Dans cet article, nous dressons le portrait de Quentin Pallavicini, connu jusqu’ici sous le pseudonyme « Jean Brunaldo », fasciste patenté importé de France, qui est devenu au fil des années une figure importante d’Atalante Québec, notamment en essayant d’implanter le groupuscule dans la région de Montréal.
Entre 2018 et 2021, le collectif Montréal Antifasciste a produit une série d’articles visant à combattre les idées toxiques et exposer publiquement les membres de l’organisation néofasciste Atalante, qui est principalement basée dans la ville de Québec et ses environs. Ce dossier est le fruit d’une collaboration soutenue entre plusieurs militant·e·s et sympathisant·e·s antifascistes de Montréal et Québec.
- Démasquer Atalante (décembre 2018)
- Chasser Atalante (septembre 2019)
- Déboulonner Atalante (décembre 2019)
Militant·e·s, sympathisant·e·s, partisan·e·s d’Atalante Québec : Shawn Beauvais-MacDonald, Mathieu Bergeron & co., Heïdy Prévost, Folk you! & Légitime Violence, Louis Fernandez & Baptiste Gilistro, Laurie Baudin, La Barricade & Misanthropic Division, Quentin Pallavicini I, Pallavicini II : la Taupe, Yannick Vézina.
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Atalante à Montréal
Quand Atalante Québec est fondée, à l’été 2016, l’organisation s’appuie sur l’entourage du gang de rue Québec Stomper Crew, sur la fanbase du band Légitime Violence, et plus généralement sur le milieu bonehead qui est encore vivace dans la région de la Capitale, ce qui permet au projet de compter dès le départ sur l’appui de plusieurs dizaines de sympathisant-e-s.
À Montréal, la situation est tout autre : en 2016, il ne reste dans la métropole ni groupe organisé ni bande informelle sur laquelle s’appuyer. Les dernières tentatives de formalisation du milieu bonehead/néonazi, de la fin des années 2000 à la moitié des années 2010, comme Strike Force, Légion Nationale ou Troisième Voie, se sont tour à tour soldées par des échecs. Sous la pression antifasciste, de nombreux néonazis ont quitté la ville tandis que les autres ont tout simplement pris leur trou. Quant aux animateurs du groupe La Bannière Noire, à plusieurs égards un précurseur direct d’Atalante, ils n’ont jamais trouvé d’espace où enraciner leur projet et sont à leur tour tombés dans l’oubli vers 2014-2015.
En 2017, des rapprochements ont lieu avec les Soldiers of Odin de Montréal, fraîchement formés autour du bonehead Philipe Gendron. Le 25 novembre 2017, les SOO se déplacent à Québec et accompagnent Atalante et d’autres néonazis sur les remparts. Le 20 janvier 2018 une poignée de SOO et de sympathisant-e-s, dont le tristement célèbre Shawn Beauvais-MacDonald, participent à Montréal à une action de collage au nom d’Atalante. Les idiots se font bêtement identifier par leur propre ineptie.
Le 2 avril 2018, le rapprochement entre Atalante et les SOO est plus fort que jamais, puisque ces derniers participent en nombre à une commémoration à Québec. Mais en juillet 2018, les SOO sont mis en déroute par une série d’interventions ciblées dans la région de Montréal. Atalante Québec n’a plus la possibilité de compter sur un groupe allié déjà constitué dans la région métropolitaine. À partir de ce moment, l’organisation sait probablement qu’elle ne va pouvoir compter que sur ses propres moyens, et ceux-ci sont assez maigres.
À partir de 2018, un petit groupe se forme, composé entre autres de Shawn Beauvais-MacDonald et de Vincent Cyr. On retrouve dans leur périphérie plusieurs boneheads de la vieille école parmi les rares qui n’ont pas quitté Montréal (comme Francis Hamelin, Gabriel Drouin ou Dominic Cossette). Enfin, quelques fascistes français expatriés se joignent au groupe, c’est le cas d’un certain Charles Leclerc (aujourd’hui rapatrié en France) et du couple Quentin Pallavicini (alias « Jean Brunaldo ») et Lucie Mergnac (alias « Chloé Fleuri »). On voit rapidement cette petite bande participer aux activités d’Atalante Québec (formations, sorties en forêt, évènement sociaux, etc.) et tenter d’investir les rues montréalaises.
- Le 28 avril 2018, quelques militants distribuent pour une première fois des sacs à lunch au centre-ville de Montréal, reprenant ainsi le mode d’action de charité sélective qui sert principalement aux néofascistes à redorer leur image.
- Un mois plus tard, le 23 mai 2018, une demi-douzaine de militants de Montréal et de Québec font irruption dans les locaux de Vice, dont Shawn Beauvais-MacDonald et Quentin Pallavicini.
- Le 28 juillet 2018, de nombreux militant-e-s de Québec descendent une fin de semaine à Montréal pour une de leur plus grosse démonstration de force. Ils sont une trentaine à distribuer des sandwichs en après-midi dans le Quartier latin, et quelques-un-e-s se retrouvent le soir dans une taverne d’Hochelaga après une action de collage.
- Le 9 février 2019, une petite équipe distribue à nouveau des sandwichs au centre-ville de Montréal.
- Le 15 juillet 2019, nouvelle présence inportante à Montréal.
- Le 30 septembre 2019, nouvelle distribution par le groupe de Montréal dans le Quartier latin et le Village. Ils posent devant la station Berri et tentent d’intimider des clients du bar L’Escalier, sans grand succès.
- À cela s’ajoute quelques affichages de bannières en 2019 et 2020, surtout dans l’est de Montréal et au croisement de l’autoroute 15 et du boulevard Crémazie. Le dernier collage survient le 13 septembre 2020, seule activité observable d’Atalante dans la région métropolitaine durant la pandémie.
Comme on peut le constater sur la page Facebook d’Atalante et sur les médias sociaux de ses membres, loin des sorties très régulières du groupe de Québec, l’équipe de Montréal sort bien plus rarement, et communique encore moins.
En septembre 2019, nouveau coup dur : Shawn Beauvais-MacDonald et Vincent-Cyr sont visés, parmi d’autres, par l’article Chasser Atalante : pour qui travaillent les fachos, qui dévoile leurs emplois.
Shawn Beauvais-MacDonald semble prendre ses distances du groupe, vraisemblablement pour réduire les chances que sa réputation pourrie n’embarrasse Raphaël Lévesque, dont le procès pour l’irruption dans les bureaux de Vice est prévu pour décembre 2019.
À la même époque, des antifascistes distribuent des pamphlets dans son quartier et à l’école de métier où il est (brièvement) inscrit. Vincent Cyr, lui aussi, apparaît de moins en moins sur les photos de groupe d’Atalante. Des affiches sont régulièrement apposées autour de la Fruiterie Milano, dans le quartier Jean-Talon, où il occupe (toujours) un emploi de boucher, et des tracts sont distribués dans le quartier de la ville de Varennes où il réside.
À l’inverse, Quentin Pallavicini se rapproche de plus en plus du noyau dur de Québec, dont l’activité sociale est rigoureusement documentée par Roxanne Baron sur Instagram!
Qui est Quentin Pallavicini?
Quentin Pallavicini (né le 16 novembre 1994) et Lucie Mergnac arrivent au Québec en janvier 2017. Ils vivent quelques mois à Montréal avant de s’installer à Laval.
Lui arrive de la région parisienne; il est plombier de formation et on retrouve sa trace dès l’adolescence au sein d’une bande de jeunes boneheads gravitant autour du KOP of Boulogne (supporters du Paris St-German [PSG], réputés pour leur racisme, leur homophobie et leur ultraviolence), des Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR) et de Troisième Voie, un groupuscule de la mouvance « nationaliste révolutionnaire » organisé autour de la figure emblématique de Serge Ayoub. Troisième Voie a été dissoute en 2013 suite au meurtre de Clément Méric par des boneheads des JNR.
Proche de Samuel Dufour, le meurtrier de Clément Méric, Quentin Pallavicini s’exile au Québec, peut-être pour échapper à un climat trop pesant. Dès son arrivée au Québec, il semble prendre contact avec Atalante et entamer un véritable Canadian Dream.
Amoureux des voitures, Pallavicini acquiert et revend plusieurs VUS, et devient pour un temps une espèce de chauffeur attitré d’Atalante. Néonazi assumé et provocateur, il vit sa meilleure vie au sein du microcosme néonazi québécois.
De Jean+Chloé à Quentin+Lucie
Depuis leur arrivée au Québec, Quentin et Lucie cachent leur identité sous des pseudonymes. Si l’identité de Lucie est rapidement découverte, Quentin reste plus longtemps dans l’anonymat.
C’est grâce à Lucie que nous avons un premier indice du prénom de son chum, sur le forum de service à la clientèle d’une compagnie de service téléphonique, alors que le couple cherche à obtenir ses codes RIO (relevé d’identité opérateur) afin de conserver ses numéros de téléphone français à son arrivée au Québec. Un certain « Quentin P. » reprend textuellement le même message que « Lucie Mergnac », et fournit une adresse courriel partiellement cachée. L’indiscrétion d’un membre de sa famille nous fournit un nom : Pallavicini. Une recherche rapide confirme alors que nous avons trouvé notre faf.
Cette même adresse courriel est utilisée en juillet 2020 pour des annonces de vente de voitures en Nouvelle-Calédonie (il est possible que Quentin y ait passé une partie du premier confinement), annonces qui sont reproduites sur un groupe Facebook de Nouvelle-Calédonie… avec le compte Facebook Jean Brunaldo. La boucle est donc bouclée.
La découverte de cette adresse courriel est plutôt révélatrice : on y découvre le portrait d’un jeune français désagréable et réactionnaire. Aucun point pour l’originalité, ici…
De plus, l’activité de son compte Gmail révèle qu’à l’hiver 2019, Pallavicini a visité le bar Cutty Sark et le salon de tatouage Roma Classic, à Rome, deux commerces notoirement rattachés à CasaPound, le groupuscule néofasciste révolutionnaire italien avec lequel Atalante entretient des liens étroits. Le timing correspond précisément au voyage de plusieurs militant-e-s d’Atalante en Italie, en janvier 2019…
D’autres indices issus de son compte Instagram (aujourd’hui fermé) nous ont permis de retrouver assez facilement son logement dans le secteur Chomedey de Laval.
Si vous reconnaissez Quentin Pallavicini ou Lucie Mergnac, que vous souhaitez participer à l’effort collectif antifasciste et nous partager des renseignements, écrivez-nous à alerta-mtl(a)riseup.net.
En conclusion
Nous venons de brosser le portrait d’un militant d’Atalante Québec très actif pour un temps dans la région de Montréal. N’en déplaise à Alexandre Cormier Denis, les immigrants français ne sont pas tous, hélas, de « salles gauchistes ». Loin de là! Il y a en tout cas une bonne poignée de Français dans l’entourage immédiat des néofascistes d’Atalante.
En conclusion, quelques questions se posent : si nous avons de bonnes raisons de croire que Quentin Pallavicini réside toujours au Québec, nous n’avons pas pu l’identifier formellement dans les actions d’Atalante depuis le début de la pandémie de COVID-19. Il se servira peut-être de l’inactivité du groupe dans la région métropolitaine au cours de la dernière année pour se défendre d’en faire encore partie. Est-il toujours un néonazi assumé et un raciste invétéré? Sans le moindre doute. Militant fasciste depuis l’adolescence, passé par les pires organisations nationaliste-révolutionnaires en France et au Québec, on peut malheureusement douter que ses idées toxiques l’abandonnent un jour…