour dire que leur collaboration était immédiatement rompue. Heïdy dit avoir formulé une plainte à la police, malgré la position hostile d’Atalante vis-à-vis la police et les délateurs. Soyons très clairs : l’article détaillant les liens d’Heïdy Prévost avec les fascistes d’Atalante et son goût pour les courants contre-culturels néonazis n’a rien de personnel contre elle. Son exemple nous permet d’envoyer un message : personne ne peut partager ouvertement ces idées et images toxiques ou s’acoquiner avec des fascistes impunément. Heïdy ne peut pas plaider l’ignorance, car elle porte fièrement des vêtements de plusieurs groupes NSBM et a activement contribué à faire rayonner l’image d’Atalante Québec, notamment en participant à ses actions de rue. D’ailleurs, PERSONNE ne peut plus plaider l’ignorance par rapport au projet fasciste d’Atalante. Que l’histoire d’Heïdy serve de leçon à quiconque persiste et signe dans leur affiliation : si vous participez au mouvement qu’Atalante essaie d’organiser, d’une manière ou d’une autre, vous êtes des cibles légitimes pour les antifascistes d’ici et d’ailleurs.

Portrait

Heïdy Valkyrie est née le 14 décembre 1990. Elle vit dans la banlieue de Québec et est mère de trois enfants. Elle travaille au Centre des Services partagés du Québec (CSPQ) à Québec et est membre du Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ). La fin de semaine, elle travaille occasionnellement au salon « ParadoXe – Tatouage & Body Pierçing professionnels »  (2480 Chemin Ste-Foy, local 025 G1V 1T6 Québec).

Heïdy travaille dans la fonction publique, au département de l’accompagnement et de la logistique du Centre des Services partagés du Québec (CSPQ).

La fin de semaine, elle travaille à la boutique ParadoXe (dont elle porte le logo sur cette photo).

Heïdy Prévost est une artiste pluridisciplinaire (chant, dessin, photographie…) qui s’est récemment lancé dans une activité de « modèle alternatif », avec l’objectif de se professionnaliser. Elle cherche également à représenter des marques, des bands, etc. Comme toute bonne influenceuse, elle est très active sur les réseaux sociaux Facebook et Instagram ou elle partage son quotidien. Elle possède dans les deux cas une page personnelle et professionnelle. Si elle n’a pas encore une très forte audience (elle s’est lancée il y a seulement deux mois), elle a déjà plusieurs contrats photo à son actif et elle vient de signer un contrat avec l’agence montréalaise Dress 2 Impress.

Du métal noir au fascisme

Tout irait bien pour Heïdy si elle n’était aussi une militante active de l’organisation néofasciste Atalante Québec. Heïdy est proche de l’extrême droite depuis des années. Elle a probablement rencontré ce mouvement en fréquentant la scène Métal Noir, dont plusieurs bands sont ouvertement racistes ou se réclament du NSBM. Lire à ce sujet l’article « Épidémie de peste noire dans la scène black métal » préparé par le collectif antifasciste français La Horde.

Heïdy avec des patchs de Burzum et Peste Noire, des bands NSBM (National-Socialist Black Metal).

Heïdy avec un tatouage du band Peste Noire.

Heïdy avec un chandail La Messe des Morts, le festival qui avait tenté de faire jouer le band NSBM Graveland à Montréal en novembre 2016.

C’est donc probablement dans la scène musicale NSBM qu’Heïdy s’est forgé son identité politique, de plus en plus à droite, jusqu’à se convertir au fascisme le plus dur.

On peut la voir ici poser avec un chandail à l’effigie du soleil noir, symbole occulte qui est une variante de la croix gammée et dont il est aujourd’hui avéré qu’il a été inventé par les nazis.

Sur la photo ci-dessus, on remarque également son tatouage d’une rune d’Odal, ou Othala (sur sa main), symbole tiré de l’imagerie nordique ancestrale couramment utilisé par les néonazis comme signe de reconnaissance (à ce sujet, voir aussi notre guide visuel de l’extrême droite):

 

Membre d’Atalante

Difficile de dire avec précision quand Heïdy a commencé à fricoter avec Atalante. Cela dit, la prochaine série de photo est sans équivoque. Il s’agit des photos d’une distribution de nourriture effectuée à l’été 2018 par Atalante, partagées sur le compte Facebook et le site Internet de l’organisation, et que Heïdy Prévost a fièrement repartagé sur ses comptes Facebook et Instagram.

Heïdy avec Jonathan Payeur, Sven Côté, Raphal Lévesque, Simon Gaudreau et Renaud Lafontaine.

Heïdy Prévost en pleine distribution de nourriture pour le compte d’Atalante Québec.

Elle est donc une militante active de l’organisation, et encore très récemment, en novembre 2018, elle annonçait sa participation à la formation militante d’Atalante. Au programme : formation idéologique et boxe. « Jeunesse au cœur rebelle » est un slogan d’Atalante.

Un simple survol de ses publications nous montre qu’elle est amie avec les principales figures du noyau dur de l’organisation : les Québec Stompers. Ici une capture d’écran des personnes ayant réagi a une de ses publications sur Facebook.

Capture d’écran des réactions d’une publication Facebook d’Heïdy Prévost. Jonathan Payeur, Benjamin Bastien, Yannick Vézina et Raphaël Lévesque sont des membres en règle des Québec Stompers.

Photo de la Saint-Jean 2018. Heïdy (à droite) en compagnie de deux autres militantes d’Atalante, « Evymay » Lacroix au centre et Laurie Baudin (à gauche). Elles arborent toutes les trois un foulard avec le logo d’Atalante. Au centre, un chandail « Jeunesse au cœur rebelle ».

Très récemment on voit ici Heïdy poser lors d’une soirée avec Jean Mecteau (Jhan Delabanniere), bassiste du groupe Légitime Violence. Lorsque Shawn Beauvais-Macdonald (Hans Grosse), un néonazi impénitent, membre d’Atalante à Montréal ayant fièrement participé à la manifestation « Unite the Right » à Charlottesville, fait un gag antisémite en réaction au nom de la soirée auquel Heïdy et ses amis participent (une photo de lui avec un long nez, caricature consacrée des Juifs par les antisémites), Heïdy se contente d’une réaction amusée :

Heïdy partage ici une photo d’Olivier Gadoury (à gauche), des Québec Stompers et Atalante. Notons le tatouage « Arbeit macht frei » (le travail rend libre), le tristement célèbre message d’accueil inscrit à l’entrée du camp d’extermination nazi d’Auschwitz.

Heïdy Prévost est donc indéniablement une membre active d’Atalante, elle a dans son entourage proche des militants fascistes et elle s’amuse ouvertement de messages antisémites.

Normaliser le fascisme

L’autre problème, et la raison pour laquelle nous lui consacrons cet article, est qu’elle fait partie des personnes qui essaient de donner une image respectable (et même glamour) à l’organisation Atalante.

Comment s’y prend-elle? Comme pour un placement de produit publicitaire, elle glisse des références à Atalante (stickers, chandail, slogans…) au milieu de publication plus anodines sur ses shootings photo, son quotidien, sa vie professionnelle et ses projets.

Photo d’un de ses fils avec un sticker d’Atalante et la mention « La relève ».

Sa guitare avec un sticker Atalante. On la retrouve quelques mois plus tard avec d’autres stickers, dont celui-ci :

Placement de produit Atalante à plusieurs moments de l’année. Chandail « Jeunesse au cœur rebelle ».

Encore plus inquiétant, Heïdy semble réussir à créer la confusion au sein même des antiracistes, puisqu’elle est bookée comme « serveuse d’un soir », le 21 février 2019, pour une soirée spéciale au Scanner Bistro, l’un des piliers de la communauté punk de Québec qui est réputé pour ne pas accepter l’extrême droite.

Annonce de la soirée par le Scanner Bistro.

[Mise à jour: la soirée Barmaid d’un soir au Scanner avec Heïdy Valkyrie a été annulée dans les minutes suivant la publication de cet article.]

Combattre le fascisme, sous toutes ses formes

En conclusion, on peu affirmer qu’Heïdy Prévost, alias Heïdy Valkyrie, n’est pas une idéologue de l’organisation, ni la militante la plus active, mais à l’instar du projet Légitime Violence, elle est à sa façon l’une des porte-étendard de l’organisation Atalante.

Nous appelons les scènes musicales punk et métal, le milieu du tatouage et du piercing, et les artistes photo à ne pas se laisser berner et à refuser fermement la présence du fascisme.